Identification

La Une Livres

La personne et le sacré, Simone Weil

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 23 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Rivages poche

La personne et le sacré, avril 2017, préface de Giorgio Agamben, 96 pages, 6 € . Ecrivain(s): Simone Weil Edition: Rivages poche

 

Simone Weil, dans cet extraordinaire opuscule, nous fait d’abord comprendre que l’effort qu’elle attend de nous ne sera pas essentiellement d’intelligence :

« Un homme intelligent et fier de son intelligence ressemble à un condamné qui serait fier d’avoir une grande cellule » (p.67-8).

C’est ensuite qu’elle y dégomme, sans appel et périlleusement le cœur même de notre exigence occidentale d’humanité, les droits démocratiques de la personne humaine.

« Mettre dans la bouche des malheureux des mots qui appartiennent à la région moyenne des valeurs, tels que démocratie, droit ou personne, c’est leur faire un présent qui n’est susceptible de leur amener aucun bien et qui leur fait inévitablement beaucoup de mal » (p.60).

Elle laisse d’ailleurs aux malheureux peu de marge d’illusions utiles sur eux-mêmes :

Vie de David Hockney, Catherine Cusset

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 23 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Gallimard, Arts

Vie de David Hockney, janvier 2018, 192 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Catherine Cusset Edition: Gallimard

 

« Peins ce qui compte pour toi », telle est la devise de David Hockney depuis que son ami du Collège royal Ron Kitay lui a donné cet excellent conseil, l’amenant à puiser son inspiration dans ses ressources intérieures au moins autant que dans le monde qui l’entoure. Ce qui caractérise David Hockney, c’est cette gourmandise, cet appétit de la vie qui l’étreint, cette curiosité, cette envie irrépressible de connaître et d’expérimenter. Au fond de lui bouillonne un tempérament passionné et rebelle qui le pousse à s’éloigner des sentiers battus, mais pas au point de refuser les témoignages de confiance, d’amour et de reconnaissance.

Expositions et rétrospectives s’enchaînent alors qu’il n’a pas atteint la quarantaine. Chance, hasard, heureux concours de circonstances, mais aussi travail acharné, énergie et puissance ? La carrière de David Hockney est semée de réussites : c’est le parti-pris de romancière de Catherine Cusset, qui rédige un éloge de l’artiste, en même temps qu’un roman historique contemporain, inspiré et nourri de ses nombreuses lectures et de visionnages de films, un roman dont elle réinvente les passages lacunaires et névralgiques, donne vie aux dialogues, décrit des scènes.

Dans l’Utérus du volcan, Andrea Genovese

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 23 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Maurice Nadeau

Dans l’Utérus du volcan, janvier 2018, 220 pages, 19 € . Ecrivain(s): Andrea Genovese Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Vanni, Sicilien d’origine établi à Lyon, est invité dans sa ville natale pour y recevoir le Grand Prix de Poésie Chrétienne qui lui a été décerné par le Parrain de la Mafia locale Lorenzo Ferella, lequel a créé ce prix, accompagné d’un chèque de dix millions de lires, en hommage à son père poète Gaetano Ferella, pour afficher le côté « respectable » et « cultivé » de son statut de notable.

Dès son arrivée, Vanni, qu’accompagne son épouse lyonnaise Louise, est pris à la fois dans la nasse de ses souvenirs d’enfance, dans la trame de ses relations avec sa famille et ses amis d’avant, et dans les mailles du réseau de Ferella, qui se débarrasse de sa splendide maîtresse Lillina dont il s’est lassé en l’envoyant au poète en guise de cadeau de bienvenue en supplément au prix de poésie. Dans le même temps, Roberto Meruli, un comparse du patron mafiosi, est chargé de sonder Vanni pour d’éventuelles « affaires » à monter dans la région lyonnaise.

Prochainement, Aphrodite !, Willa Cather

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman

Prochainement, Aphrodite !, Ed. Ombres, mars 2018, trad. américain et présentation, Sylvie Rozenker, 94 pages, 9 € . Ecrivain(s): Willa Cather

 

C’est un tout petit livre – une longue nouvelle – qu’on peut avaler en une heure. Mais c’est l’heure délicieuse ! Willa Cather nous a habitués à ses portraits de femmes étincelants – Mon Antonia, mon ennemi mortel, Lucy Gayheart – et, derrière le sympathique Don Hedger, artiste peintre new-yorkais, c’est bien encore une femme exceptionnelle qui se dessine hautement. Eden Bower, artiste débutante, va débarquer dans la vie du très (trop ?) tranquille Don. Elle va occuper l’appartement mitoyen du sien et, peu à peu mais à coup sûr, occuper aussi l’esprit et le cœur du bonhomme. Du bonhomme et de son chien César, aussi « père peinard » que son maître.

Eden est une belle femme, blonde, grande, et qui se pose un peu là ! Une femme au caractère bien trempé, autoritaire, très sûre d’elle-même, ambitieuse, et voilà notre peintre bien empêtré dans une relation de flirt qui tourne à l’affaire amoureuse. Il subit – avec plaisir néanmoins – les diktats de son amoureuse, allant parfois jusqu’à laisser César à la maison quand ils sortent dîner en tête-à-tête. Impensable !

Les oiseaux morts de l’Amérique, Christian Garcin

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Actes Sud

Les oiseaux morts de l’Amérique, janvier 2018, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Actes Sud

 

L’époque : de nos jours, avec beaucoup de retours en arrière. Le lieu : Las Vegas. Un peu en ville, sur le Strip et dans quelques rues adjacentes, mais surtout à la périphérie, vers les terrains vagues, entre autoroutes et pistes cyclables, motels miteux et collecteurs d’eau de pluie. C’est dans ces tunnels de béton que vivent quelques personnes, en marge. Parce que la vie les a amenés là. Un point commun à la plupart des protagonistes de ce roman : ils ont participé à une guerre. Hoyt est un vétéran du Vietnam. Il a 75 ans. Il cohabite avec d’autres anciens soldats d’Irak ou d’Afghanistan. Des guerres d’où ils sont revenus, avec des souvenirs atroces, traumatisés. Des souvenirs vivaces ou oubliés, ou refoulés. Ils vivent là, entre leurs souvenirs et une réalité somme toute assez tranquille : échanger quelques vannes plus ou moins philosophiques, faire la manche en ville, boire un café, dormir… et évacuer vite fait quand il pleut et que les collecteurs se remplissent d’eau.