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Quatre poèmes du Montreur d’ombres par Clément G. Second

Ecrit par Clément G. Second 29.06.15 dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Quatre poèmes du Montreur d’ombres par Clément G. Second

 

 

 

 

Les loups ne chassent plus entre les cils du jour

Secrètement passés où naissent les regards

y flairant des larmes charrieuses de cendre

ils traversent nos mains égarées sur eux

pour tenailler l’aube au risque du ciel

Leurs empreintes sans fond traquent des lointains

après qu’ils ont fini de suspendre à nos cous

leurs crocs de chaux passés au râpeux des peines

Et nous de leur montrer, déçus des biais et des sommes

la grisaille accrue de nos tentatives

– même à l’albinos au jumeau de la neige

sur lequel écrire est un long détour

 

Là où les sapinaies lèguent des rivières

avant de monter se dissoudre en brume

des frênes arqués bientôt les remplacent

riverains des eaux comme venant d’en naître

passants immobiles d’un après-midi

L’énigme qui nouait la vue se desserre

l’écarte à sa guise une grâce essaimeuse

d’écorces incisées de fauves paupières

rameaux dont la voie perce les épaisseurs

Et le soleil bleu persuade le regard

qui embrasse la fuite évasive des pentes

de ce val ébréché par un autre horizon

 

Les mots prennent du poids le soir

quand les joueurs pour la veillée les tombent

et que le vent tressaille entre deux airs

de l’avant-nuit tardive à démarrer

qu’aucun éclat de voix ni de rire n’enflamme

Semblables de toujours et inattendus

ils prennent nouveau corps d’une densité mate

Leur non-rebond leste les heures lentes

le long des bâillements des chiens sans besogne

l’œil mi-clos, haletants après les mêmes rêves

où de calmes oiseaux sautillent de l’un à l’autre

jusqu’au petit matin giboyeux d’envolées

 

Embardée du sommeil Tressaille  la mémoire

fidèle répandue dont la voie se ravive

à la vue d’un éclair juché sur la nuit-pente

qu’il éperonne au plus enchevêtré du ciel

pour l’écarter bientôt d’aubes ensevelies

Mémoire qui travaille aux rosaces du gel

qui va désengourdir leurs fontaines fasciées

Souvenir-survenir de matins de rosée

certitude de sève aux fourches des vergers

poignant de leur douceur ceux-là qui toujours aiment

exposer au soleil retenu dans les branches

un peu de la rumeur que rien ne luit jamais

 

Clément G. Second

 


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A propos du rédacteur

Clément G. Second

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Écrit depuis 1959 : poèmes (sortes de haïkus qu’il préfère nommer Brefs, sonnets, formes  libres), nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement.

Plusieurs ouvrages en cours ou achevés, parmi lesquels, en poésie,  Porteur Silence (2017 aux Éditions Unicité de François Mocaër), Encres de songerie (2018) et Ce qu’avoue la lisseur des choses suivi de Reprise (2020) chez le même éditeur..

Longtemps en retrait des échanges littéraires, a commencé en 2013 à collaborer à diverses revues pour l’ouverture et le partage : publications  dans Le Capital des Mots,  La Cause Littéraire, Décharge, 17secondes, Écrit(s) du Nord, Incertain regard, Lichen, Littératures brèves, N47, Neiges (site Landes), Nouvelles d’Harfang, Paysages écrits, Revue Pantouns, Terre à Ciel, Verso.

Réalisations avec Agnès Delrieu, photographe (revues, blog L’Œil & L’Encre http://agnesdelrieu.wix.com/loeiletlencre)

Proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise), où « Une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».

 

Son blog : Carnets de flottaison CF. https://carnetsdeflottaison.blogspot.com/