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La France en automobile, Edith Wharton (2ème critique)

Ecrit par Jean Durry 07.11.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Mercure de France, Récits, Voyages

La France en automobile, trad. anglais Jean Pavans, Préface Julian Barnes, 176 pages, 16,80 €

Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Mercure de France

La France en automobile, Edith Wharton (2ème critique)

 

« Publié aux Etats-Unis en [octobre] 1908 avec succès, La France automobile n’avait jamais été traduit en français jusqu’à aujourd’hui », souligne le « Prière d’insérer ». Grâce donc au traducteur Jean Pavans et au Mercure de nous en faire le cadeau, complété ou plus exactement précédé d’une substantielle préface de Julian Barnes. A quel point Edith Newbold Wharton fut un écrivain d’abondance aux innombrables publications, on en est en général assez ignorant, il faut l’avouer, et du fait qu’en 1921 son roman Le Temps de l’innocence reçut – rare pour une femme – le Pulitzer.

C’est en France que cette grande voyageuse se fixera en 1907, à 45 ans (née à New-York en 1862) ; et qu’elle vivra la seconde partie de sa vie : à Paris – dix ans rue de Varenne à compter de 1910 –, puis au sortir du conflit mondial – qu’elle chronique dans La France en guerre – à Saint-Brice-sous-Forêt (Val d’Oise) ainsi qu’à Hyères en son Castel Sainte Claire. Son divorce en 1913 est une autre marque de son indépendance d’esprit.

Au début du XXe siècle, l’automobile connaît une vogue excitante auprès de la haute société ; elle modifie les dimensions et l’accessibilité du territoire et permet des périples qui inspirent aussi bien Tristan Bernard (Les Veillées du chauffeur), Henry Kistemaeckers, Octave Mirbeau (La 628-E8). A Motor-Flight [titre original qui donne bien le sentiment de la vitesse] Through France va réunir les articles publiés dans l’Atlantic Monthly sur trois « explorations » depuis Paris. En 1906, de Boulogne à Bourges, par Amiens, Beauvais, Rouen, Fontainebleau, la Loire et l’Indre en étape à Nohant « chez George Sand », Clermont-Ferrand et l’Auvergne – deux semaines. En mars-avril 1907 [avec pour passager-compagnon Henry James comme en Angleterre trois ans plus tôt et auquel la liera une profonde amitié jusqu’au décès de celui-ci (en 1916), de Poitiers à Vezelay, par Angoulême, Bordeaux, Pau, les Pyrénées, la Provence, le Rhône, Lyon, Bron, la Bourgogne – trois semaines. A la Pentecôte de cette même année enfin, une brève percée vers le Nord-Est, « partie de la place du Palais Bourbon par une radieuse matinée de printemps », Meaux, Reims, Noyon, Saint-Quentin, Laon, Soissons, Senlis, « et retour par la forêt de Saint-Germain [en descendant] vers Paris à l’ombre des longues allées du Parc de Saint-Cloud ». Les conditions matérielles ne posent certes aucun problème : une armée de domestiques s’occupe des bagages et prépare les points de chute. Henry James, réglant sa quote-part, a d’ailleurs un peu de mal à soutenir le train de vie du couple Wharton.

Ce qui nous intéresse ici, c’est la précision du regard, des descriptions et des analyses d’Edith, ses phrases nettes, sa vision d’une France heureuse envers laquelle elle manifeste toutes les sympathies, notamment pour ses habitants. Le parcours se déroule plaisamment, à l’allure de la Panhard-Levassor 15HP. C’était donc il y a un siècle.

 

Jean Durry

 

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A propos de l'écrivain

Edith Wharton

 

Edith Wharton, née Edith Newbold Jones à New-York le 24 janvier 1862 et morte à Saint-Brice-sous-Forêt (Val-d’Oise) le 11 août 1937, est une romancière américaine. Sa famille appartient à la haute société new-yorkaise. Très européenne, elle vit à Paris, en Alllemagne et en Italie et rencontre en Angleterre Henry James, avec qui elle restera liée. En 1905, elle publie The House of Mirth (Chez les heureux du monde) dans le Scribner’s Magazine et, en 1920, The Age of Innocence (Le Temps de l’innocence), pour lequel elle reçoit le prix Pulitzer. Aimant beaucoup la France, elle passe la fin de sa vie dans sa propriété de Hyères.

 

A propos du rédacteur

Jean Durry

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Rédacteur

Ardent défenseur de la langue française, Jean Durry a rejoint avec un vif plaisir l’équipe de « La Cause Littéraire ». Fils de Marie-Jeanne Durry, créatrice en 1945 du « Bulletin Critique », et lui-même président (2001-2013) des « Amis du Bulletin Critique du Livre en Français », il a fait du « Sport, culture vécue » son propre fil conducteur. Ecrivain – grand prix « Sport et littérature » 1992 -, historien et analyste du sport et de l’olympisme, fondateur du Musée National du Sport qu’il a dirigé près de 4 décennies (1963-2001), conférencier international, chroniqueur (presse, radio, télévision), président de la Fédération International du cinéma et de la vidéo sportifs (1987-1991), il a été le concepteur de quelque 200 expositions en France et hors de France.