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Entretiens

Entretien avec Pierre-Guillaume de Roux

Ecrit par Jean-Luc Maxence , le Dimanche, 15 Mai 2011. , dans Entretiens, Les Dossiers, Chroniques Ecritures Dossiers, La Une CED

Certes, vous êtes depuis des années un professionnel de l’édition. Mais ne faut-il pas être fou pour créer votre propre maison d’édition dans une telle période d’interrogation civilisationnelle grave et économiquement problématique ?

Je pense que c’est paradoxalement dans ces périodes de grandes difficultés qui marquent le « grand tournant civilisationnel » dont vous parlez, qu’une aventure comme celle-là a des chances de réussir. Alors que  les grandes maisons d’édition sont de plus en plus conditionnées par des obligations de résultat immédiat, pressurées par des contrôleurs de gestion qui exigent d’elles une rentabilité à court terme, les petites structures aux frais fixes réduits disposent, au contraire, de toute la légèreté requise pour agir pleinement. Parce qu’elles conservent une taille humaine, parce qu’elles cultivent un état d’esprit proche de l’auteur, elles sont réellement en mesure de mener à bien ce qui constitue le cœur de métier de l’éditeur : ce travail de découverte, de révélation et d’accompagnement qui échappe de plus en plus aux grandes maisons. C’est notre chance et c’est dans cette perspective que je voudrais m’inscrire, sachant que la mission de l’éditeur consiste d’abord – comme on a trop tendance à l’oublier aujourd’hui – à prendre le risque de la découverte et de la persévérance.

Entretien avec Pierre Pachet (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 01 Mai 2011. , dans Entretiens, Les Ecrivains, Les Dossiers, Chroniques Ecritures Dossiers, La Une CED, Documents

Entretien mené par Léon-Marc Levy, après la sortie de "Sans Amour" (Denoël)

LML : Vous êtes hanté par le temps, sa fuite irrémédiable. Votre œuvre et votre dernier livre Sans amour en témoignent. Mais souvent vous mesurez le temps, et sa fuite, à l’occasion de grandes douleurs. La mort du père, de la mère, de l’épouse… La scansion du temps est-elle obligatoirement rythmée par les malheurs d’une vie ?


PP : Sans doute, le temps d’une vie, les vies de ceux que j’ai connus, aimés ou simplement approchés, et auxquels j’ai survécu (car c’est cela, être âgé : survivre à ses proches), ce temps compte, il se compte, en années. Mais je ne crois pas en être « hanté ». Je constate simplement. Je suis beaucoup plus sensible au temps intime, celui qui au contraire ne fuit pas, mais stagne : le temps de la solitude, de l’ennui, de l’attente (dans la salle d’attente d’un médecin), du « rien à faire aujourd’hui », ce temps qui pèse autant sur les enfants et  adolescents que sur les vieillards. Ce temps sans repères, qu’il faut parcourir de minute en minute et qui requiert de nous invention, projets, retours sur soi, capacité à se faire exister soi-même par le recours à la « vie intérieure ». Les personnages de Sans amour ont, ou ont tous eu, à faire face à ce temps-là.