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Carnets d’un fou – XXXIV Novembre 2015, par Michel Host

Ecrit par Michel Host le 22.01.16 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Carnets d’un fou – XXXIV Novembre 2015, par Michel Host

 

 

Est-elle écrite quelque part, en latin, en castillan ou en arabe, l’infernale sentence donnée pour espagnole et qui tant me plaît. Ne la trouvant pas, sauf dans une version française, je la réinvente : « Más vale visitar el infierno mientras estés en vida que después de muerto ». Mieux vaut que tu visites l’enfer de ton vivant qu’après ta mort.

Michel Host

 

# Visiter l’enfer ? C’est chaque jour que Dieu fait. Comment avez-vous pu ne pas vous en apercevoir ? C’est notre condition. Que nul ne doute, même pas moi-même, de ma joie de vivre.

# Il est arrivé, le mois dernier, que l’on me demande par voie de presse de réfléchir à cette question : l’aviation française est-elle légitimée à bombarder (en Irak, en Syrie…) des installations où l’on sait que très probablement s’abritent des djihadistes venus de France, possédant la carte d’identité nationale, des jeunes gens décidés à nous combattre par tous les moyens, à nous exclure du monde, et, pour certains d’entre eux, ayant participé à d’abominables massacres et tortures. Ma réponse est : le traître, en se faisant traître, ne mérite plus que le nom d’ennemi. Dois-je faire le tri de mes ennemis dans un combat global et de masse ? Le « Poilu » de 14, derrière sa mitrailleuse, avait-il le devoir de faire le tri entre l’Allemand francophile et l’Allemand francophobe ? Les fantassins allemands l’avaient-ils eux aussi ?

1er/XI

 

# Retour de Bourgogne. Très fatigué, à la sortie d’une aire de stationnement, je roule à soixante-dix kilomètres à l’heure et suis à dix centimètres d’une rencontre définitive avec un camion chargé de bouteilles de gaz qui me frôle et me double à tombeau ouvert (en fait, tout prêt à se refermer…). Ce fut une distraction, l’oubli de consulter le rétroviseur. Cela ne m’arrive jamais. Je ne conduirai plus dans un pareil état de fatigue.

À la Une, ou comment on veut nous rendre fous… La fatigue redouble à notre entrée dans l’appartement parisien. Nous y attendent les sept numéros du Monde de la fin octobre. Je ne les lirai pas, me contenterai de consulter les « unes » de cinq d’entre eux, cela suffira à mon édification. Voici :

« LA BCE PRÊTE À TOUT POUR RAVIVER LA CROISSANCE » (le 24/X). Je traduis : pour augmenter le nombre des enrichis, et plus encore celui des précaires, pauvres et chômeurs. Il ne s’agit que de « croissance » des achats-ventes, des portefeuilles d’actions, etc. ; sous-articles : 42 morts dans un accident de car en Gironde. Le gouvernement confronté à l’équation Taubira. Des personnes âgées partant en excursion et mourant ainsi à dix kilomètres de chez elles. Mme Taubira : non pas une équation (l’équation a forcément une solution), mais une énigme… et nous n’avons plus de Sphinx ni de route de Delphes !

« RÉGIONALES : LE DILEMME DU PS, AIDER LA DROITE OU FAVORISER LE FN » (les 25 & 28/X). Ou ladite « gauche » se trouve prise au même piège qu’elle a longtemps tendu à ladite « droite ». Depuis François Mitterrand, à vrai dire. C’est goûter tardivement à un mets empoisonné. Il est à noter – selon moi – que ladite « droite », contrairement aux accusations, n’a jamais officiellement pactisé avec le FN lors d’aucune élection de ces quinze dernières années. Sous-articles : Planète, Les négociateurs de Bonn livrent un texte imparfait pour la COP21 ; Le pape est-il progressiste ? Nous baignerons dans les « particules fines », les sommets perdront leurs neiges, la sécheresse gagnera la planète, le soleil grillera le tout bien avant les 5 milliards d’années prévues ; le pape ? Un grand communicant de plus, un « people » façon mitre et grandes orgues… le vent de l’histoire.

« LES VIANDES ROUGES CLASSÉES CANCÉROGÈNES » (le 27/X). J’aurais écrit « cancérigènes » il y a peu encore. Mon avis : cessons de manger du cadavre. Devenons végétariens une fois pour toutes.Sous-article : « Dix ans après, le sentiment d’abandon des banlieues ». Je dirai quelques mots, à la suite, au sujet d’une banlieue : Bezons !

« LA BAISSE DU CHÔMAGE, FRAGILE ESPOIR DE REBOND ÉCONOMIQUE » (le 28/X). Les élections « régionales » approchent, le « pouvoir », si l’on peut dire, se sait menacé d’une déroute sans précédent ; les chiffres sont manipulés dans tous les sens, le chômage de fond ne diminue nullement, les contrats à temps limité et la précarité montent… brouillards et fumées ! Sous-articles : « Une femme raconte le synode de l’intérieur ; Jérusalem, La grande peur des couteaux. Mon commentaire :la façon condescendante dont les prélats catholiques considèrent les femmes n’est qu’à peine différente de celle, discriminatoire et méprisante des musulmans ; en Israël, au fond du fond des choses, en y pensant et repensant, je me demande qui, là-bas, manie les couteaux.

« APPLE : UN TRÉSOR DE 205.000.000.000 dollars (le 29/XI). Sous-articles : « Le scandale des ordures, symptôme du mal libanais » et « Air Cocaïne » : questions sur une évasion rocambolesque. Commentaire : Apple, la pomme pourrie, l’universelle adoration du Veau d’or… Cela sent ! Comme les ordures accumulées à Beyrouth, que l’on ne sait plus où dissimuler. Civilisation de l’ordure sous laquelle nous allons succomber, en parfaite adéquation avec la civilisation du profit. Je ne vois aucune raison de cesser de vomir. Deux pilotes français d’une petite compagnie s’évadent de l’Île de Saint-Domingue où la justice locale les tenait en « liberté surveillée » pour avoir tenté d’emporter 700 kg de cocaïne dans leur appareil : ils ne s’étaient pas avisés de ce chargement quelque peu extraordinaire… Nous les retrouvons en France, interrogés par la justice. Ils s’en offusquent. Par ailleurs, l’ex-président Sarkozy, qui avait voyagé autrefois avec la même compagnie d’aviation, est soupçonné à son tour… Ses téléphones sont mis sur écoute par un juge, ses conversations surprises. Il l’apprend et se fâche, se demandant s’il bénéficie de tous les droits du citoyen français ordinaire qu’il est redevenu. Je n’ai pas la moindre sympathie pour lui, mais je reconnais qu’il a raison. Mme Taubira, ministre de la Justice (?), comme à d’habitude ne sait rien, n’a été informée de rien. Le capitaine Hadock s’en étrangle dans sa barbe, bande de Bachibouzouks ! Quant à M. Sarkozy, interrogeons le passé : n’étrangla-t-il pas Vercingétorix de ses propres mains dans les souterrains du Colisée ? Et Landru Henri Désiré… Après tout, il n’a rien avoué… N’était-ce pas plutôt Nicolas Sarkozy qui rôtissait les femmes dans le Godin de Gambais ? Que fait notre justice ? Quelle lenteur ! Quelle indolence !

Le 4/XI

 

# Voyage à Bezons. C’était ce mardi 3, nous étions de retour de Bourgogne. Philippe Bertin m’invite à la Médiathèque Guy de Maupassant, à Bezons. C’est pour la fin de l’après-midi. On lira mon Poème d’Hiroshima, une violoncelliste accompagnera et scandera cette « récitation ». Je suis très heureux de tout cela. Connaissant mal le terrain (je ne voyage plus en voiture dans la région parisienne depuis au moins dix ans), nous nous mettons en chemin dès le milieu de l’après-midi. À vol d’oiseau… quinze à dix-huit kilomètres. Nous quittons notre XIIIe arrondissement, bourgade provinciale paisible où circuler ne présente aucune difficulté. Les choses commencent à se ralentir sur les Quais de la rive gauche, au pont Saint-Michel nous nous traînons derrière d’immenses autocars bourrés de touristes… Au musée d’Orsay nous sommes englués dans un flot de voitures, fort luxueuses pour certaines… Virer vers la place de la Concorde n’est pas facile, mais ensuite il est permis de prendre un peu de vitesse pour entrer sur les Champs-Élysées où le désenchantement nous guette… Jusqu’au Grand et au Petit-Palais, nous avançons cahin-caha, le décor reste forestier, les façades se cachent derrière les hauts feuillages d’automne… Ensuite, tout se gâte, la montée jusqu’à l’Arc-de-Triomphe serait un chemin de croix si nous n’étions assis sur des sièges confortables. Des véhicules de toutes sortes nous assiègent, nous oppressent… D’énormes Quatre-Quatre, absolument incongrus dans le décor urbain et qui n’ont jamais roulé dans un chemin creux, nous cernent tels des géants mécaniques, ils sont si hauts qu’on ne peut en voir les conducteurs… Les motards, tels des frelons, se projettent entre les voitures, tourbillonnent, s’efforcent de passer par des trous de souris, de contourner tous les obstacles. Les motos ne sont-elles pas faites pour ça ? Nous avançons mètre par mètre, parfois d’un bond de cinq mètres et avons tout le temps de contempler l’affligeante laideur commerciale du lieu, la vulgarité des niches réservées aux parfumeurs, aux salons de thé, aux cinémas, au Lido, pensant que cette grande foire bordélique n’a eu qu’à se substituer aux Soldaten Kino et aux grands bordels (le One Two Two) de la dernière guerre et de l’Occupation. Entrée sur la place de l’Étoile : dans le sens giratoire unique cela roule et se dégage vite, nous sommes sur l’avenue de la Grande-Armée, où s’est établie une fluidité circulatoire et où les façades des immeubles, non moins vulgaires, restent visibles dans l’ensemble. Arrive enfin la Porte-Maillot, où commence la véritable aventure.

C’est Neuilly. Des voies fuyantes, des bifurcations en tous sens. Un débordement vicinal, une diarrhée de dégagements, d’entrées, de sorties… Le réflexe doit être instantané, sinon c’est l’embarquement dans la mauvaise direction. Le Pont de Neuilly régi par la police. La monstrueuse Défense. Nous longeons Courbevoie où naquit Arletty. Qui se souvient d’Arletty à l’exception des cinéphiles vermoulus ? Puis Nanterre et Colombes. Les immeubles se succèdent sur les deux rives des boulevards Lemarchand et Charles de Gaulle. Immeubles de carton-pâte, quoique pimpants, colorés. Du linge aux fenêtres, des rideaux clos, des paraboles. Le Maghreb sans muezzins, et sans parfums odorants : les émanations du gasoil enveloppent le nouvel exotisme. Des jeunes hommes de tous âges soutiennent les murs, comme à Alger. Certains encapuchonnés, absents au monde. L’un fait du vélo sur le trottoir fier de son habileté à ne se déplacer que sur une roue. Moi, naïf, je les imaginais au creux des appartements, plongés dans les manuels d’économies, de chimie, de physique, de mathématiques, voire de littérature, se préparant activement un avenir dans une société difficile, marquée par un chômage extrême. Mais ce doit être cela l’indolente douceur orientale réacclimatée : la glandouille (que l’Académie me pardonne, je constate de mes yeux « peuple » !), les bavardages sans fin, les ressassements, les stations de jeunes vieillards au soleil… car il y a du soleil, ce mois de novembre est particulièrement chaud. Je ne porte de jugement sur personne. Je regarde et je vois. Colonne vertébrale des mouvements : les lignes d’autobus et de tramways propres et confortables. Se déplacer d’ici jusqu’à Paris n’est probablement pas facile, et même un peu fatigant, mais faisable.

Le Pont de Bezons. Nous touchons au but. C’est une souricière, un goulot d’étranglement. Il faudra plus de vingt minutes pour gagner l’autre rive. Les véhicules se suivent comme voiturettes tamponneuses. On tremble pour les carrosseries. Silence des conducteurs. Patience. Nulle agressivité. Une fatalité connue et acceptée. La Médiathèque Maupassant est toute proche, à deux pas de l’hôtel de ville. Je m’engage dans la mauvaise voie, entreprends un demi-tour problématique, puis trouve la rue Édouard-Vaillant. Une dame issue de la diversité, souriante, non voilée (pour moi un signe, qu’on l’admette ou non), nous indique le chemin. Le lieu est paisible quoique d’une esthétique discutable. Je m’assieds quelques instants sur une sorte de bitte d’amarrage. Des écoliers passent, qui sourient et nous saluent. Un bizarre paradis avec des arbres cachés derrière les immeubles. Ayant évité le bar de L’Embuscade, nous passons quelque temps dans un salon de thé, non loin de la Médiathèque où nous entrerons dans trois quarts d’heure. En sirotant mon chocolat, je pense à Guy de Maupassant venant canoter à Bezons le dimanche, y caressant de jolies filles et se moquant de Paul Bourget ou d’Henri Bordeaux (je ne sais plus lequel)  pour n’avoir que « ça » à montrer à ces dames ! La vie est rigolote, non ?

Le 4/XI

 

# Retour des Pieds Nickelés. Je les avais ainsi affublés. Il me faut y revenir, même si les traits physiques correspondent peu : Filochard (Hollande ?), Ribouldingue (Sapin ?), Croquignol (Macron ?). Pas de dames dans la petite bande. Sauf Mme Myriam El Khomry, récemment nommée ministre du travail, qui devrait être accouplée à l’un des trois, elle qui ne sait si la loi prévoit que le Contrat de travail à Durée Déterminée sera renouvelé trois, deux ou cinq fois… Les Pieds Nickelés, eux, avaient au moins leur domaine de compétence. Lui, le chef, je lui avais décerné le titre semi-papal de Son Incompétence. Normal, il me semble, que l’Incompétence nomme à certains postes de notoires incompétences. Il n’est même plus question de « hautes fonctions ». L’appartenance à la diversité suffit aujourd’hui à vous rendre apte et efficace. Et puis, il faut savoir faire plaisir, n’est-ce pas ? C’est que ces postes-là vous permettent d’engranger, c’est d’ailleurs leur seule véritable utilité. Mon Dieu, que je suis populiste ! Je me fais peur à moi-même. Mais regardez bien, informez-vous… Quelques fortunes récentes du côté de la bonne pensée devraient attirer votre attention : cela s’appelle œuvrer pour le bien public ! On se les pelota à Blois et au ministère, on se les mignote au perchoir, ou dans la revente des monuments du domaine public parisien… Peu de bruit, mais là, une véritable efficacité ! Comme les femmes publiques, on répand le bien autour de soi, et même chez soi. Et tenez, Mme Le Pen, honnie de toutes parts : « Elle nous mène à des catastrophes, elle pétainisera le pays, nous ne pactiserons jamais avec cette idéologie nauséabonde ». C’est curieux : plus de trente ans que cette puante idéologie et son aimable troupe prospèrent ! Sont-ils tous atteints de déficience olfactive profonde ? Comment expliquez-vous que l’on ne l’ait jamais dissout, ce FN ? Qu’aucun gouvernement ne s’y soit résolu ? À qui est-il utile ? À qui sert-il le plus et le mieux. Dans cette élection à deux tours qui va s’ouvrir, les bien-pensants se voient soudain pris dans les mâchoires du piège qu’ils tendent à la droite depuis toujours. Mme Le Pen peut arriver en tête et ils seront éliminés, condamnés à un choix imprévu autant que cornélien. Ils geignent et hurlent comme des chiots auxquels on va trancher la queue ! C’est amusant. Tristement amusant.

Incompétence, disais-je… Le peuple en a assez de ce chômage massif, de cette soumission aux dictats de la finance, de son insécurité physique et matérielle, il ne comprend pas pourquoi il lui faut vivre sans aucune certitude du lendemain dans une société où les grandes entreprises rémunèrent grassement leurs actionnaires et mettent à la porte les salariés qui les servent depuis des décennies parfois… Il est vrai que c’est de faible importance cette injustice générale : Filochard (le fait a été confirmé) n’avait-il pas promu ces éclopés du quotidien au rang de « Sans-Dents » ! Il ne comprend pas, le peuple, que l’on se dise de gauche et acquiesce à cette inhumaine mécanique libéralo-capitaliste, et même qu’on pousse à la roue. Il ne comprend pas que l’on n’ait pas mis en œuvre la grande réforme fiscale promise, et que l’on doive revenir, dans ce domaine, sur des décisions dont aucune conséquence sur les plus désargentés de nos concitoyens n’avait été prévue. Un comble ! On a si peur de déplaire que l’on n’a même pas engagé la réforme promise qui eut permis le vote des « étrangers » aux élections municipales… On a peur, à dire vrai, de perdre les élections suivantes, et de rien d’autre. On n’a surtout rien compris à nos propres inconséquences, et à cette conséquence que le peuple enrage maintenant. Et pourtant, à mots couverts, on le couvre d’opprobre et de reproches ce peuple affolé, sans direction ni confiance. Il se jettera, massivement peut-être, dans les bras du diable. Il fallait y penser plus tôt, messieurs. J’ai pitié de vous !

Le 8/XI

 

# J’approuve cette seule position possible du libre écrivain : À Catulle Mendès qui l’approche pour devenir franc-maçon, Maupassant répond : « …Je veux n’être jamais lié à aucun parti politique, quel qu’il soit, à aucune religion, à aucune secte, à aucune école ; ne jamais entrer dans aucune association professant certaines doctrines, ne m’incliner devant aucun dogme, devant aucune prime et aucun principe, et cela uniquement pour conserver le droit d’en dire du mal » [cueilli sur Wikipedia].

Le 9/XI

# Ce 16/XI, un lundi.

J’ai pris le temps du constat : ce vendredi soir, 13 novembre, des malades mentaux se revendiquant des règles de vie coraniques (la police les détectait le soir même) ont mis le centre de Paris à feu et à sang, et surtout à mort. Les moyens : la kalachnikov tirant « dans le tas », la ceinture d’explosifs. Les lieux successifs : l’extérieur du stade de France, à Saint-Ouen, où se déroulait une partie de football entre Français et Allemands ; les arrondissements du centre-est de Paris : 10e, 11e et 3e. Six lieux atteints : des terrasses de cafés, des restaurants, et surtout l’ex-cabaret Le Bataclan, devenu salle de concerts, où un public composé pour l’essentiel de gens jeunes écoutait un orchestre de rock ! Le bilan funèbre : 129 morts [¤] (dont plus de 80 au Bataclan), environ 350 blessés dont certains sont aujourd’hui encore aujourd’hui entre vie et mort. Certaines des attaques ont été réalisées par des hommes s’exprimant en français, mais soulignant leur « action » de mort par ce hurlement : Allah o-Akbar.

[¤] Ils seront 130 au 21 novembre.

Mes premiers commentaires :

« Allahou Akbar !

Allah ô barbare ».

Des gens ordinaires, en fin de semaine, s’amusent et ne pensent qu’à vivreCe n’est pas une idéologie, mais un élan naturel spontané et humain. D’autres gens, dont on ne sait comment les qualifier, leur apportent la mort, qui est le complément idéologique dont ils nourrissent leur haine inhumaine. L’opposition est radicalement ontologique : mort contre vie. Exaltation de l’humain, célébration de l’inhumain.

Ce que j’ai vu, et entendu (ou pas entendu) :

§ Dans le Stade de France, un président de la République quittant la tribune présidentielle accompagné de ses ministres et invités, après qu’eut retenti une violente explosion à l’extérieur du stade. Elle sera suivie de deux autres. Le fait m’est aussitôt apparu comme une fuite lâche et honteuse. Peut-être aurait-on pu attendre la mi-temps de la partie. Le prétexte est vite donné par les journalistes : on se retire pour délibérer au ministère de l’Intérieur. J’ai la conviction que les deux présidents précédents seraient restés dans le stade. J’ai dit, encore peu conscient de l’ampleur des enjeux, on n’est pas prêts de revoir ces images. C’était faux, je les ai revues sur deux ou trois autres chaînes de télévision.

§ Le public retenu quelque temps dans le stade, par élémentaire précaution, avant qu’on le laisse en sortir peu à peu. Dans Paris : des gens fuyant éperdus, blessés parfois, les arrières du Bataclan. Une femme enceinte reste longtemps accrochée au rebord d’une fenêtre avant d’être secourue. Aux terrasses, près de la place de la République, des morts et des blessés appelant les secours allongés sur les trottoirs, des secours apportés spontanément par la population bientôt relayée par les services médicaux. Des corbillards rassemblés, prêts à emporter les morts. Tout cela est ignoble, tragique et insupportable au regard comme à la pensée. Cela engendre peine et colère.

§ Dans les rues de Paris, un déploiement très ordonné de pompiers, de médecins, de policiers et d’agents du GIGN qui entreront dans les locaux du Bataclan pour mettre fin au massacre.

§ Un président de la République servant à la nation un premier service rhétorique où sonne par-dessus les autres le mot « effroi ».

§ Un premier ministre, M. Valls, prononçant (ce n’est pas la première fois) les mots « guerre », attaques préméditées et coordonnées. Nous livrerons cette guerre à l’intérieur et à l’extérieur, ajoute-t-il, et elle aura le même niveau d’intensité.

§ Un président de la République se reprenant dans un second service rhétorique d’un ton plus martial : « Nous déclarons l’état d’exception. C’est la guerre… Nous la ferons… Nous serons impitoyables ».

Mes doutes sont injustifiés. Dix chasseurs-bombardiers français, dès le lendemain, détruisent un centre de commandement et un camp d’entraînement dans la ville syrienne de Rakka, principale place forte deDaesch au Moyen-Orient. C’est le moins, pensé-je. Il va falloir maintenant détruire Daesh sur le terrain, éradiquer ce cancer.

§ Enfin, de nombreux parisiens, surmontant leurs craintes, viennent rendre hommage aux victimes. On allume de petites flammes symboliques autour de la statue de la République et sur le trottoir duBataclan. Une musulmane pleure. Un musulman exprime sa honte de ce que l’islam soit ainsi instrumentalisé par des criminels et dit même, fait extraordinaire, sa « honte » d’être musulman ! Un autre, près de la salle de concert, s’approche d’un couple visiblement endeuillé et lui demande son pardon ! La femme dira : « Cet homme est un brave homme ». J’ai entendu encore de nombreux musulmans dire leur fierté d’appartenir à la nation française et cela a commencé de faire basculer mes certitudes. Peut-être « le vivre-ensemble » finira-t-il par prendre sens.

§ Sur une station de radio, entendu vers 11h30 : « Après ces horribles événements, il faut se diversifier ». Naïf, je pense qu’il s’agit d’une diversification culturelle, voire spirituelle, voire d’une multiplication de nos capacités de réflexion… La voix ajoute : « Diversifions nos portefeuilles d’actions ». Je fais taire cette radio. On ne touche jamais le fond du puits de l’abjection.

Le 16/XI

 

Faits. Ce matin, assaut d’un appartement au centre de la ville de Saint-Denis, non loin de la basilique. Mitraillages, explosions… Une femme se fait exploser. Des djihadistes sont extraits (morts ou vifs ?) de l’appartement. On traque le commanditaire des assassinats du vendredi 13. La ville est paralysée. La journaliste qui rend compte des événements en temps réel s’est changée en « correspondant de guerre ».

À l’Assemblée, les députés s’écharpent entre eux. Comportements indignes, de ceux de droite notamment, qui ne se lèvent pas et au contraire hurlent et braillent au moment où le premier ministre évoque le courage des forces de sécurité, pompiers et services médicaux. Spectacle honteux d’une classe politique misérable.

Il est reproché au président de la République de n’avoir pas nommé, au Congrès de Versailles réuni ce lundi, notre véritable ennemi : les islamistes. Il ne peut s’y résoudre [¤]. Le dernier os idéologique lui reste en travers de la gorge. Le célèbre mot d’Albert Camus sur la nécessité de bien nommer les choses est fréquemment cité. Les bombardements sur Rakka se poursuivent entre Français et Russes.

[¤] Il dénoncera cependant, une fois au moins, « le terrorisme islamiste ».

Le 18/XI

Aperçus.

§ En ces temps de massacres de la population française, notre gouvernement ayant tourné casaque, à juste titre, établit pour trois mois (renouvelables) l’« état d’exception », qui permet des actions d’enquête et de police sous dispense des procédures réglementaires habituelles, beaucoup plus rapides et réactives par conséquent. Elles viennent d’ailleurs de donner lieu à la mise hors d’état de nuire, après plusieurs heures de combat, d’un nid de djihadistes retranchés à Saint-Denis. La censure de la presse reste elle aussi et encore à juste titre, non autorisée, ce qui n’empêche pas quelques irréductibles partisans des principes intangibles de s’élever contre la mesure au nom du respect de la liberté des citoyens. Mon avis : il me semble que la première et plus nécessaire des libertés du citoyen est son droit de rester en vie, donc d’être protégé.

§ Sous condition de confirmation (quoique j’aie reçu deux fois la même nouvelle par deux canaux différents), un iman de Brest enseignerait aux enfants (à quels enfants ?) que d’« écouter de la musique les changera en porcs ou en singes » – par « porcs », entendons « mécréants, croisés, nous les laïques républicains, par « singes », entendre « juifs »… Ce religieux, adepte des conceptions magiques et pas raciste pour deux sous, a certainement été éclairé des lumières d’Allah. Nous savons les religions comblées de mystères et de sortilèges. On s’interroge malgré tout : comment un tel personnage exerce-t-il paisiblement – et depuis quand ? – son ministère dans une mosquée établie sur le territoire de la république ?

§ L’un des derniers numéros du M, revue des bobos de la gauche révolutionnaire sur canapés, présente aujourd’hui le comédien Fabrice Lucchini sous la figure d’un cabot, mal fagoté qui plus est. Il était célébré pour sa fantaisie, son esprit agile et point trop encombré de barrières, ses reparties inattendues… Il fut « génial », en somme, comme l’est peu ou prou tout comédien hors du commun. Mais voilà… il s’est déclaré peu attiré par le socialisme, la pensée robotisée, et il est allé jusqu’à lire en scène Le Voyage, de L.F. Céline… Du cabotin amusant qu’il sait être par moments, le voici descendu au rang de cabot. Selon moi, son génie de surdoué n’est pas même effleuré par ces bassesses de plumitifs sans talent. Une mésaventure du même ordre est arrivée à Gérard Depardieu, autre comédien qui marquera son temps.

Le 20/XI

Réflexions.

 

§ Nous rencontrons les djihadistes, assassins de tout ce qui n’est pas eux. Nous nous berçons d’un vivre-ensemble auquel certains ne croient pas, auquel je me prends à croire un peu. C’est que l’Autre toujours a été difficile à concevoir, à saisir, à accepter. Socrate et Lao-Tseu se sont déclarés spontanément « citoyens du monde », ils étaient peu, c’est dire comme c’est difficile. Ces hommes-là n’ont à nous proposer que le mourir-ensemble. Avons-nous rencontré les premiers hommes superflus ?

§ Ces questions-ritournelles : – D’où venons-nous ? Où allons-nous ? –, prennent soudain couleur, voire importance. Dans mon esprit certes peu agile, tout massacre aveugle d’humains par d’autres humains pose l’interrogation de l’origine de cette pulsion de mort, la plupart du temps portée par une haine explicable ou non. D’où vient la pulsion ?… autrement dit : d’où venons-nous ? Je me remémore les images du « cerveau reptilien », et je ne suis guère avancé. Je n’ai jamais fait qu’imaginer en moi les appels de ce cerveau-là… Il m’a semblé que je ne le mettrai à contribution qu’au cas où ma vie serait menacée par une violence quelconque, et cela ne m’est jamais arrivé. Alors seulement je me suis imaginé tuant pour ne pas être tué : cela a même eu lieu dans mes rêves parfois, et c’est ce que j’ai conçu comme la plus extrême des violences à laquelle je puisse me livrer. Légitime défense, dit la justice. Mais peut-on juger de tous les hommes par ses propres propositions de vie ? Peut-on assigner des masses humaines à une identification aussi réduite ? Il y a sans aucun doute tout un champ de passions humaines à explorer. Et où s’arrête la compassion ?… où commence le désir (l’obligation) de réprimer et punir ? Nous venons, je crois bien, d’un ténébreux marécage originel où la peur a longtemps régné.

À l’autre question – Où allons-nous ? – réponses diverses et pas plus faciles. À l’enchaînement mortifère des crimes et des vengeances, puis des crimes successifs en réactions multiples des unes aux autres, à la guerre continuelle, en somme. Cela si nous ne punissons pas les assassins avec fermeté. Mais nous ne sommes pas dans ce chemin-là, trop d’obstacles s’y opposent : la mollesse et la lâcheté de nos dirigeants, par ailleurs mus d’abord par des intérêts électoraux ; notre hédonisme qui nous porte aux plaisirs de l’accord plutôt qu’aux disharmonies du conflit ; notre conscience plus ou moins floue d’appartenir à une civilisation qui en est une seulement parce qu’elle juge et corrige plus qu’elle ne châtie ; au fait que nous avons acquis cette conception bonne de la « vie bonne » dans et par la négociation des conflits… Nous avons, c’est vrai, en tant que société, franchi ce pas, sachant (plus ou moins consciemment) ce que coûtent (ce qu’ont coûté) les conflits du siècle précédent… Ils sont les seuls qui puissent encore nous mouvoir, car les guerres puniques appartiennent à la préhistoire, la guerre de Cent ans au folklore et celle de Trente ans ne nous a laissé aucun souvenir… ce qui est normal, ce fut une guerre religieuse et théologique, nous sommes devenus des laïques. Quant aux guerres napoléoniennes, n’ont-elles pas abouti à Waterloo ? Et puis, comment concilier la punition, le châtiment suprême [¤], l’éradication du mal avec le soutien au bien, la montée vers la vie bonne et heureuse ? Il va pourtant falloir se résoudre au combat (le président Hollande surprend en s’y montrant favorable et habile). Je me résous pour ma part à voir en lui un guerrier en dépit de son costume et de ses lunettes de petit fonctionnaire. Parviendra-t-il, avec de rares autres, à briser le cercle du mal avant que ne s’engage une guerre totale ? Je le souhaite. Je pense que cela est possible, quoique je reste circonspect. Nous allons là-bas où nous ne savons pas encore que nous allons.

[¤] Que veulent précisément nous infliger les djihadistes ? Je le redis : leur croyance, dussions-nous en mourir. Le Coran, dans chaque sourate, est semé des versets de la punition, j’en fournirai des exemples dans les prochains Carnets. Le socle du Livre est la peur, et non l’amour, comme le souhaiteraient de naïfs lecteurs musulmans que l’on trompe ou qui se trompent. Mme Denise Masson, sa traductrice, n’aurait pu, elle, se tromper à ce point, ou vouloir nous tromper.

Le 21/XI

 

# On nous amuse de babioles tricolores. Les Français se réunissent sous le drapeau, M. le Président (pitoyable dans ses tentatives de réunir quelques va-t’en guerre afin de créer une coalition anti-Daesh) leur recommande d’en fabriquer, d’en acheter, de les mettre à leurs fenêtres. Il y a un mois encore, ils étaient l’emblème de l’imbécillité footballistique, le gonfanon du chauvinisme, l’étendard du nationalisme le plus borné… Les voici promus par nos socialistes au rang de cache-misères : depuis qu’ils fleurissent partout, plus un mot du chômage, du bidonville de Calais, des noyés en Méditerranée, du relogement de nos SDF, de la dette publique… Un miracle du patriotisme.

L’AMF (Association des maires de France) conseille à ses ouailles de n’installer aucune crèche de Noël dans ou aux alentours de leurs mairies : « elles sont incompatibles avec la laïcité » (Le M, au 26/XI).Le Grand Orient de France est à la manœuvre, mais quelle maladresse ! : pour qu’ils s’émerveillent du nouveau-né entre le bœuf et l’âne, des rois mages, les enfants devront passer par l’église du lieu, ou se passer d’émerveillement. En revanche, ne paraissent pas incompatibles avec la laïcité les faits suivants : des dames déguisées en fantômes se promènent de plus en plus nombreuses dans nos rues, des messieurs en épousent plusieurs (cas de polygamie soigneusement occultés), pour certaines les obligeant à se convertir, l’opération en sens inverse n’étant pas tolérée par la loi musulmane (ce qui est parfaitement admis par l’administration française), fleurissent les commerces halal et cascher qui supposent une mort cruelle pour les animaux.

Le 26/XI

 

RIGOLADE HOUSE

Vient de s’ouvrir (pour se refermer aussitôt), à mon initiative, dans un lieu retiré de Paris, une nouvelle maison de plaisirs où sont tolérées diverses manifestations de l’humeur du jour, de la sensualité, des amours, plaisirs, colères et lassitudes réprimées par le Grand Robot Pensif. J’ai l’honneur de diriger cette maison de passe où l’on ne trépasse que de rire, où champagne et whisky coulent nuit et jour.

Les Définitions-Éclair.

BÂILLEMENT. Expression pertinente du sens de l’existence. Mettre la main devant sa bouche néanmoins.

BAISER. Échange de sécrétions salivaires favorisant les affections broncho-pulmonaires. De Judas : le seul explicable, car rationnellement motivé.

BÉBÉ. Il arrive qu’il soit jeté avec l’eau du bain, ce qui occasionne la perte d’un précieux liquide.

BÊTISE. Mieux partagée que le bon sens, le stock étant inépuisable. Il y en a donc pour tout le monde, pour moi y compris.

BIEN. Des optimistes le cherchent encore.

BIGAMIE. Redoublement de l’inconséquence. Enfer à la puissance deux. Suppose une excellente santé.

BONTÉ. « Notre bonté, c’est notre méchanceté qui dort » (Jules Renard, Journal [Quelque part dans le Journal].

BUT. Leurre qu’on se donne pour tâche de saisir ou d’atteindre. Errer sans but : sans doute le commencement de la vraie vie.

 

# Ce mois-ci, plus de quoi rire. Pas de quoi pleurer non plus, Ovide, depuis longtemps déjà, dans Les Tristes, nous en a donné la raison : « Les pleurs ont aussi leur volupté ». Ce n’est vraiment pas le moment.

Fermons donc pour un temps les portes de Rigolade House.

# Je ne peux m’en empêcher !

Je vais me moquer. C’est formellement déconseillé : « Ô vous qui croyez ! / Ne prenez pas pour amis / ceux qui considèrent votre religion comme un sujet de raillerie et de jeu / parmi ceux auxquels le livre a été donné avant vous, / et parmi les impies. / Craignez Dieu ! / Si vous êtes croyants ! (Coran, Sourate V, v.57).

Donc nous ne serons pas amis, tant pis pour moi. Peut-être même serai-je puni… En Arabie Saoudite, en Syrie, on me trancherait la gorge. Mon inquiétude est celle-ci : que pense et fait la jeune vierge lorsque se présente son martyr tout droit monté de son appartement de Saint-Ouen ou de l’abîme musical infernal du Bataclan. Il a fait exploser sa ceinture de dynamite. Elle le reçoit en quatre ou dix morceaux, ceux que l’on a pu retrouver, le reste s’étant volatilisé ! Que va-t-elle bien pouvoir faire de lui ? Et… c’est affreux ! L’essentiel a disparu, cet objet qui doit servir à ce qu’elle cesse d’être vierge… Mais Allah est grand, il aura inventé quelque tour digne des contes d’Aladin pour remédier à l’inconvénient. Allah est miséricordieux, il aura pitié de notre vierge. Nul n’en doute du Bosphore à Marrakech.

Le 27/11

 

Michel Host

 


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A propos du rédacteur

Michel Host

 

(photo Martine Simon)


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Rédacteur. Président d'honneur du magazine.


Michel Host, agrégé d’espagnol, professeur heureux dans une autre vie, poète, nouvelliste, romancier et traducteur à ses heures.

Enfance difficile, voire complexe, mais n’en a fait ni tout un plat littéraire, ni n’a encore assassiné personne.

Aime les dames, la vitesse, le rugby, les araignées, les chats. A fondé l’Ordre du Mistigri, présidé la revue La Sœur de l’Ange.

Derniers ouvrages parus :

La Ville aux hommes, Poèmes, Éd. Encres vives, 2015

Les Jardins d’Atalante, Poème, Éd. Rhubarbe, 2014

Figuration de l’Amante, Poème, Éd. de l’Atlantique, 2010

L’êtrécrivain (préface, Jean Claude Bologne), Méditations et vagabondages sur la condition de l’écrivain, Éd. Rhubarbe, 2020

L’Arbre et le Béton (avec Margo Ohayon), Dialogue, éd. Rhubarbe, 2016

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Mémoires du Serpent (roman), Éd. Hermann, 2010

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Carnets d’un fou. La Styx Croisières Cie, Chroniques mensuelles (années 2000-2020)

Publication numérique, Les Editions de Londres & La Cause Littéraire

 

Traductions :

Luis de Góngora, La Femme chez Góngora, petite anthologie bilingue, Éd. Alcyone, 2018

Aristophane, Lysistrata ou la grève du sexe (2e éd. 2010),

Aristophane, Ploutos (éd. Les Mille & Une nuits)

Trente poèmes d’amour de la tradition mozarabe andalouse (XIIe & XIIIe siècles), 1ère traduction en français, à L’Escampette (2010)

Jorge Manrique, Stances pour le mort de son père (bilingue) Éd. De l’Atlantique (2011)

Federico García Lorca, Romances gitanes (Romancero gitano), Éd. Alcyone, bilingue, 2e éd. 2016

Luis de Góngora, Les 167 Sonnets authentifiés, bilingue, Éd. B. Dumerchez, 2002

Luis de Góngora, La Fable de Polyphème et Galatée, Éditions de l’Escampette, 2005