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Les Livres

Journal des canyons, Arnaud Devillard

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 19 Avril 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Le Mot et le Reste

Journal des canyons, 29/03/2012, 245 p. 18 € . Ecrivain(s): Arnaud Devillard Edition: Le Mot et le Reste

 

 

C’est en 2008 qu’Arnaud Devillard – et Cécile – partent en touristes dans les fantastiques paysages désertiques des États-Unis, dans les pas d’Edward Abbey (1927-1989), personnage emblématique et contestataire, le plus célèbre des écrivains écologistes de l’Ouest américain, auteur notamment en 1968 de Désert solitaire. Le Journal des canyons est le récit de ce voyage : Arnaud Devillard nous raconte simplement, au jour le jour, comment ça s’est passé. Un récit assez marrant, mais qui finit par donner un sentiment un peu tragique, par (me) mettre mal à l’aise : qu’est-ce que c’est que ce cauchemar ? Comment pouvons-nous nous faire piéger ainsi ? Comment faire ? Comment ne pas avoir envie d’aller voir ce qui est présenté – et qui est sans doute réellement – comme des merveilles de la nature ? Le problème c’est que tout le monde détient la même information, part avec le même besoin plus ou moins créé, le même guide, le même créneau dans le temps. Et qu’à l’autre bout les vautours attendent de pied ferme la masse – la manne – des touristes. Et que ça devient un enfer.

Je, tu, il, Valère Novarina

Ecrit par Didier Ayres , le Dimanche, 15 Avril 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Théâtre, Arfuyen

Je, tu, il, editions Arfuyen 2012. 10 € . Ecrivain(s): Valère Novarina Edition: Arfuyen

La lecture de Je, tu, il a été tout de suite envahie par deux choses extérieures - tel que Michaux l'écrit si bien : Je cherche un être à envahir. Deux choses donc, le Relief à l'assiette de Jean Pougny (Ivan Puni, 1884/1956), et  le chapitre 1 de Matthieu. Pour la première occurrence, c'est sans doute à cause de la proximité de ce tableau et de la Danseuse de Jean Arp (1886/1966), dans un catalogue d'art moderne. Car il va d'évidence que l'univers plastique du livre avec des répliques comme : "Nous mangeons le carré, le triangle, le cercle et sa courbe, et nous mangeons le point" a un rapport avec Arp. Mais cet univers semble entretenir aussi une relation significative avec le tableau de Pougny, qui représente une assiette, sorte d'auréole blanche cerclée de vert amande en relief, accrochée sur un bois de tilleul sienne rouge, sorte de repas dernier ou encore de croix, de Cène ou de Golgotha.

En second lieu, la deuxième chose forte qui vient à l'esprit, et à diverses reprises au cours de la lecture, c'est la ressemblance assez vive avec l'énumération du chapitre 1 de Matthieu, où l'évangéliste décline l'identité du Christ depuis la genèse. C'est en fait un nom qui engendre un autre nom. Cela permet de voir aussi dans ce texte de Valère Novarina le corps, l'animal, la forme géométrique, des angles, l'intérieur de l'humain, des bouches, Isaac et Abraham, et diverses épithètes, dont il faudrait sans doute dresser la liste - on sait d'ailleurs que l'écriture a été inventée pour énumérer (et qu'elle a accompagné le développement d'une nouvelle zone du cortex cérébral).

Espiritu Pampa - Sur les chemins des Andes, Sébastien Jallade

Ecrit par Lionel Bedin , le Samedi, 14 Avril 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits

Espíritu pampa - Sur les chemins des Andes, Éditions Transboréal, mars 2012, 180 p. 20,90 € . Ecrivain(s): Sébastien Jallade


C’est quoi les Andes ? « Un territoire inaccessible ? » « Un enchevêtrement de couleurs sans orgueil » ? « Tout se ressemble : une vallée, puis une autre, un écheveau de montagnes si monotone qu’il m’empêche de trouver mon chemin ». C’est pour essayer de répondre à ces questions, de comprendre, que Sébastien Jallade nous propose un incroyable périple dans Espíritu pampa - Sur les chemins des Andes. « Marcher sur la grande route inca en ignorant le temps présent n’aurait aucun sens ». Marcher sur le Qhapaq Ňan – nom quechua signifiant « chemin royal » souvent traduit par le Chemin de l’Inca – en ignorant qu’il fut un « axe majeur d’autres enjeux, ceux de la conquête espagnole et des premières tentatives d’évangélisation » n’aurait évidemment pas plus de sens. Le Chemin de l’Inca fut un axe essentiel de l’économie et de la politique de l’Empire Inca. Qu’est-ce qui existait avant cette conquête – dans le quotidien, mais aussi dans l’imaginaire ; quelles sont les croyances qui ont façonné ce Nouveau Monde ? Qu’est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? Est-il possible de parvenir à un « syncrétisme » en parcourant ces chemins ? Est-ce souhaitable ?

Nuage de cendre (Men at Axlir), Dominic Cooper (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 10 Avril 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Métailié

Nuage de cendre. Trad. De l’anglais (Ecosse) par Céline Schwaller. Mars 2012. 235 p. 19 € . Ecrivain(s): Dominic Cooper Edition: Métailié

Noir, noir, noir. Comme le nuage de cendre qui a survolé l’Europe il y a peu, venu du volcan Eyjafjallajokull ou Grimsvötn d’Islande. Ce livre nous transporte dans un univers d’obscurité. D’obscurantisme. Il constitue à sa manière un renouement avec la tradition du roman gothique.

Terrifiant.

D’abord par le cadre – spatial et temporel. Nous sommes en Islande au XVIIIème siècle. Hivers meurtriers, pauvreté ravageante des campagnes, épidémies létales, nature violente scandée par les tempêtes de neige, de glace ou les éruptions volcaniques destructrices.

Dominic Cooper nous rapporte – à travers « l’affaire de Sunnefa Jonsdottir » - L’histoire d’une haine mortelle entre deux hommes, tous deux représentants de la « loi », shérifs, et dont la haine réciproque sera léguée à leurs fils jusqu’aux extrémités finales.

Il peut arriver au récit de lâcher un peu l’intérêt de la lecture, l’histoire étant si sombre et parfois si complexe. Mais, en fin de compte, le livre n’est pas là ! Il est en deux espaces bien plus importants et qui eux ne nous lâchent jamais.

Mémoires du serpent, Michel Host

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 10 Avril 2012. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Hermann

Mémoires du serpent, 2010, 170 pages, 22 € . Ecrivain(s): Michel Host Edition: Hermann


Dans ces Mémoires du Serpent, on y entre et on y plonge même, avec un plaisir quasi enfantin, et il s’agit bien de cela, d’une fable fantaisiste et ludique, mais néanmoins pleine de fond et de sens. Ces Mémoires du Serpent ne sont rien de moins que la véritable histoire de la Genèse, narrée par celui qui en fut le maître d’œuvre, connu sous le nom de Satan et bien d’autres noms encore plus ou moins désobligeants, et à côté de laquelle la version de la Bible fait figure de mauvaise et lugubre plaisanterie.

« Pourquoi ne m’ont-ils pas reconnu, moi leur créateur, si visible, à leurs pieds parmi les herbes, dans les trous de la terre, ou sous leurs yeux dans les branches des arbres ? Mon nom est Heywa. Je suis l’envers et l’endroit, je suis la vie riante et belle, la vie sombre et laide, je suis le commencement et la fin, le serpent coloré qui aime à dérouler ses anneaux dans les ténèbres et dans la lumière ».