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Poésie

Philippe Jaccottet, Œuvres en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Philippe Jaccottet, Œuvres, préface de Fabio Pusterla, édition établie par José-Flore Tappy, avec Hervé Ferrage, Doris Jakubec…, février 2014, LXXXIII-1626 pages, 59 € . Ecrivain(s): Philippe Jaccottet Edition: La Pléiade Gallimard

 

La poésie et la prose de Jaccottet s’enquièrent du don avec quoi se confond la vie, lorsque les yeux sont désembués.

Ce don, ce peut être un arbre, simplement.

« Le don, inattendu, d’un arbre éclairé par le soleil bas de la fin de l’automne ; comme quand une bougie est allumée dans une chambre qui s’assombrit » (Ce peu de bruits).

Et pour que ce don soit, pour que cela soit sur la page, dans sa saveur originelle, pour que la page soit ce qui accueille, nulle didactique, jamais. Les mots sont tout juste ce qui effleure. Les pages de Jaccottet sont constituées de « paroles cédées au vent, dorées elles aussi par la lumière du soir. Même si les a écrites une main tavelée ».

La Confession d’un voyou suivi de Pougatcheff, Sergueï Essenine

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 16 Septembre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, L'Âge d'Homme

La Confession d’un voyou (1921) suivi de Pougatcheff (1921)traduit du russe par Marie Miloslawsky et Franz Hellens, préface de Franz Hellens . Ecrivain(s): Sergueï Essenine Edition: L'Âge d'Homme

Sergueï Essenine fait partie de ces poètes russes dont le lyrisme enflamme et illumine nos représentations – plus ou moins imaginaires – de l’enthousiasme révolutionnaire d’octobre 17, l’exaltation politique et artistique que l’on aime y découvrir. Une Révolution qui consuma aussi les poètes, musiciens, cinéastes, peintres dont elle avait elle-même fait ses icônes. Pour la poésie, son nom brille aux cotés de ceux d’Anna Akhmatova et de Vladimir Maïakovski. Au-delà de la légende qui nimbe pour beaucoup d’entre nous ces poètes à la fois adulés et maudits, de leur vivant même, quelques traducteurs nous permettent de découvrir vraiment leur œuvre.

Il faut dire que Sergueï Essenine, mort à tout juste 30 ans, rassemble bien des éléments de la mythologie du « Poète » : une œuvre inscrite dans l’histoire de son temps, une vie qui semble vouée toute entière à l’œuvre et qui n’aura pas le temps de s’épuiser dans les honneurs ou l’oubli. Né dans les dernières années du XIXe siècle, sont œuvre s’affirme au moment même où la Révolution prend son essor. Il côtoiera quelques-unes des grandes figures cosmopolites de l’époque (il fut brièvement le mari d’Isadora Duncan lorsque celle-ci vint dans la toute jeune Union Soviétique) et sa vie s’achèvera par un suicide plus ou moins suspect.

Chroniques du diable consolateur, Yann Bourven

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 16 Septembre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Chroniques du diable consolateur, Ed. Sulliver, septembre 2013, 110 pages, 11 € . Ecrivain(s): Yann Bourven

 

Les Chroniques du diable consolateur est un monologue du Bourven, l’auteur, qui s’adresse ici à sa compagne de malfortune : « Je nous vois cernés et haletant dans ce grand lit, Inhès ». Inhès aux adorables petites fesses. Un monologue poétique tout sauf monotone, qui prend sa source dans la chambre et le quotidien d’un couple, artiste, rsa, taf alimentaire, galère… dans Paris, or si la poésie a souvent pour fonction de transfigurer, ici c’est une transfiguration inversée, vers la face obscure.

En effet, ce récit se place sous le signe des Ombres et de la lune avorteuse, des nuits insomniaques et des sommeils bavards. Les Chroniques du diable consolateur sont le livre des terreurs nocturnes mais aussi celui de la fureur, où l’auteur enchaîne des textes-spasmes, oniriques et hallucinés qui parlent de la Réalité-nuit (saturée d’Ombres perverses), entre bad-trip et delirium tremens, pour exorciser une Réalité-jour, bien pire encore. Réalité-jour que l’on me tend et que l’on voudrait m’imposer par la force où même les campagnes sont tristes, jonchées de cadavres de chevaux, de vaches et de vieillards aux dos tout tordus.

C’est pourquoi voler, Laurent Mourey

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 12 Septembre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

C’est pourquoi voler, Laurent Mourey, Contre-allées, collection Lampe de poche, juin 2014, 5 €

 

C’est pourquoi voler, Laurent Mourey, Contre-allées, collection Lampe de poche, juin 2014, 5 €

 

Poursuivant son chemin de poèmes, depuis D’un œil, le monde (L’Atelier du grand Tétras, 2012), Laurent Mourey fait se tendre la douceur, la délicatesse d’un moment d’intime bouleversement, avec les mots qu’il fait se succéder sur la page, doucement succéder, pour que monte une résonance (monte tendrement) : pour que la musique nous trouve, et nous trouble. Nous trouve et nous cherche : continue de nous chercher, alors qu’elle nous a trouvé. Nous cherche inlassablement, pour que nous soyons à jamais ce qui jamais ne pourra être trouvé. Car être, pour l’auteur, c’est être en secret, bien qu’à la vue de tous. Et se tenir avec son secret, comme des pierres, au fond de l’eau.

Laurent Mourey fait se succéder les mots sur la page pour que le blanc fasse, pour que le blanc soit. Et que tout résonne au-dedans : au-dedans du blanc, au-dedans de nous.

Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 01 Septembre 2014. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les Temples de l’Oubli, Poèmes assortis de Photographies de l’auteur, éditions Couleurs de rimes, 43 p. 8 € . Ecrivain(s): Christian Amstatt

 

Si la porte d’Apollon ouvre Les Temples de l’Oubli, en première de couverture et en lieu de photographie prise par l’auteur lui-même

Si la porte d’Apollon ouvre ce recueil – on se dit que la déesse grecque de la Mémoire et mère des Muses, Mnémosyne, doit elle aussi veiller sur ces temples tant,

Ici, la Mémoire & la Poésie se touchent.

Et nous touchent,

jusqu’à éveiller ou réveiller des souvenirs telles des pierres levées sous les pas en connaissance, ou non, du pays ici chanté.

Dans Les Temples de l’Oubli, Christian Amstatt nous parle d’un pays d’éternité, en l’occurrence de la Grèce, dont le prologue dessine d’emblée le visage poétique ou le fait réapparaître : « (…) on sait que notre poésie plonge ses racines au plus profond de la Grèce antique – d’ailleurs le mot de poésie vient du grec Poiésis qui signifie créer, fabriquer… »