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Côté actualité

La théorie du complot : un banc public pour faire asseoir les peuples

Ecrit par Kamel Daoud , le Mercredi, 08 Avril 2015. , dans Côté actualité, Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Un autre ciel, un autre jour. Le fleuve le plus long du monde est Internet. Il coule hors du temps, d’un méridien à l’autre, gambadant sur les créneaux et les insomnies. De quoi y parle-t-on chez nous dans nos têtes ? du complot. Cette vaste théorie qui permet de ne rien faire, de juger le monde sans se juger, de parler pour ne rien dire et dire pour ne rien faire et accuser sans s’accuser et s’expliquer sans agir. La théorie du complot est la théorie favorite du monde dit « arabe », partout, depuis quelque temps. Tout ce qui se passe et se passera, selon les « complotophiles », est l’œuvre du sombre juif, du sionisme mondial, de l’Occident, des ennemis de l’islam ou du Club universel occulte, des forces noires, des enfants de De Gaulle, de la CIA. Rien n’est notre faute à nous qui tuons nos terres par nos mains et nos crachats. Nous sommes tous manipulés et notre intelligence se limite à le signaler tout le temps au lieu d’en changer l’état. Car le théoricien de la « manipulation » ne fait rien contre la « manipulation » sauf répéter que c’est une manipulation. C’est une règle.

Tunisie des lumières : Haddad, Masika, Ben Achour, Bourguiba...

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 07 Avril 2015. , dans Côté actualité, Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Avec une superficie 14 fois plus petite que celle de l’Algérie, 10 fois plus petite que celle de la Libye et deux fois et demi moins que celle du Maroc… la Tunisie est un grand pays. Une terre faite de songes et de symboles. Un pays est grand, non pas par son immensité géographique ou par le nombre de têtes de sa population, mais par le génie de ses habitants. Par l’intelligence approuvée à travers son Histoire par ses élites politiques, culturelles et religieuses éclairées, la Tunisie fait partie de ces pays des grands. La Tunisie est le pays du « vivre ensemble ». D’hospitalité. De parfum de vie. De respect de l’autre. De différence.

En guise d’une leçon immortelle, l’histoire de la musique, du théâtre et de la résistance culturelle des années trente, a inscrit en lettres d’or le nom de Habiba Msika (1903-1930), artiste tunisienne juive. Elle était aimée jusqu’à l’adoration par tous les citoyens tunisiens, toutes religions confondues. Sa mort tragique, tuée par un amant jaloux, un juif tunisien, a mis tout le pays dans la tristesse et la peine. En signe de respect, image forte de la culture de la citoyenneté, le jour de son enterrement, les Tunisiens en foules étonnantes, ont accompagné son cercueil vers sa demeure dernière. Ont prié sur son âme. La citoyenneté avant la religiosité est le principe fondateur de la personnalité tunisienne. Précocement, l’enterrement de Msika fut un barrage contre toute culture d’exclusion, de xénophobie ou d’inquisition.

Souffles - Pourquoi les salafistes algériens ont marché sur Alger ?

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 25 Mars 2015. , dans Côté actualité, Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Parce que l’islam d’aujourd’hui a été vidé de toutes cultures universelles, le musulman, le bon croyant, à son tour, s’est trouvé conditionné, automate. C’est triste mais c’est la réalité amère. Pourquoi est-ce que les salafistes algériens sont-ils sortis coléreux et en force, cette semaine, dans les rues d’Alger ?

Serait-ce pour dénoncer les injustices sociales ? Non.

Pour réclamer l’augmentation des salaires ? Mais non !

Pour dire non à l’exploitation du gaz de schiste ? Pas du tout.

Pour dénoncer la mauvaise et louche distribution des logements sociaux ? Ceci n’est pas important à leurs yeux.

Pour dénoncer la corruption qui gangrène l’économie algérienne ? Ceci, à leurs yeux, relève d’el-mektoub, du Ciel.

Contre les « caricatures » et pas contre Daech ?

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 17 Mars 2015. , dans Côté actualité, Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Qui a vu la vidéo du pilote jordanien brûlé vif dans une cage ? Peu. Beaucoup. A peine quelques secondes. Intolérables images. A quelle limite va s’arrêter l’horreur voulue et élaborée de Daech ? Mais l’autre question est : pourquoi tant de gens se mobilisent quand l’Occident est accusé de porter atteinte à l’islam et que l’on ne fait rien contre Daech qui massacre cette religion, son sens, les siens et son sang ?

Pourquoi « je suis Charlie » semble plus choquant pour certains que la vidéo de ce pilote brûlé vif ? Pourquoi on pense que l’Occident menace l’islam et les musulmans plus que ces monstres avec leur drapeau noir et leurs méthodes de barbares ? Pourquoi une caricature semble porter atteinte à l’islam aux yeux de certains et pas un « Savant » pédophile en Arabie Saoudite, un vendeur d’esclaves femmes kurdes chez Daech ou un revendeur d’écolières à 20 dollars au profit de Boko harem ?

On connaît tous la réponse du côté Sud du turban : l’occident est un complexe dans nos âmes et sa haine explique nos replis et masque nos lâchetés. Ce n’est pas l’islam qu’il s’agit de défendre pour beaucoup d’entre nous, mais nos détestations et nos infériorités. Sinon, rien n’explique pourquoi vendre des fillettes par Boko harem provoque moins d’émeutes, de manifestations et d’hystérie que des caricatures ou qu’un pasteur américain fou qui brûle une page du Coran.

Je suis Kurde !

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 24 Février 2015. , dans Côté actualité, Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Souffles…

 

La fierté est kurde. Le courage aussi. J’ai toujours adoré la littérature kurde, la musique et la nature pittoresque. Quand j’ai lu il y a de cela quelques mois Foukahaou adhalam (Fekihs de l’obscurité) ou Hiyyaj el-iwaz (Furie des oies), deux romans de Salim Barakat, je me suis demandé : d’où puisent-ils ces écrivains kurdes leurs forces et leur magie des mots, leur courage inégalé ?

Aujourd’hui, avec ce qui se passe en terre des Kurdes et sur ses frontières arabes, j’ai parfaitement compris le génie de ce peuple forgé dans la tragédie historique. Cette belle littérature tire son secret de la femme et de l’amertume de sa tragédie historique.

Kobané, plutôt le combat dans cette ville extraordinaire, nous a bien expliqué, nous a bien indiqué l’origine de ce feu sacré qui alimente la littérature kurde. Le combat de Kobané est une leçon pour Arabes, pour Turcs et pour les Iraniens qui perpétuent dans leur mépris envers les Kurdes. Qui continuent dans l’exclusion d’un peuple avec tout ce qu’il a d’histoire et de géographie. En somme ils persistent dans leur colonisation du pays des Kurdes.