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Cette voix d’un ailleurs, Danusza Bytniewski (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux 11.07.19 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Cette voix d’un ailleurs, éd. Samizdat, 2013, 96 pages

Ecrivain(s): Danusza Bytniewski

Cette voix d’un ailleurs, Danusza Bytniewski (par Patrick Devaux)

 

Comment appréhender cet autre soi-même, une sorte de double en un lieu autre ? : « La voix/goutte à goutte elle chemine en moi/Me lave de la poussière/ Tel un oiseau qui voudrait voler, cogne contre les bourreaux de mon impuissance ».

L’échappatoire mène à la conclusion de faire partie d’un tout « autre » : « Je suis plus loin que l’exil. Je n’ai pas quitté mon corps, c’est lui qui m’a quitté… Je suis… sans tout ce qui donne à vivre ».

Le mystère de la vie jaillit dans tout son éclat avec une sorte de touche incantatoire non dénuée d’absence : « Mon corps semble en repos éternel, car je suppose que j’ai un corps. Il est si loin de moi, dans une zone où je ne suis pas ».

Au désert mental se substitue le souvenir du paysage ressenti :

« En apparence, aucune différence ne nous distingue. Le turban savamment enroulé autour de la tête et du visage nous rend semblables… Je vis ici la relativité de toute chose et l’absence de hiérarchie ». J’ai fortement songé au magnifique texte de Pierre Loti, Le Désert.

Un petit chef-d’œuvre de sensations ressenties entre deux mondes avec ce souci de la complémentarité : « Tu aimes ce qui fuit, disparaît, qu’on ne peut retenir. J’aime ce qui est stable, défini ».

Cette superbe phrase dit tout de la différence, du non-dit, de ce qui n’est pas visible :

« Que serait la Vénus de Milo sans ses bras absents ? » comme aussi « Sur la table le cahier à la couverture noire ».

Le texte balance entre lieu, temps et oubli sans que cela ne soit précisé : « Le regard heurte le néant. Le blanc et le noir se confondent. Un signe éclaterait la paroi, dessinant l’étoile du passage ». Le texte, dans son ensemble, révèle une intériorité positive et qui finit par rayonner au-delà de toute solitude.

J’ai songé au shintoïsme car « dans l’obscur de l’âme elle quête l’étincelle qui éparpillerait le tumulte des ombres ».

 

Patrick Devaux

 

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A propos de l'écrivain

Danusza Bytniewski

 

Née en 1942, Danusza Bytniewski est d’origine polonaise. Naturalisée française, licenciée ès-Lettres, elle a travaillé à Genève en tant que professeure de français et d’italien. Elle vit entre Genève et Chamaret, dans la Drôme.

 

A propos du rédacteur

Patrick Devaux

 

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Patrick Devaux est né en Belgique sur la frontière avec la France, habite Rixensart, auteur d’une trentaine d’ouvrages auprès d’éditeurs divers en poésie, quelques prix d’édition, 3 romans parus dont 2 aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune; 2 recueils de poésie récents (2016 et 2017) parus aux éditions Le Coudrier ; membre de l’AEB (association des écrivains Belges) et de l’AREAW (association royale des écrivains et artistes de Wallonie), il a aussi de nombreux contacts en France ; il anime une rubrique « mes lectures » sur le site de la revue Vocatif www.moniqueannemarta.fr de Nice depuis 2013 et fréquente de près ou de loin les écrivains du groupe de l’Ecritoire d’Estieugues de Cours la Ville  et de l’association LITTERALES de Brest ; publie aussi dans diverses revues de poésie. Fréquente aussi les réseaux sociaux, faisant ainsi connaitre la poésie d’auteurs moins connus ou disparus.