Apollon dans la poussière, Thomas A. Ravier (par Jean-Jacques Bretou)
Apollon dans la poussière, mai 2019, 257 pages, 18 €
Ecrivain(s): Thomas A. Ravier Edition: Léo Scheer
Christian Gambe est architecte, son épouse Madeleine Avemo, cantatrice. Un soir, alors que Madeleine est acclamée pour sa performance, son mari vient la chercher dans une Porsche de collection achetée le matin même. La cantatrice ne résiste pas à prendre le volant mais, triste fatalité, la voiture termine sa course encastrée dans un mur. Tandis que Christian sort presque indemne de cet accident, son épouse est emmenée à l’hôpital entre la vie et la mort. Elle s’en sort après une longue hospitalisation mais ne peut plus chanter. Elle gardera de la rancune envers son mari.
Ce dernier qui a accepté de réaliser la commande d’une richissime hollandaise catholique : un cimetière où toutes les tombes seront réalisées en verre feuilleté, rend, par ailleurs, visite à son frère écrivain, Clarin (alias Julien Mellismo), interné dans le Sud. Par un hasard inexpliqué, notre architecte se retrouve en possession de la mystérieuse bague, une grosse topaze montée sur or, de son frère dans sa poche. Alors que cette dernière va circuler de personne en personne, de doigt en doigt, d’incompréhensibles évènements vont avoir lieu.
Le titre de ce livre est dû à Apollon. Une de ses représentations que Madeleine confond avec celle d’Orphée se tient sur le toit de l’opéra Garnier. Elle symbolise la musique, l’architecture, tandis qu’une autre statue représente la poésie. La poussière est ce dont nous sommes faits et où nous retournerons d’après les écritures. Le mécanisme qui anime ce livre est d’une précision diabolique. Inéluctablement nous sommes happés par un mouvement qui va s’accélérant jusqu’à sa fin.
Des personnages s’invitent et impriment à ce livre son originalité. Cela va du Mistral que l’on a déjà pu voir à l’œuvre dans Fantasque, autre livre de Ravier, avec Julien Mellismo comme héro récurrent. Il y a Tintin et surtout la momie de Rascar Tapac du titre Les Sept boules de cristal, et puis la fameuse ligne claire de Hergé qui est la marque de tout un style. Du début jusqu’à la fin, avec ou sans sa soupe de poireaux, Marguerite Duras, figure d’un certain féminisme et d’un style littéraire, est présente. On peut y voir une représentation des rapports hommes-femmes et l’une des raisons de l’échec que peut former ce duo.
Ce livre est à la fois un exercice de style, conjugué au présent et un excellent polar. Thomas A. Ravier est sans doute l’un de nos auteurs les plus inventifs, proche un certain temps de Philippe Sollers, il a pu aussi écrire sur Booba, le rappeur, et McEnroe, le tennisman.
Jean-Jacques Bretou
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