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Ce que le bleu ne sait pas du fragile, Anne-Marielle Wilwerth (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux 25.03.19 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Ce que le bleu ne sait pas du fragile, Éditions Le Taillis Pré, 2019, 98 pages, 14 €

Ecrivain(s): Anne-Marielle Wilwerth

Ce que le bleu ne sait pas du fragile, Anne-Marielle Wilwerth (par Patrick Devaux)

 

Comme pour laisser ouverte l’infinitude qui l’habite, Anne-Marielle n’a pas numéroté la page du dernier texte du recueil, laissant peut-être ainsi s’échapper les mots afin qu’ils se fassent, en pensées, oiseaux libérés confondus avec les lentes vagues de l’écrit qui, presque en permanence, l’habitent : « Les mots/ de l’inespéré à eux seuls/ sont capables d’ouvrir/ le monde ».

Si les thèmes d’Anne-Marielle Wilwerth sont universels, la manière de les appréhender est très personnelle : « ce que le bleu ne sait pas du fragile », la poète le sait mieux que personne.

Elle a appris. Dans le sens noble du terme, avec patience et progressivité, construisant, de livre en livre, un univers propre dans lequel, promeneuse, elle guide le lecteur dans le sens humain et littéraire de ses bonnes intentions à faire éclore, faire découvrir le monde à la fois réel et onirique qui l’habite.

L’auteur utilise, à bon escient, le mot choisi nécessaire à sa vocation partageuse : « Les vagues/ parlent si bas/ qu’on les entend à peine/ C’est l’instant où le silence/ éteint l’incendie/ des inutiles bavardages ».

Ancrée dans son mystère comme une barque prête à franchir une destination insulaire, la poète se prépare au miracle : « Dans le berceau des barques/ bleus blottis/ s’apprêtent à voler aux flaques/ bouées et coquillages/ C’est peut-être là/ que tout commence que tout finit ».

Nul propos solitaire dans cette démarche poétique qui demande un cheminement de lecture lente pour saisir toute la suavité des mots ; nous avons au contraire à faire à une personnalité très sociable, partageuse : « Avons-nous déchiffré/ le même parchemin/ celui dont le vin si léger enivre/ et où l’intense/ à la fin/ double sa mise ».

Gourmande de lumière, la poète rayonne du moindre prétexte, rendant parfois l’image à la taille de sa sublimation : « Le phare ne serait-il que mirage/ contre lequel/ bute/ la brume impatiente/ du regard ».

« On sait si peu de choses ». Avec sa discrétion très caractéristique, la poète, nourrie de rare et absolue observation permanente (rien ne lui échappe) confirme de ne pas ébruiter (N’ébruitons pas) ce qui en nous si profondément respire, sans pour autant être dupe : « Le temporel parfois est retardé/ d’avoir trop longtemps contemplé/ ce qui jamais ne reviendra ».

Reste que tout est possible : « A coup de rames/ nous rejoindrons/ nos possibles/ dont les barges/ disséminées au large/ se disputent l’espace », la poète rappelant également, à juste titre, que « le rare/ crayonne/ ce que caresse déjà/ la mémoire vierge/ des pages », distillant une pensée construite avec un langage propre activé avec un certain doigté lexical qu’on lui connaît bien.

 

Patrick Devaux

 


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A propos de l'écrivain

Anne-Marielle Wilwerth

 

Anne-Marielle Wilwerth, peintre et écrivain, a publié une vingtaine de recueils de poésie. Site : www.bergeredusilence.be.

 

A propos du rédacteur

Patrick Devaux

 

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Patrick Devaux est né en Belgique sur la frontière avec la France, habite Rixensart, auteur d’une trentaine d’ouvrages auprès d’éditeurs divers en poésie, quelques prix d’édition, 3 romans parus dont 2 aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune; 2 recueils de poésie récents (2016 et 2017) parus aux éditions Le Coudrier ; membre de l’AEB (association des écrivains Belges) et de l’AREAW (association royale des écrivains et artistes de Wallonie), il a aussi de nombreux contacts en France ; il anime une rubrique « mes lectures » sur le site de la revue Vocatif www.moniqueannemarta.fr de Nice depuis 2013 et fréquente de près ou de loin les écrivains du groupe de l’Ecritoire d’Estieugues de Cours la Ville  et de l’association LITTERALES de Brest ; publie aussi dans diverses revues de poésie. Fréquente aussi les réseaux sociaux, faisant ainsi connaitre la poésie d’auteurs moins connus ou disparus.