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Périple (suite) - 4, 5, 6 et 7/7

Ecrit par Clément G. Second 27.05.14 dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

Périple (suite) - 4, 5, 6 et 7/7

 

 

 

 

4

 

Réunis nous ne sûmes jamais nous défaire

De l’énigme excluant du cap un horizon

Celui-là seul où terre et ciel s’interpénètrent

Par de ces mers vibrées de leurs jeux rayonnants

Lit médian pressenti dès avant le voyage

Au fil de nos regards sur les appareillants

Jusqu’au matin où nous comprîmes que le nombre

Ne pouvait qu’épuiser nos tensions vers cela

Et que chacun devait sur des flots de gésine

Poursuivre seul sa course aux rares accessions

Dans cet inévitable et dur décroisement

Les uns furent soumis à l’épreuve des airs

Admis sur des esquifs effleurant un espace

À peine envisagé Les autres demeurèrent

Trois parmi nous s’étant avérés singuliers

L’autre moitié se retira de ce poème

 

5

 

Il Elle assouvissant sa soif à contre-mer

Saumonnerait vers quelle embouchure en amont

Sans encore approcher de ses complémentaires

Mais prolongeant de soi une conserve à deux

Où sous l’écrin d’un texte on lirait sa filière

Jusqu’à y recueillir un secret de secrets

Avant de repartir serein et connaissant

En neuve unicité dans le sens éclairant

La barque la voilure et la boussole sèche

La proue lasse soustraite aux erres vacillées

Par un grand soleil chu dans la nuit noir marine

L’une en l’autre assumant ses afflux houle et foule

Déclinerait Sud Nord embellis de ces passes

Trop contournées pour son zèle inatermoyant

À et hors de portée du sommeil des abysses

Elle Il aimanterait son périple à l’Orient

 

6

 

Tu chanteras dressé sur le flanc de la mer

Oui tu exulteras sauvé des circulaires

Ayant réalisé que la subtile aiguille

Visait non seulement le grand-mât de la terre

Mais solidairement la vergue à lui croisée

Car tu auras laissé aux hasards leur mystère

Et saisi que ta voie était de remonter

Les écrits du soleil sur ces bleues longitudes

Son jeu d’amour avec la Méditerranée

Jouant la fluidité des vagues et de l’air

Tu gagneras dans les roulis la certitude

De résigner ces eaux comme on change de vie

Pour être revêtu d’un plus profond désert

Chez des peuples d’accueil devenus tes amis

Chacun ton différent ton frère aux villes d’ombre

Où tu séjourneras avec ta femme claire

 

7

 

Pour moi tardif mais propre à fouler l’or du sable

Voici l’heure et le lieu de prendre la parole

Laissant si loin déjà ma barque aux gens d’un port

Mieux aimé que le mien Dans les failles qui s’ouvrent

Par quel chemin ténu doubler de hauts virages

Les pèlerins pulvérulents qui s’y enfoncent

Entrevoient-ils assez comment y progresser

Vers l’autre bout du vent plus tard l’urgent peut-être

De m’ensoleiller l’âme avant de repartir

Grand Ouest en compagnon de ces grises lumières

Bivouaquant aux croisées où la belle apparence

Se configure à son besoin de vérité

Où l’Épouse rabat du ciel des incendies

Éclaireurs chaque fois de grands yeux consumés

Mais je me tais ici la fin reste au poème

Que le silence ou non soit seul à l’habiter

 

Clément G. Second

 


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A propos du rédacteur

Clément G. Second

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Écrit depuis 1959 : poèmes (sortes de haïkus qu’il préfère nommer Brefs, sonnets, formes  libres), nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement.

Plusieurs ouvrages en cours ou achevés, parmi lesquels, en poésie,  Porteur Silence (2017 aux Éditions Unicité de François Mocaër), Encres de songerie (2018) et Ce qu’avoue la lisseur des choses suivi de Reprise (2020) chez le même éditeur..

Longtemps en retrait des échanges littéraires, a commencé en 2013 à collaborer à diverses revues pour l’ouverture et le partage : publications  dans Le Capital des Mots,  La Cause Littéraire, Décharge, 17secondes, Écrit(s) du Nord, Incertain regard, Lichen, Littératures brèves, N47, Neiges (site Landes), Nouvelles d’Harfang, Paysages écrits, Revue Pantouns, Terre à Ciel, Verso.

Réalisations avec Agnès Delrieu, photographe (revues, blog L’Œil & L’Encre http://agnesdelrieu.wix.com/loeiletlencre)

Proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise), où « Une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».

 

Son blog : Carnets de flottaison CF. https://carnetsdeflottaison.blogspot.com/