Identification

La piste des sortilèges, Gary Victor

Ecrit par Cathy Garcia 01.05.14 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Vents d'ailleurs

La piste des sortilèges, janvier 2014, 590 pages, 14,50 €

Ecrivain(s): Gary Victor Edition: Vents d'ailleurs

La piste des sortilèges, Gary Victor

 

Voici un roman intensément fabuleux, qui plairait sans aucun doute à un Tim Burton ou à un Lewis Carroll. Cette quête initiatrice dans laquelle nous entraîne Piripit, sorte d’Alice en version jeune mâle musclé au pays vodou, est un grand chaudron dans lequel macèrent toutes sortes de faits, de créatures et de choses toutes plus étranges et plus inouïes les unes que les autres, l’ensemble dégageant un parfum de goyave, d’embruns et de kleren*, mêlé de sueur et de charogne. C’est la piste des sortilèges.

Parmi certains des personnages, on pourrait citer l’incontournable Bawon Samedi et son insatiable fille Gede Loray, Legba, l’ouvreur de portes, ainsi que Petit-Noël Prieur, un chef de bande d’esclaves révoltés, qui refusait l’autorité des généraux durant les guerres de l’Indépendance, mais aussi le maudit Grenn Bôt, « une seule botte », et le Basilic, un redoutable reptile géant.

Piripit, que l’on doit d’abord arracher au pouvoir de la Sirène qui l’avait envoûté, doit voler au secours d’un ami auquel il doit lui-même la vie : Persée Persifal. Pour cela, il doit passer de l’autre côté de la fragile membrane qui sépare le monde des morts de celui des vivants. Une aventure des plus téméraires où le temps presse. Il n’aura qu’une nuit pour retrouver son ami, trahi par d’anciens compagnons de lutte, qui l’ont empoisonné et vendu à des convoyeurs de zombies. Piripit doit le retrouver avant qu’il n’atteigne le point de non-retour et pour cela, il devra franchir toutes les portes de la Piste, en échappant à la multitude de pièges et de dangers qui la parsèment et devra prouver à chaque fois que son ami est un Juste, une espèce en voie de disparition dans ce pays voué à toutes les corruptions.

La Piste, c’est aussi toute l’histoire d’Haïti, passée et présente, avec tous ses habitants depuis les tout premiers, son histoire mythique et son histoire politique, le choc des cultures, toutes ses violences, ses folies, ses sociétés secrètes, ses rites et sa magie, et toute sa beauté et sa sensualité aussi exubérantes que l’imagination de l’auteur qui nous offre ici un roman véritablement stupéfiant. Bouleversant hommage à ce pays qui n’en finit plus d’être meurtri dans sa chair comme dans son âme.

Une nuit, Piripit… mais quelle nuit ! Une nuit de plus de 580 pages. Le temps n’est pas le même, il tourne au ralenti sur la Piste, mais prenez garde, car vous pourriez bien, vous aussi, y passer la nuit sans pouvoir en sortir, car on pourrait mentionner sur la première page du livre : attention, chef-d’œuvre !

 

Cathy Garcia

 

* alcool de canne

  • Vu : 3933

Réseaux Sociaux

A propos de l'écrivain

Gary Victor

 

Né à Port-au-Prince, Gary Victor est plébiscité par les lecteurs en Haïti. Après des études d’agronomie, il exerce le métier de journaliste durant de nombreuses années et a occupé des postes importants dans la fonction publique haïtienne. Fils de René Victor, qui est peut-être le sociologue le plus important de son pays, l’écrivain en a hérité un regard lucide sur sa société. Ses créations explorent sans complaisance aucune le mal-être haïtien pour tenter de trouver le moyen de sortir du cycle de la misère et de la violence. Son roman, À l’angle des rues parallèles, a obtenu le Prix de fiction du livre insulaire à Ouessant 2003. Il a fait également l’objet d’une adaptation au théâtre. Outre son travail d’écriture, Gary Victor est scénariste pour la radio, le cinéma et la télévision. Esprit rebelle, indépendant, ses réflexions sur la société haïtienne ont quotidiennement fait des vagues sur les ondes de l’une des stations de radio de Port-au-Prince, et son feuilleton télévisé sur les mœurs de la petite bourgeoisie haïtienne a été adapté au cinéma.

Il s’est vu décerner le Prix RFO 2004 pour son titre Je sais quand Dieu vient se promener dans mon jardin, en 2008 le Prix Caraïbes pour Les cloches de La Brésilienne, et en 2012 le Prix Casa de Las Américas.

 

Bibliographie :

Aux éditions Vents d’ailleurs :

La Piste des sortilèges, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2013, Réédition en poche

Quand le jour cède à la nuit, Vents d’ailleurs, 2012

Le sang et la mer, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2010

Banal oubli, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2008

Clair de manbo, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2007

Les cloches de La Brésilienne, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2006, Prix Caraïbes

Dernières nouvelles du colonialisme, recueil de nouvelles, collectif, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2006

Le Diable dans un thé à la citronnelle, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2005

Je sais quand Dieu vient dans mon jardin, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2004. PRIX RFO

À l’angle des rues parallèles, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2003, Prix du livre Insulaire

La Piste des sortilèges, La Roque d’Anthéron, Vents d’ailleurs, 2002

 

Chez d’autres éditeurs, Romans :

Collier de débris, Montréal, Mémoire d’encrier, 2013

Maudite éducation, Paris, Philippe Rey, 2012 ; Montréal, Mémoire d’encrier, 2012

Soro, Port-au-Prince, Imprimeur II, 2011 ; Montréal, Mémoire d’encrier, 2011

Saison de porcs, Montréal, Mémoire d’encrier, 2009

Le Revenant, Tome 2, La Pierre de Damballah, Port-au-Prince, L’Imprimeur II, 2009

Nuit albinos, Port-au-Prince, Deschamps, 2008

Le Revenant, Tome 1, Port-au-Prince, L’Imprimeur II, 2007

Le Cercle des époux fidèles, Port-au-Prince, Imprimeur II, 2002

Un octobre d’Élyaniz, Port-au-Prince, Imprimeur II, 1996.

Nouvelles :

Dossiers interdits, Tome 2, Port-au-Prince, L’Imprimeur II, 2013

Histoires entendues ou vécues dans un tap-tap, Pétion-Ville, C3 Éditions, 2013

Dossiers interdits, Tome 1, Port-au-Prince : L’Imprimeur II, 2012

Treize nouvelles vaudou, Préface d’Alain Mabanckou, Montréal, Mémoire d’encrier, 2007

Chroniques d’un leader haïtien comme il faut (les meilleures d’Albert Buron), Montréal, Mémoire d’encrier, 2006

La Chorale de sang, Port-au-Prince, Éditions Mémoire, 2001

Albert Buron, ou Profil d’une élite, Tome 2, Port-au-Prince, Imprimeur II, 1999

Le Sorcier qui n’aimait pas la neige, Montréal, Cidihca, 1995

Symphonie pour demain, Port-au-Prince, Fardin, 1981

Sonson Pipirit, ou profil d’un homme du peuple, Port-au-Prince, Deschamps, 1989

Nouvelles interdites, Tomes 1 et 2, Port-au-Prince, Deschamps, 1989

Albert Buron, ou Profil d’une élite, Tome 1, Port-au-Prince, Imprimeur II, 1988 ; Port-au-Prince, Deschamps, 1989

 

Théâtre :

Le Douzième Étage, monologue joué et mis en scène par Albert Moléon au Festival Quatre Chemins, Haïti, 2007

La Reine des Masques, monologue joué et mis en scène par Natacha Jeune Saintil, Haiti, France, Guinée, Burkina, 2006-2007

Défilé, mis en scène par Ralf Civil, KTK, Haïti 2005

Nuit publique, jouée par le Petit Conservatoire dans une mise en scène de Daniel Marcelin à Port-au-Prince, Haïti, janvier et février 2003

Le Jour où l’on vola ma femme, pièce jouée à Port-au-Prince, Haïti, en 2001

Anastaste, adaptation du roman À l’angle des rues parallèles, jouée par le Petit Conservatoire dans une mise en scène de Daniel Marcelin en 2001 à Port-au-Prince, Haïti.

 

Traduction :

Ti Prens lan, par Antoine de Saint-Exupéry, Port-au-Prince, La Direction Nationale du Livre, 2010

 

A propos du rédacteur

Cathy Garcia

 

Lire tous les articles de Cathy Garcia

 

Rédactrice

Domaines de prédilection : littérature française et étrangère (surtout latino-américaine & asiatique)

Genres : romans, poésie, romans noirs, nouvelles, jeunesse

Maisons d’édition les plus fréquentes : Métailié,  Actes Sud

 

Née en 1970 dans le Var.

Premier Prix de poésie à 18 ans. Premiers recueils publiés en 2001.

A Créé en 2003 la revue de poésie vive NOUVEAUX DÉLITS. http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com

Fin 2009, elle fonde l’association NOUVEAUX DÉLITS :

http://associationeditionsnouveauxdelits.hautetfort.com/

Plasticienne autodidacte, elle compose ce qu’elle appelle des gribouglyphes,  mélange de diverses techniques et de collages. Elle illustre plusieurs revues littéraires et des recueils d’autres auteurs. Travail présenté publiquement depuis fin 2008 et sur le net :

http://ledecompresseuratelierpictopoetiquedecathygarcia.hautetfort.com

Elle s’exprime aussi à travers la photo, pas en tant que photographe professionnelle, mais en tant que poète ayant troqué le crayon contre un appareil photo : http://imagesducausse.hautetfort.com/ Ce qui  a donné lieu à trois Livr’art visibles sur internet dans la collection Evazine :

http://evazine.com/livre_art.htm