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La Une CED

Rien que l’amour, Poésies complètes, Lucien Becker (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 13 Mai 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Rien que l’amour, Poésies complètes, Lucien Becker, La Table ronde, mars 2019, 448 pages, 10,50 €

 

Nature de l’obsession, obsession de la nature

Devant l’œuvre complète d’un poète, bien souvent je suis l’évolution de la forme poétique – par exemple, dans le cas de Rilke où je voyais au fur et à mesure de ma lecture que le poète tendait vers son œuvre magistrale, arrivée à la toute fin de sa vie – pour en déduire le climax et le moment d’apothéose, quelque chose comme le moment sublime. Ici, tout est donné dès la première strophe. On y voit la densité et le chant de Becker et on entame ainsi une découverte très ordonnée, très corsetée. Et cette célérité à définir un cadre de quatre vers par strophe, d’aller de strophe en strophe jusqu’à la fin de l’ouvrage – lequel se conclut sur des poèmes posthumes ou inédits qui font état de textes non conformes au rythme des quatre vers par strophe –, est un exercice unique. Je comparerais cette monomanie à celle des sonates de Domenico Scarlatti, qui, comme on le sait, a écrit durant sa vie plus de cinq cents sonates, à l’exclusion presque totale d’autres formes musicales.

L’Âme du corbeau blanc, Jean Claude Bologne (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 10 Mai 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

L’Âme du corbeau blanc, Jean Claude Bologne, Éditions MaelstrÖm reEvolution, février 2019, 288 pages, 18 €

 

 

« D’où tient-elle ce mot qu’il n’a jamais entendu ? “Dieu” est un mot d’avant… »

« Vous seuls pouvez bâtir un lieu qui vous ressemble. C’est pour cela que nous n’avons rien voulu vous apprendre, et surtout pas le monde ancien ».

« … et si le monde retrouve le chemin du paradis perdu ».

« … le Texte… Maurine et moi avons compris dans l’oratoire des adultes qu’il décalquait un livre plus ancien ?… »

Jean Claude Bologne

 

Mondes avec solutions de continuité

À propos de Comment j’ai raté ma vie, Bertrand Santini, Bertrand Gatignol (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 10 Mai 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Jeunesse

Comment j’ai raté ma vie, Bertrand Santini, Bertrand Gatignol, Grasset Jeunesse, avril 2019, 48 pages, 12,50 €

 

 

Brève histoire d’un perdant

L’album intitulé Comment j’ai raté ma vie, conçu par les auteurs, illustrateurs et scénaristes, Bertrand Santini et Bertrand Gatignol, se présente comme un carnet de croquis luxueux, au format original de 22x16,7 cm. Ce livre-jeunesse relate l’enfance assez solitaire – pour ne pas dire triste – d’un garçonnet que l’on voit passer à l’âge adulte. Le ton est décalé et caustique. Le titre Comment j’ai raté ma vie, suivi d’un avertissement « ou comment ne pas rater la vôtre », annonce le caractère général de ce petit traité de philosophie, si je puis dire. Les monologues se situent plus près des tankas occidentaux que des répliques des phylactères de bandes dessinées.

Entretien avec Juan Asensio (mené par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Mai 2019. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

La Cause Littéraire :

Malgré sa réputation de virulence, que vous entretenez savamment, Stalker est devenu un incontestable lieu français de la littérature. On s’y agace parfois, souvent on s’y enthousiasme, mais toujours on s’y nourrit grâce à l’intelligence et l’érudition de ses articles. Pouvez-vous nous tracer sommairement l’histoire de ce blog, son origine, ses choix éditoriaux ?

 

Juan Asensio :

Ce blog, je l’ai évoqué plusieurs fois, est né dans la salle des marchés d’une société de Bourse filiale d’une grande banque, en mars 2004. C’est alors qu’éclata l’affaire Dantec : la presse de gauche, pour résumer, tomba sur le romancier comme une frétillante troupe de rats affamés, lui reprochant d’avoir osé discuter (via des échanges de courriers électroniques, a priori privés) avec le Bloc identitaire.

Trois pièces, Marie Ndiaye (par Nathalie de Courson)

Ecrit par Nathalie de Courson , le Mardi, 07 Mai 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Théâtre

Trois pièces, Marie Ndiaye, Gallimard, avril 2019, 151 pages, 18 €

 

Le théâtre permet à Marie Ndiaye d’accéder directement à ce qui l’intéresse : la mise à nu de relations humaines inquiétantes dans une langue d’une majestueuse étrangeté. Les trois pièces rassemblées dans ce volume ne manquent pas de développer les thèmes chers à l’écrivaine : la solitude des êtres dans leur quête, l’impossible transmission d’une génération à l’autre, l’obscur désir de se soumettre ou de soumettre un autre.

Délivrance, créée en 2016 (1) est la plus « littéraire » des trois, au sens où tout le drame se dit et se joue dans un monologue épistolaire sans didascalies. Un homme travaillant au consulat d’un pays froid et lointain écrit neuf lettres à « Ma chérie », sa femme restée au pays :

Tu peux être tranquille à présent, et tu peux dire à notre enfant : sois tranquille, et je te demande aussi d’aller voir mes parents dès que possible et de leur dire : soyez tranquilles, grâce à Dieu.