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Le Messie du peuple chauve, Augustin Guilbert-Billetdoux

Ecrit par Yann Suty 29.01.12 dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Gallimard

Le Messie du peuple chauve, janvier 2012, 246 p. 18 €

Ecrivain(s): Augustin Guilbert-Billetdoux Edition: Gallimard

Le Messie du peuple chauve, Augustin Guilbert-Billetdoux

Ça commence bien, très bien même. Le livre est à la hauteur de son titre qui promet un programme réjouissant. Le ton est drôle et décalé, l’humour fait mouche, avec une énergie débridée. On se dit qu’avec Augustin Guilbert-Billetdoux, dont Le Messie du peuple chauve est le premier roman, on tient une vraie bonne plume.

Quelle bonne idée que de mettre en scène un jeune homme de vingt six-ans, Bastien Bentejac, qui découvre qu’il est frappé « d’alopécie androgénogénétique aiguë, accompagnée d’un léger effluvium télogène ». Autrement dit, il sera bientôt chauve. Et c’est une catastrophe pour lui.

« Les jeunes chauves entrent dans un monde parallèle. Ils ont l’apparence des vivants, sourient comme des vivants. Alors on les croit vivants. Seulement, à l’intérieur, quelque chose est brisé. Ils n’ont plus envie. Le rayonnement faiblit progressivement, puis finit par s’éteindre, comme le Soleil dans quelques milliards d’années. Pour eux, c’est plus rapide ».

La calvitie peut, à la limite, convenir aux hommes costauds, mais avec son physique de gringalet, Bastien va plutôt ressembler à un déporté ou à un cancéreux. Il peut dire adieu à toute vie sentimentale, mais aussi à toute vie sociale tout court.

« Perdre ses cheveux, c’est grave. Petit à petit, gagné par la mort, la pourriture s’en sépare, c’est normal. Le vivant après la cinquantaine, passe encore. Mais le jeune vivant doit les garder, voilà l’harmonie des choses, sinon c’est un mort vivant : les cheveux, c’est la vie ».

Mais le plus grave, c’est que rien, absolument rien n’est fait pour combattre ce terrible fléau. Aucun remède n’existe. L’homme est capable d’aller sur la lune, de contrôler sa procréation, il est capable de tant de choses, mais il ne sait pas comment enrayer la chute des cheveux.

Il faut une prise de conscience, une prise de conscience mondiale.

Alors, Bastien décide d’endosser le costume de révolutionnaire. Sa solution, pour faire parler de lui, c’est d’aller en Inde où se tient un sommet sur l’écologie. Tous les médias seront présents et l’endroit pourrait être une tribune idéale pour plaider la cause des chauves.

On a passé 90 pages très sympathiques et tout à coup, le livre s’arrête ou presque. Dès que son personnage pose les pieds en Inde, Augustin Guilbert-Billetdoux quitte son sujet. Il se lance alors dans une description des méandres du forum écologique, qui n’est pas forcément inintéressante en soi, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec son sujet. Une dizaine de pages auraient suffi, il en tartine plus de 120. L’auteur veut nous convaincre qu’il faut être écologiste. On est d’accord, mais alors autant aller sur un le site des Verts.

L’écriture également baisse alors d’un cran, les dialogues se multiplient, on est dans des conversations de café du commerce, archi rebattues.

A la fin, Augustin Guilbert-Billetdoux tente de retomber sur ses pattes. Enfin, il arrive ce Messie du peuple chauve que l’on attendait. Enfin le livre qu’avait annoncé le titre est remis en selle, mais malheureusement, il s’arrête au moment où on aurait vraiment voulu qu’il (re)commence. On a le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de grand.


Yann Suty


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A propos de l'écrivain

Augustin Guilbert-Billetdoux

Augustin Guilbert-Billetdoux est né en 1986. Le Messie du peuple chauve est son premier roman.


A propos du rédacteur

Yann Suty

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Membre fondateur


Yann Suty est écrivain, il a publié Cubes (2009) et Les Champs de Paris (2011), chez Stock