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Les hautes collines, Thomas A. Ravier

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino 09.02.18 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Les hautes collines, octobre 2017, 150 pages, 16 €

Edition: Gallimard

Les hautes collines, Thomas A. Ravier

 

Le narrateur de ce récit, marié et père d’une fillette, a, selon l’expression consacrée, tout pour être heureux. Pourtant, sa réaction à l’annonce de la vente de la maison de vacances qu’il fréquente tous les étés depuis sa naissance trahit une faille. Il n’est jamais parvenu réellement à quitter le nid. Ce sont donc les confessions d’une sorte de « Tanguy saisonnier » que l’auteur livre au lecteur.

Elles ne réservent guère de surprises : premiers pas, premières masturbations, premiers écrits, premières virées à motocyclette ne constituent pas plus d’événements que les obsèques des grands-parents et les quelques dissensions qui s’ensuivent. Objectivement, il ne se passe rien. Mais n’est-ce pas le propre de la majorité des enfances que l’on qualifie, avec le recul, d’heureuses ?

Pourtant, si les souvenirs transforment la villa et ses abords – le jardin, une vue sur la Méditerranée, l’ambiance d’une station balnéaire – en théâtre, alors chacun peut espérer devenir le héros de péripéties familiales d’autant plus facilement que personne, malgré étages et recoins, n’échappe au regard des autres.

En juxtaposant des sortes de scénettes, l’auteur en appelle implicitement à l’expérience vécue par tout lecteur lors d’un repas de famille. La cacophonie des conversations ravive des rancunes, rallume des affections, ennuie ou fait rêver à des ailleurs où l’on sait pertinemment qu’on n’ira pas. Alors les lieux communs que l’on pourrait regretter de trouver dans ce récit d’enfance rassurent à la manière d’une même anecdote qu’un aïeul raconte chaque année.

Et comme dans la réalité, où à côtoyer trop fréquemment les gens qui nous connaissent depuis toujours, on passe sans transition de l’attendrissement à l’exaspération, le ton au fil des pages oscille entre nostalgie et cynisme, lyrisme et satire sociale. Les premières pages et le dénouement constituent de belles métaphores sur l’angoisse de grandir et le plaisir contradictoire de regarder grandir ses enfants.

 

Marie-Pierre Fiorentino

 


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A propos du rédacteur

Marie-Pierre Fiorentino

 

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Rédactrice

Domaines de prédilection : littérature et philosophie françaises et anglo-saxonnes.

Genres : essais, biographies, romans, nouvelles.

Maisons d'édition fréquentes : Gallimard.

 

Marie-Pierre Fiorentino : Docteur en philosophie et titulaire d’une maîtrise d’histoire, j’ai consacré ma thèse et mon mémoire au mythe de don Juan. Peu sensible aux philosophies de système, je suis passionnée de littérature et de cinéma car ils sont, paradoxalement, d’inépuisables miroirs pour mieux saisir le réel.

Mon blog : http://leventphilosophe.blogspot.fr