Térébenthine, Carole Fives (par Jean-Paul Gavard-Perret)
Térébenthine, Carole Fives, août 2020, 176 pages, 16,50 €
Edition: Gallimard
L’art et la vie
Les résistances masculines sont autant antiques qu’actuelles. Mais peu à peu les choses changent. Ce livre le prouve à la fois par l’injonction d’un maître : « Certains, ou plutôt devrais-je dire certaines, se sont étonnés du peu d’artistes femmes citées dans notre programme d’histoire de l’art. Je leur ai donné carte blanche aujourd’hui. Mesdemoiselles, c’est à vous ! », et aussi pas son suicide en rien anodin par ce qu’il « dit ».
Dans ce roman de rencontre d’un trio à l’école des beaux-arts, Carole Fives sans doute joue d’une identification. Elle connut la même formation qui devient en partie la monnaie vivante du livre d’une matière faite de luttes et de surprises sur le sens de l’existence.
Sans aucun goût pour la pause, Carole Fives est la créatrice d’une écriture aussi « réaliste » que de quête intime comme dans tous ses textes – nouvelles et romans. Existent toujours à la fois inquiétude et sérénité dans un univers de dépendance mais aussi d’indépendance.
L’auteur écume les incidences, s’intéresse à l’essence des choses qu’elle atteint en dépit de son relatif jeune âge. Dès ses premiers livres s’inscrivent le « programme » que ce livre indique là où l’art et la vie se mêlent en quelque chose de charnel (peinture comprise) en une écriture qui porte en elle l’approfondissement de ce qui arrive, de ce qui est.
L’auteure sait toucher au silence mais en revenant toujours aux affres de l’existence. Dans ce miroir au souffle de vie – mais pas seulement – elle tente de capter ce qui échappe en cette quête de soi et de diverses « passions ». C’est toujours un peu d’eau vive au cœur de celle qui tente de saisir la vie de son héroïne et de ses liens avec le monde qui l’entoure là où la vie n’est pas toujours sauve.
Jean-Paul Gavard-Perret
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