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Les Ex ne meurent jamais, Eric Essono Tsimi

Ecrit par Zoe Tisset 13.05.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Les Ex ne meurent jamais, L’Orpailleur, mars 2017, 126 pages, 14 €

Ecrivain(s): Eric Essono Tsimi

Les Ex ne meurent jamais, Eric Essono Tsimi

 

C’est comme si on était assis à une terrasse de café à bavarder avec un homme qui converse autour de sa vie et de ses expériences en tant que « Afrocain, c’est-à-dire africain défroqué, afro quelque-chose, afrométisse, afroplanétaire, afrocaucasien, afropolitique, afrodescendant peut-être, puisque mon arrière-arrière-grand-père était africain au début et à la fin de son existence ».

Voilà le ton est donné, il est léger, souvent humoristique, parfois plus grave. « C’est comme les fromages, les africains, il y en a de plusieurs sortes, mais tous sont du même pays l’Afrique, la terre la plus pure, où les mélanges d’origine ont le moins eu lieu (…) alors que d’où je viens c’est si naturel (notre seconde nature) : être inhumain, brûler vif les voleurs de poule, condamner à mort les pédés ». L’auteur raconte son adolescence, ses premiers amours. « Et dans son rapport à Séraphine, il a bien précisé combien je pouvais changer sa vie. Il lui a même dit que j’avais dix savons différents pour me laver (Nivea, Dove, Le Chat, etc.). Zomo a ajouté que j’ai un parfum qui reste même après s’être lavé trois fois dans le marigot ».

Mine de rien, l’auteur égratigne les travers des uns et des autres : occidentaux comme africains. Il critique l’importance du clinquant et de l’ostentatoire pour « les africains ». « C’est que je préparais mon rendez-vous amoureux en parlant tout seul, en faisant de grands gestes des mains, pour mettre en valeur ma belle montre “Rolexx” (…) ». Attitude commune finalement à tout adolescent cherchant à séduire… Il décrit le quotidien de l’homme d’ici – la Suisse – un peu à la façon de Montesquieu dans Les lettres persanes ou de Bernard Dadié dans Un nègre à Paris : « quant aux gens d’ici, il y en a qui vivent tout seuls dans de grandes propriétés, mais n’ont pas de vie pour ainsi dire. S’ils ont un chien, ils sortent le promener et leur journée est faite, ils ne vivent que pour vivre longtemps, ne sont riches quepour leur compte en banque ». L’auteur évoque aussi le métissage, la difficulté à être soi dans un monde étranger : « Mimi de Haller était tellement assimilée qu’elle n’avait qu’un seul enfant, qu’elle avait eu avec un européen noir, avant de tomber sur son bon blanc ».

Le livre est parfois parsemé de réflexions existentielles sans prétention, mais qui ne demandent qu’à résonner et à être continuées : « on nait à son insu, on grandit sans s’en rendre compte, on vieillit malgré soi et on meurt à son insu, en “laissant derrière” le mystère tout entier à lui-même ».

C’est un livre à amener en vacances qu’on peut lire sur la plage, à la montagne…

 

Zoé Tisset

 


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A propos de l'écrivain

Eric Essono Tsimi

 

Eric Essono Tsimi est d’origine camerounaise, formé au Canada, en Suisse et en France, il enseigne au département de français de l’université de Virginie aux Etats-Unis. Il a déjà écrit plusieurs romans dont Le métier d’aimer, L’Harmattan, 2012, et essais dont Le principe de double nationalité au Cameroun, L’Harmattan, 2013. Il est aussi rédacteur à La Cause Littéraire.

 

A propos du rédacteur

Zoe Tisset

Rédactrice régulière.