Contes de Grimm, Philip Pullman
Contes de Grimm, octobre 2014, traduit de l’anglais par Jean Esch, images de Shaun Tan, 496 pages, 35 €
Ecrivain(s): Philip Pullman Edition: Gallimard Jeunesse
Quel superbe ouvrage, se dit-on aussitôt que l’on a cette « bible » entre les mains, bible par son format et son épaisseur mais aussi par la sensation que l’on tient entre les mains un livre sacré. La beauté des œuvres qui l’illustrent y est pour beaucoup. L’artiste Shaun Tan s’est pour cela inspiré des sculptures de pierre des Inuits et de statuettes en terre de l’art précolombien. Tout art traditionnel sachant insuffler pouvoir et magie à des matériaux à la fois bruts comme la pierre et la terre, et comme le sont les innombrables contes, ici recueillis par les frères Grimm et donc puisés au terreau de l’imaginaire européen, taillés dans le roc de l’imaginaire collectif universel et polis au cours des siècles de mains en mains et de bouche en bouche. Ici on en retrouve cinquante, des plus célèbres aux plus méconnus, dont Philippe Pullman s’est emparé pour les faire passer par sa propre langue, l’Anglais donc, puis retranscrits pour nous en Français par Jean Esch, qui a conservé au plus près les couleurs et le ton particuliers de l’auteur.
Des notes à la fin de chaque conte apportent un éclairage érudit et approfondi à chacun, c’est donc un ouvrage qui n’a pas de limite d’âge, les enfants aimeront écouter ces histoires intemporelles qui ne vieillissent pas mais refleurissent comme un arbre immortel pour offrir des fruits toujours aussi savoureux à chaque nouvelle génération, et les adultes les redécouvriront avec joie, encore qu’un bon nombre d’entre elles soient tellement peu connues, qu’ils feront eux aussi certainement de nouvelles rencontres. Tous ne pourront qu’apprécier la qualité d’écriture et de l’ouvrage dans son ensemble.
Dans l’introduction, l’auteur retrace le contexte historique de la collecte des Frères Grimm et donne un aperçu de sa propre démarche : « À l’instar du jazz, raconter des histoires est un art de l’improvisation, comme l’écriture », et de son rapport tout particulier et personnel avec le conte de fées : « Quand je travaille, je suis extrêmement superstitieux. Ma superstition concerne la voix à travers laquelle naît l’histoire. Je suis en effet persuadé que chaque récit est accompagné par son propre lutin, dont nous incarnons la voix quand nous racontons cette histoire, et que nous la narrerons avec davantage de succès si nous traitons ce lutin avec respect et courtoisie ».
De même, en postface, l’artiste Shaun Tan s’exprime sur la façon dont sont nées les œuvres qui illustrent les contes et donnent à l’ensemble cette aura mystérieuse et vraiment très singulière.
Couds l’ourlet et tire le fil
Frappe sur le clou en plein dans le mille…
Cathy Garcia
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