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Les Chroniques

Έπιγράμματα, Travaux et jours dans la Grèce antique, Bernard Plessy (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 11 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, Essais, La Une CED, Histoire

Έπιγράμματα, Travaux et jours dans la Grèce antique, Bernard Plessy, éditions Paradigme, juin 2020 (édition bilingue), 96 pages, 9,90 €

 

La vie ! La vie !

 

« Ces gens ordinaires ont fait un peuple extraordinaire »

Bernard Plessy

 

Dans une collection originale et rare – nous en reparlerons – voici un ouvrage mieux que plaisant, délicieux, exceptionnel ! Si l’on souhaite recevoir des images fidèles de l’homme et de la femme grecs durant l’antiquité, hommes et femmes du peuple, appartenant à la vie rurale, au monde du travail, des images aussi de la façon dont ils pensaient leur existence, de la façon dont ils se voyaient, il les offre à profusion.

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, Critiques, La Une CED, Poésie, Japon, Arfuyen

Un printemps à Hongo, Ishikawa Takuboku, Arfuyen, septembre 2020, trad. japonais, Alain Gouvret, 161 pages, 16 €

 

Le poète et ses chimères

Le défaut inhérent et impossible à circonscrire de ma chronique relève de l’analyse forcément ethnocentrée, que je ne peux entreprendre que par le biais du monde référentiel de ma culture européenne. Bien sûr je connais la littérature, le cinéma et l’art graphique du japon – et quelques sentiments très forts au sujet de l’acteur de kabuki, que m’enseigna mon professeur Georges Banu à Paris III –, il reste que je ne conçois cet univers oriental que par le prisme de la traduction ou des sous-titres, seuls vraiment capables de me rendre accessible cet ensemble de signes. Nous connaissons tous le débat autour de L’empire des signes. Mais dans le même temps, cet ethnocentrisme pourrait être un avantage pour parcourir le journal de ce poète maudit de l’archipel nippon, comme enrichissant le spectre et l’épaisseur de ce personnage capiteux.

Blanc, Une histoire dans la montagne, Stéphane Kiehl (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 06 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Jeunesse, La Baconnière

Blanc, Une histoire dans la montagne, Stéphane Kiehl, La Martinière Jeunesse, septembre 2020, 32 pages, 16,50 €

 

Féerie

Stéphane Kiehl, diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Art de Nancy, est un auteur-illustrateur qui travaille pour la presse et l’édition jeunesse, plusieurs fois récompensé : Pépite Art et documentaire du Salon du Livre de Montreuil pour La vie en design ; Prix Sorcières 2020 pour Vert.

Blanc est le titre du livre jeunesse qu’il a écrit et illustré, au format presque carré (29 x 27 cm), presque parfait… Blanc, c’est la non-couleur par excellence, celle qui s’accorde avec le cercle chromatique – dont elle est exclue. Le blanc matérialise en Occident l’innocence, la virginité, et s’associe à la mort et au deuil en Islam et en Asie. L’album Blanc, Une histoire dans la montagne, se rapporte à la relation qu’entretient un jeune garçon né et vivant dans un chalet entouré de sapins, à la nature environnante. Stéphane Kiehl écrit à la première personne, à la place du garçonnet, qu’il représente minuscule dans le paysage accidenté, sans bords véritables.

A propos de Moby Dick – Herman Melville (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 03 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, USA, Gallimard

Moby Dick, Herman Melville. Traduit de l'américain par Philippe Jaworski, Quarto Gallimard

Il faut sauver le narrateur !

Le plus grand roman américain ? Quoi qu’il en soit de la joute qui pourrait opposer les tenants de cette assertion et ceux qui proclameraient que c’est Absalon ! Absalon !, Moby Dick est un sommet dans les lettres américaines et la source intarissable de presque tout ce qui s’écrira après. Ce roman monstre (dans tous les sens du terme), il faut le rappeler, paraît en 1850, c’est-à-dire presque aux débuts de la grande littérature américaine, ce qui en dit, mieux que toutes les assertions du monde, l’énormité. Une littérature naissante et déjà une œuvre monumentale et éternelle qui surgit.

Melville est un génie, certes, mais son ouvrage ne vient pas du néant, il ne le crée pas de toutes pièces dans un désert littéraire. Nathaniel Hawthorne – qui sera son intime ami – a publié une partie de son œuvre et, surtout, La Lettre écarlate. Edgar Allan Poe a écrit une importante partie de ses contes. Ralph Waldo Emerson a écrit Nature. Et, bien sûr, Washington Irving et James Fenimore Cooper ont planté le décor des grands espaces et de la présence imminente du fantastique presque un siècle plus tôt. Mais Moby Dick, à défaut de sortir du néant, sort de l’immensité des océans ce qui, d’emblée, place l’ouvrage dans des espaces où seule La Bible avait imaginé des monstres. La bible, dont le roman est nourri, qui alimente chaque personnage, chaque situation, chaque ligne.

La substance du rêve, Poèmes en prose (1912-1930), José Antonio Ramos Sucre (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Novembre 2020. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

La substance du rêve, Poèmes en prose (1912-1930), José Antonio Ramos Sucre, PUL, octobre 2020, trad. espagnol, Philippe Dessommes, Michel Dubuis, François Géal, 200 pages, 15 €

 

Le poème continu

C’est une impression ambivalente que j’éprouve pour ces belles traductions dues à Philippe Dessommes, Michel Dubuis, François Géal, du poète vénézuélien José Antonio Ramos Sucre. Je découvre cette poésie où il faut que je trace à grands traits mon parcours de lecteur dans l’œuvre de ce poète que je placerais comme une sorte de lien entre décadentisme et surréalisme, faisant le pont. Et comme l’auteur est très peu diffusé, il m’incombe de m’aventurer hardiment dans ce massif textuel, en quelque sorte, inexploré. De là, ce sentiment indéfini et ambigu en écrivant quelques lignes ici, sachant les marges d’erreur possibles.

Poète donc qui se situe pour moi entre Huysmans et Péret, comme Senancour faisant le lien entre Voltaire et disons le Romantisme. Du reste, cette lecture, même sujette à l’idée de passage d’une école vers l’autre, est d’une remarquable continuité. De plus, le titre La substance du rêve me paraît une indication de premier ordre.