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Saul Bellow, chez Quarto Gallimard

Ecrit par Victoire NGuyen le 02.09.15 dans La Une CED, Les Chroniques

Saul Bellow, chez Quarto Gallimard

Herzog, La planète de Mr. Sammler Tome 1, Saul Bellow, Gallimard, Coll. Quarto, 2012, traduit de l’Américain par Michel Lederer, 640 pages, 22 €

 

Les aventures d’Augie March, Le don de Humboldt Tome 2, Saul Bellow, Gallimard, Coll. Quarto, 2014, traduit de l’Américain par Michel Lederer, 1024 pages, 34,90 €

 

Les aventures littéraires de Saul Bellow

Après un premier volume consacré à Saul Bellow, la collection Quarto des maisons d’édition Gallimard continue l’aventure en offrant au public un second opus, paru en Août 2014.

Un lecteur attentif et passionné sait que depuis quelques années la collection Quarto recense les écrits d’écrivains célèbres tels que Annie Ernaux, Jorge Semprun ou encore Tanizaki Junichiro, pour les faire connaître à un lectorat toujours aux aguets de belles œuvres.

Saul Bellow appartient à ces générations d’écrivains qui jouissent du verbe et manient la langue comme personne. C’est un prosateur expert dans l’art de débusquer les contradictions et la névrose humaine. Il nous l’a démontré dans le glorieux récit Herzog, du nom de son héros qui se débat dans le marasme de sa vie privée et sociale. Prix Nobel de littérature, Saul Bellow est aussi le maître de pensée de Philip Roth, autre grande figure de notre temps. Cependant Saul Bellow demeure peu connu des lecteurs français pourtant avides de la belle littérature américaine.

 

Avec l’apparition de ces deux tomes qui publient successivement Herzog, La planète de Mr. Sammlerpour le premier tome, Les aventures d’Augie March et enfin Le don de Humboldt pour le second, il n’y a plus d’excuses pour ne plus le connaître. Les deux volumes ont bénéficié d’une nouvelle traduction entièrement revue par Michel Lederer. Tous deux sont introduits par l’analyse minutieuse de Philip Roth. Dans le Tome 1, Philip Roth lui-même donne des clés de lecture à ces principaux romans tandis que dans le second, il s’efface et donne la parole à Saul Bellow lui-même. Ainsi, avec les feuillets rédigés par l’auteur d’Herzog à la demande de Philip Roth, intitulé « J’ai une stratégie. Saul Bellow par lui-même », le lecteur à l’impression que Saul Bellow revient d’entre les morts et s’adresse directement à lui.

 

Avec ces documents et tout un appareil critique mis en place par la collection Quarto, le lecteur est pris par la main. Il est accompagné pas à pas dans le dédale narratif de cet auteur prolixe et fécond dont les protagonistes sont tour à tour jouisseurs, névrosés, lucides quant à leur condition et à leur rapport au monde. Ainsi, Herzog dont la vie semble partir en lambeaux se raccroche désespérément à la parole et au flux des mots pour ne pas se perdre dans sa forteresse intérieure. Et que dire de Mr. Sammler ? Personne névrotique qui déambule dans les rues d’une ville américaine. Paranoïaque, traumatisé par l’expérience des camps, il témoigne par ses actes et paroles de son dépassement face au monde nouveau qui émerge après l’horreur de l’Holocauste. Il se perd, se disperse et s’égare dans ses propres contradictions…

Mais la peur et la solitude qui habitent le monde de Mr. Sammler cèdent place à une écriture plus solaire dans les romans tels que Les aventures d’Augie March ou encore Le don d’Humboldt. Dans le premier, le caractère initiatique est fortement mis en avant : le lecteur suit la vie d’Augie et ses péripéties. Saul Bellow donne de magnifiques pages sur l’enfance mais aussi sur la ville de Chicago dont lui-même est originaire. Ainsi, au travers d’Augie March, c’est aussi le portrait de Saul Bellow, gamin pauvre des quartiers de Chicago devenu grand écrivain nobélisé. Dans Le don de Humboldt, roman qui l’a fait accéder au titre suprême, prix Nobel de littérature en 1976. C’est un roman aux accents baroques qui met en exergue le destin tragique de Humboldt mais aussi l’amitié qui traverse cette vie tendue vers l’écriture et dont l’unique but est d’accomplir une belle œuvre littéraire…

En conclusion, la richesse des récits de Saul Bellow et la dimension psychologique et métaphysique qui conditionnent la vie des personnages méritent que les lecteurs s’attardent sur ces pages qui ont fait de Saul Bellow l’un des plus grands écrivains du 20ème siècle.

 

Victoire Nguyen

 

Saul Bellow est né en 1915. Il est décédé dans le Massachusetts en 2005. Son œuvre met en exergue les angoisses de la destinée humaine. Il a obtenu le prix Nobel en 1976.

 

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A propos du rédacteur

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Un peu de moi…

Je suis née au Viêtnam en 1972 (le 08 Mars). Je suis arrivée en France en 1982.

Ma formation

J’ai obtenu un Doctorat es Lettres et Sciences Humaines en 2004. J’ai participé à des séminaires, colloques et conférences. J’ai déjà produit des articles et ai été de 1998 – 2002 responsable de recherche  en littérature vietnamienne dans mon université.

Mon parcours professionnel

Depuis 2001 : Je suis formatrice consultante en communication dans le secteur privé. Je suis aussi enseignante à l’IUT de Limoges. J’enseigne aussi à l’étranger.

J'ai une passion pour la littérature asiatique, celle de mon pays mais particulièrement celle du Japon d’avant guerre. Je suis très admirative du travail de Kawabata. J’ai eu l’occasion de le lire dans la traduction vietnamienne. Aujourd’hui je suis assez familière avec ses œuvres. J’ai déjà publié des chroniques sur une de ses œuvres Le maître ou le tournoi de go. J’ai aussi écrit une critique à l’endroit de sa correspondance (Correspondance 1945-1970) avec Mishima, auteur pour lequel j’ai aussi de la sympathie.