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A propos de "Le vent du Nord" de Tarjei Vesaas

Ecrit par Michel Host le 04.02.16 dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Le vent du Nord, Tarjei Vesaas, La Table Ronde coll. La petite vermillon, janvier 2015 (1), trad. norvégien Marthe Metzger, avant-propos Jean-René Van Der Plaetsen, 270 pages, 441 pages, 8,70 €

A propos de

Le Sens ?

« Je suis homme : je dure peu

et la nuit est énorme ».

Octavio Paz, Arbre au-dedans

On perd élan et patience à méditer ce fait que les Français, lecteurs comme éditeurs, marquent si peu d’intérêt pour la nouvelle (2). Ils préfèrent le roman, c’est leur droit. Mais ils ne savent pas ce qu’ils manquent à être à ce point incurieux de l’acéré, du cruel ou du joyeusement sublime de ce genre bref et sans réplique. Pour moi, j’ai lâché la rampe au milieu des années 90. Il y eut des cocktails, des réunions, des colloques, de discrets symposiums de nouvellistes offusqués… Furent échangés arguments tranchants, avis pertinents, objurgations, plaintes, protestations (3) et jusqu’à des plaidoiries émouvantes… On évita de justesse deux suicides ! Un éditeur manqua être assassiné à coups d’aiguilles à tricoter. Mais quoi, rien n’y a fait, la nouvelle n’est toujours pas rentrée en grâce. C’est pourquoi, sans autre forme de procès, je m’arrête sur l’extraordinaire recueil du norvégien Tarjei Vesaas (1897-1970).

On perd élan et patience à méditer ce fait que les Français, lecteurs comme éditeurs, marquent si peu d’intérêt pour la nouvelle (2). Ils préfèrent le roman, c’est leur droit. Mais ils ne savent pas ce qu’ils manquent à être à ce point incurieux de l’acéré, du cruel ou du joyeusement sublime de ce genre bref et sans réplique. Pour moi, j’ai lâché la rampe au milieu des années 90. Il y eut des cocktails, des réunions, des colloques, de discrets symposiums de nouvellistes offusqués… Furent échangés arguments tranchants, avis pertinents, objurgations, plaintes, protestations (3) et jusqu’à des plaidoiries émouvantes… On évita de justesse deux suicides ! Un éditeur manqua être assassiné à coups d’aiguilles à tricoter. Mais quoi, rien n’y a fait, la nouvelle n’est toujours pas rentrée en grâce. C’est pourquoi, sans autre forme de procès, je m’arrête sur l’extraordinaire recueil du norvégien Tarjei Vesaas (1897-1970).

Le vent du nord, disons-le d’emblée, est magnifiquement traduit par Marthe Metzger. Je veux dire dans une langue sans apprêts ni artifices, ni tours recherchés à la française, langue simple, quotidienne comme l’existence humaine que décrit l’auteur. Nul besoin de connaître le norvégien pour savoir que cette traduction est belle et fidèle.

L’avant-propos de Jean-René Van der Plaetsen nous parle de « lyrisme d’un Camus » – c’est osé ! –, de « défense de la solidarité collective », de « survie » dans une nature brutale et menaçante… du « diable [qui] rôde jusque sous la magnifique lumière boréale », de « littérature de l’abîme ». Là, oui, si l’abîme se creuse en la personne humaine et non sous ses pieds. M. Plaetsen parle à la manière des professeurs, comparatif et hyperbolique, il nous apprend peu et ne pénètre que superficiellement la matière écrite.

Tarjei Vesaas ne va pas aux abîmes, mais aux profondeurs inquiètes de la pensée, à celles du cœur heureux ou souffrant, dans une nature certes difficile, mais dont l’homme, la femme, l’enfant s’accommodent. Il va au sens des choses de cette vie, celui que chacun tente de découvrir pour soi-même, à la mesure de ses facultés et de son expérience. Ce sens que Macbeth cherche en vain dans le récit d’un idiot, tout de bruit et de fureur,  dans l’insignifiant par conséquent (4). Quête de la signification de l’insignifiant ? Non… du quotidien discret ! C’est cela que je trouve au cœur de ce recueil établi dans l’ordinaire des jours et qui veut en tirer l’extra-ordinaire. L’effet est celui d’une déflagration sourde et lente.

La première nouvelle surprend en ce qu’elle diffère de toutes celles qui la suivent. Elle est leur « préface », une fable transparente : La fourmi intrépide, c’est l’humain que rien n’arrête, qui creuse, amasse, ronge, tue et manque être tué, qui détruit et reconstruit. Sous l’image entomologique, notre image. On ne dira pas que Vesaas cherche l’originalité à tout prix. Sa fourmi est hyperactive et « sa réserve de colère » lui permet de vaincre, d’avancer, « d’aller de l’avant » sans cesse, jusqu’à « accomplissement de son destin ». Fable sans mystère, donc : nous marchons à l’aveuglette et, si nous faisons halte, s’ouvre « l’abîme », en effet, et dès lors nous voulons voir, entendre, nous assurer d’une possibilité de sens.

Sans aller à chacune de ces nouvelles, retenons que toutes nous apportent un regard, une intuition, parfois l’indécision même des choses qui sont en nous autant qu’elles nous environnent. Il en est de tragiques, de mystérieuses, et certaines possèdent la beauté fulgurante de la vie dans son énergie, sa puissance désirante.

Terrible cette confrontation d’un père et d’une mère aux très modestes moyens avec la maladie de leur fils de six ans. C’est Le cavalier sauvage. Il faut se rendre en ville, à la clinique… Le petit Svein entreprend avec son père « un voyage dont ils ignorent les détours et dont personne ne connaît le but ». On n’a pas les vrais moyens de comprendre. L’enfant est heureux cependant, leurré par le plaisir du périple vers l’inconnu. Son père veut lui faire le cadeau d’une voiture-jouet. À la fin paraît « l’invraisemblable » si vraisemblable. Une joie aussi se fraye un chemin dans le silence. « De quoi suis-je fait ? – songe le père. Émouvant, certes, mais surtout un brouillard commence à se dissiper. L’art du nouvelliste est de ne pas dire en usant du marteau des mots. Il préfère deviner et laisser deviner.

Les fillettes occupent une grande place dans le recueil. L’une, « la petite fille », bien petite sans doute, désire le bonhomme de pain d’épice accroché à une branche de l’arbre de Noël. Ce n’est ni le moment ni l’heure. Patience infinie, endurance du désir : ce que fillette veut… Ne savait-elle pas « que les forces secrètes qu’elle percevait agissaient pour elle » ? Dans l’instant qui passe, dans la crainte d’être surprise, cette « toute petite fille » se laisse aller à la tentation, et déjà « elle savait tout, tout, jusqu’au fond des choses ». Dans ce premier corps-à-corps avec le monde, la toute petite fille vainc le monde qui demeure pourtant son allié. D’une éblouissante pénétration !

Les choses sont plus difficiles pour Berit, quatre ans, « une enfant de l’été », dans L’anniversaire. Son père la choie, sa mère est contente mais se réserve de veiller au sérieux des choses. C’est « une paire de socquettes d’une blancheur éclatante » que papa a offertes à Berit – Merveille ! – à l’ancienne manière, celle des gens point trop argentés, pareils à ceux qui aujourd’hui se saignent aux quatre veines pour offrir à leurs enfants des robots chinois de matière plastique d’une effrayante laideur. Les socquettes de Berit « faites avec de la laine d’agneau blanc », comblent les attentes de tous. Papa et Berit dansent et rient ensemble, maman est heureuse et elle attend un nouveau bébé. Mais même à quatre ans, l’humain reste lui-même : le monde doit admirer le magnifique présent. Berit sort donc pour se faire admirer de Kari et de son petit frère Tor, enfants du voisinage qui d’ordinaire la tiennent à l’écart de leurs jeux. C’est Tor qu’elle trouve, plongé dans le malheur de s’être sali les culottes… Tor ne pense qu’au gâteau de l’anniversaire. Berit le gronde et en même temps lui prend la main pour l’emmener chez elle, le laver, le consoler… Elle a aussi l’intention de lui appliquer la correction qu’il mérite. Chemin faisant, les chaussettes blanches s’enfoncent dans les fondrières boueuses, perdent leur virginité. Berit doit oublier cette luxueuse blancheur, mais elle trouve bien mieux, quelque chose à quoi elle n’avait jamais pensé. Elle rencontre ce qui va au-delà de son innocente vanité, et qu’elle énonce dans toute la spontanéité de ses quatre ans. Elle vient de faire son premier pas, les chaussettes ont perdu leur éclat. L’âme de Berit en est illuminée. Admirable nouvelle !

Aucune ne laisse indifférent, ce sont des noix fraîches dont il faut décoller le brou, casser la coque… Le petit Trask nous emporte vers l’école : sa jeune maîtresse y subit sa première inspection. Le jeune garçon, quoique muet à son pupitre, la subit avec elle et peut-être plus violemment qu’elle. Elle va se noyer, il sera son sauveur. Il l’aime, sa maîtresse. Elle néglige cependant de l’interroger devant l’inspecteur, lui qui a tout appris par cœur. La chose va mal. La classe tente aussi de soutenir la maîtresse qu’elle sent au bord du naufrage. Enfin elle interroge le petit Trask ! Elle se sauve ainsi, il la sauve. Il se donne tout à elle, l’enfant amoureux. Tarjei Vesaas inaugure ici, dans le recueil, le discours sans paroles, la sous-conversation, dont il s’avère bientôt le maître. Histoire d’amour, oui, histoire d’amour ! Comme pour l’histoire de Berit, on voudrait dire : « Récit touchant ! » C’est bien plus que cela, l’ouverture à la passion de la vie dans le soin de l’Autre.

On voit aussi que ces séquences ne s’enchaînent pas au petit bonheur, le nouvelliste a architecturé avec soin cette maison ou ce village des hommes. Il se présente une pensée énigmatique avec Le blé qui vient. Ce blé est ce dont on se nourrit. C’est sans doute aussi tout autre chose que du blé, une sorte de métaphore mêlée de fable. Le blé « voyage » vers les hommes. Pas ici d’énoncé des grands principes démocratiques, des générosités formelles… les drapeaux des droits de l’homme ne flottent pas à tous vents. Rien que le travail du blé et les hommes pris dans ce travail. Nous repensons à la « fourmi intrépide » du commencement. Elle n’a pas quitté les lieux.

Dans Samedi soir, nous retrouvons la jeune Berit désormais accompagnée d’une petite sœur. Les soirées sont longues et travailleuses dans la campagne norvégienne. Sigrid, la maman, dans la grange, est occupée jusqu’à la nuit à on ne sait quels travaux. Papa est tiraillé entre le devoir de surveiller le bain des petites et d’aller chercher son épouse, « trop seule » peut-être. Au centre de la ferme, le travail dont le sens finit par échapper tant il accable les esprits, les corps… « Nous ne faisons rien d’autre que travailler, et nous presser pour travailler encore ». Les peurs soudaines dues à la mobilité des sentiments, aux jeux de la lumière et de l’ombre. Soirée inquiète sous les apparences d’un immuable quotidien. Troubles, confusions d’un instant. Puis, à la nuit, la réémergence de la confiance : « Viens ! À présent, il n’y a plus que toi ! »

Le petit être sans nom est le récit même de l’irrémédiable de l’abandon. Récit bref et tranchant. Tragique, quoique Vesaas se garde de succomber à un pathétique de convention. Il tient les deux bouts du fil que tissent les Parques. Pour l’un, les « ténèbres » de l’obscur péché, l’effacement de la fautive… avec ce jugement sans appel : « Tant de choses peuvent se produire dans un pays profané… » ; pour l’autre, non pas les ciseaux de Lachésis, mais ce « petit être nu qui n’a pas succombé pendant la nuit… qui attend quelque chose qu’il ignore », son doigt ayant tracé « une toute petite courbe dans l’immensité du ciel… Et, malgré tout, la petite courbe a été tracée d’est en ouest… » Toutes les époques de l’homme, et la nôtre plus délibérément encore, ont « profané » la vie. Tarjei Vesaas ne croit pas, il me semble, que l’irrémédiable soit définitif.

Les trois nouvelles conclusives acquièrent un relief saisissant. Le Redoux a pour axe narratif le temps interminable que met la chatte Trine à mettre bas ses petits. C’est imminent, mais cela ne se produit toujours pas. Autour de la chatte tournent Gunhild, son père (parti au travail et dont elle est la préférée), sa mère et Ase, la petite bonne. Dans l’impatience et l’agacement général Trine est à la fois le miroir des tensions familiales, l’image pesante (combien de chatons cachés dans son ventre ?) des non-dits sur lesquels se sont établies les relations familiales : Trine dort, elle ne fait que dormir, attendant le dégel pour se délivrer, ce à quoi l’on n’a pas pensé. Tout pourrait exploser d’un instant à l’autre, il faut que cette chatte mette bas. Que cessent les tensions et que s’éloigne ce monde irrespirable. Il faut faire peur à Trine. Cela la décidera. Gunhild fait tomber un vase très lourd et sa plante tout près de la chatte qui ne s’en trouve pas affectée. Mais l’ordre ordinaire a été brutalement rompu : Gunhild est entrée dans ce qu’elle appelle « le péché ». Maman est furieuse, elle parle de mettre la chatte dehors, dans l’air encore froid du printemps qui tarde lui aussi. Un abcès va crever. Il concerne papa, maman et Gunhild. Le lien entre le père et sa fille pèse à la mère. Quelque chose à nouveau n’est pas dit, qui va se dénouer pourtant. Les troubles sentiments remontent comme des bulles du fond du marais de « cette journée maléfique », sous forme de mots, dans les soins qu’il faut apporter à la chatte. Des choses enfin se diront entre le père et la mère. Dans la nuit, Trine donne naissance à ses quatre chatons, dans le lit de Gunhild.

Non moins explosive, mais plus lumineuse et presque merveilleuse est l’histoire de ce très jeune homme, Arne, qui monte dans un autocar en plein mois de juillet. Attendant à l’arrêt, il voit passer des pelotons de jeunes cyclistes, toutes des filles qui filent dans la direction qu’il prendra. « Tout cela est bien singulier, dénué de tout sens, de tout sens, songeait Arne. Ce n’est pas naturel. Pourquoi faut-il qu’elles ne fassent qu’apparaître et disparaître ; qu’elles appartiennent toujours à d’autres lieux ? » Arne ne connaît ni le sens, en effet, ni ce qui est naturel ou ne l’est pas, ni la subtile prégnance des lieux… L’autocar arrive. Tout au fond sont regroupées d’autres jeunes filles, du même groupe semble-t-il que celui des cyclistes.

Le hasard des places occupées fait que l’on doit se serrer, les demoiselles font une petite place à Arne : « Il ne connaissait rien aux jeunes filles. Qu’il était donc singulier de sentir une jeune vie tout contre soi ! »

Tout commence ici. On ne le sait pas encore. La jeune Liv, serrée contre Arne, ne connaît rien aux jeunes gens elle non plus. La petite troupe s’amuse de la situation imprévue, moque Liv, les sous-entendus volent dans l’air étouffant du car. Liv voudrait parler avec Arne, Arne ignore encore qu’il le voudrait aussi. Troublants instants. On se parle, sans aucun doute, mais sans mots, par regards et brefs mouvements des corps, par les silences mêmes, et indirectement par les allusions voilées ou moins voilées des compagnes de Liv. « …une autre conversation suivait son cours dans la voiture, une conversation singulière, sans paroles, sans gestes ». Une conversation balbutiante, de bribes et de morceaux, interrompue et renouée dix fois. Cette sous-conversation, Tarjei Vesaas en possède la maîtrise absolue, elle est donc admirable. C’est d’une beauté qui tient à la vérité de l’existence. Tout lecteur qui a vécu sa pleine adolescence ne peut ici que se reconnaître. Contre toute attente, dans une décision muette et partagée, Arne et Liv descendent de l’autocar, à un arrêt inconnu, dans une campagne inconnue. Au hasard de leur désir. Ils se sont compris avec la plus grande clarté : « Caresse-moi ! Caresse-moi !… Il faut que nous en sachions plus l’un sur l’autre ». « C’est aujourd’hui que l’événement s’accomplissait… » Arne et Liv vont s’approcher du sens, du naturel, de la vie autrement continuée. « Je te connaîtrai tout à fait », murmure Arne. « – Alors, viens, Arne… » On pourrait ici, je crois, parler d’émotions, de regrets pour ceux qui y sont sensibles, d’heureux échos du temps pour ceux qui ont assez d’oreille, de mémoire, pour les entendre encore…

Avec Tusten se clôt ce recueil magnifique et inattendu. Nous montons encore vers les forêts nordiques. Brève nouvelle. Longue histoire. Tusten (Le Benêt) vit dans une modeste maison des bois, y survit plutôt, avec sa sœur. Quoique bûcheron, il a peu de travail. Il est d’assez faible constitution, environné d’hommes grands et forts qui sont plus demandés que lui. Un patron l’approche pourtant, un de ces hommes puissants qui d’ordinaire l’infériorisent : celui-ci l’appelle par son nom véritable – Mattis –, non par son sobriquet, « comme si de rien n’était ». Il lui propose de couper du bois dans une région éloignée, que Mattis connaît à peine. Mattis accepte, rempli de fierté et de joie. Muni de provisions, il gagne forêts et marais, va repérer les arbres « marqués » qu’il lui faudra couper. Il est heureux autant que fier : « On lui avait parlé ». Le patron lui a confié la clé de la cabane où il dormira pendant la période de travail. Son chez lui improvisé. « Ne suis-je pas un homme ? » pense Mattis. Il se précipite au chantier, se lance aussitôt dans l’abattage des arbres. Il a présumé de ses forces, il devra ralentir la cadence. Tout ira sans doute moins vite que prévu. Il se met à rêver pourtant à une vie future… à une femme, à des enfants. Par moments, il se décourage. Qu’aura-t-il à offrir à une jeune fille ? Mais les escargots, les grives l’escortent… Tusten reprend courage et trouve des forces nouvelles. Il songe : « C’est dans le bois de bouleaux que réside le secret de la vie… C’est là que je veux établir ma demeure ! » Certes, il va son train. Plus rapide maintenant, mais pas assez peut-être. Le patron vient le visiter. La conversation est difficile : Tusten-Mattis se sent jaugé, jugé sur son travail. L’agressivité de l’humilié affleure, le quiproquo… « L’homme » a jugé et compris : « Inutile de vouloir trop en faire le premier jour ». Puis : « Si tu trouves le travail trop pénible, il vaut mieux le dire tout de suite ». Délivrance. C’est un « Tu peux continuer ». Le soir venu, devant son lard frit et le feu de cheminée, Tusten-Mattis se fait la conversation : « Eh oui !… on a l’impression de renaître à une vie nouvelle… Ce doit être ainsi au ciel. Là aussi, on m’appellera Mattis ». Sa dignité retrouvée sur terre et jusque dans les hauteurs célestes, la fourmi humaine, intrépide malgré sa crainte du monde, vainc les obstacles, puis accomplit son destin. Ai-je lu un jour quelque chose de plus vrai au sujet du sens ? Non. Je crois bien que non.

 

Michel Host

 

(1) Il s’agit d’une réédition, le recueil ayant été publié en 1952 et 1993, à La Table Ronde

(2) À l’exception, semble-t-il, de la nouvelle anglo-saxonne, certes excellente, mais nullement « meilleure » selon moi

(3) Pour mémoire, quatre ouvrages notoires : Pour la nouvelle, Ed. Complexe, 1990 (probablement difficile à trouver !), 131 Nouvellistes contemporains par eux-mêmes, Ed. Manya, 1993, La nouvelle française contemporaine, Annie Mignard, Ministère des affaires étrangères, 2000, La nouvelle de A à Z, René Godenne, Ed. Rhubarbe, 2008

(4) Macbeth, Acte V, scène 5

 

Auteur de Palais de glace, Les Oiseaux, Le Germe, Tarjei Vesaas (1897-1970) est l’un des plus grands écrivains norvégiens du XXe siècle. Son œuvre est dominée par les thèmes existentiels du Mal, de l'Absurde, ainsi que par l'omniprésence de la Nature. Elle se caractérise par une forte dimension symbolique et onirique.

 


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A propos du rédacteur

Michel Host

 

(photo Martine Simon)


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Rédacteur. Président d'honneur du magazine.


Michel Host, agrégé d’espagnol, professeur heureux dans une autre vie, poète, nouvelliste, romancier et traducteur à ses heures.

Enfance difficile, voire complexe, mais n’en a fait ni tout un plat littéraire, ni n’a encore assassiné personne.

Aime les dames, la vitesse, le rugby, les araignées, les chats. A fondé l’Ordre du Mistigri, présidé la revue La Sœur de l’Ange.

Derniers ouvrages parus :

La Ville aux hommes, Poèmes, Éd. Encres vives, 2015

Les Jardins d’Atalante, Poème, Éd. Rhubarbe, 2014

Figuration de l’Amante, Poème, Éd. de l’Atlantique, 2010

L’êtrécrivain (préface, Jean Claude Bologne), Méditations et vagabondages sur la condition de l’écrivain, Éd. Rhubarbe, 2020

L’Arbre et le Béton (avec Margo Ohayon), Dialogue, éd. Rhubarbe, 2016

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Mémoires du Serpent (roman), Éd. Hermann, 2010

Une vraie jeune fille (nouvelles), Éd. Weyrich, 2015

Carnets d’un fou. La Styx Croisières Cie, Chroniques mensuelles (années 2000-2020)

Publication numérique, Les Editions de Londres & La Cause Littéraire

 

Traductions :

Luis de Góngora, La Femme chez Góngora, petite anthologie bilingue, Éd. Alcyone, 2018

Aristophane, Lysistrata ou la grève du sexe (2e éd. 2010),

Aristophane, Ploutos (éd. Les Mille & Une nuits)

Trente poèmes d’amour de la tradition mozarabe andalouse (XIIe & XIIIe siècles), 1ère traduction en français, à L’Escampette (2010)

Jorge Manrique, Stances pour le mort de son père (bilingue) Éd. De l’Atlantique (2011)

Federico García Lorca, Romances gitanes (Romancero gitano), Éd. Alcyone, bilingue, 2e éd. 2016

Luis de Góngora, Les 167 Sonnets authentifiés, bilingue, Éd. B. Dumerchez, 2002

Luis de Góngora, La Fable de Polyphème et Galatée, Éditions de l’Escampette, 2005