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Couleurs : deux livres

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge le 28.02.15 dans La Une CED, Les Chroniques

Couleurs : deux livres

 

L’étonnant pouvoir des couleurs, Jean-Gabriel Causse, Ed. du Palio, mai 2014, 192 pages, 19,90 €

Le petit livre des couleurs, Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, Ed. Points, mars 2014 (réédition des Editions du Panama de 2005), 121 pages, 6,50 €

 

L’étonnant pouvoir des Couleurs, dommage que le rose soit réservé aux filles !

Grande amatrice des couleurs (disons que je n’hésite pas à les utiliser aussi bien dans ma garde-robe que dans ma décoration d’intérieur, en total contre-pied de la tendance bobo très épurée et inodore), je ne pouvais qu’acquérir cet ouvrage si flatteur aux yeux, L’étonnant pouvoir des couleurs de Jean-Gabriel Causse sorti en 2014. Juste avant, j’ai également pris le temps de savourer Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, un petit bijou historique très coloré qui ouvre l’esprit.

Ce qui paraît évident après la lecture du livre L’étonnant pouvoir des couleurs est que la couleur n’est pas qu’une question de coquetterie. Mais cela, vous vous en doutiez… C’est au contraire très scientifique à la base : les couleurs sont des faisceaux de photons, des longueurs d’ondes électromagnétiques, décodés par notre rétine et ses petits bâtonnets. Certains médecins n’hésitent pas à y recourir pour soigner certaines maladies, notamment la dépression. Elles influent également sur notre comportement, le bleu favorise la créativité alors que le rouge stimule le désir. Le violet renvoie vers le mysticisme et la méditation, alors que le vert est la couleur de l’équilibre, celle qui baisse la tension artérielle. On peut également associer la couleur à un son, car la musique est aussi une histoire de longueur d’onde. Il faut savoir que Wagner composait sa musique dans des pièces rouges (ce qui ne surprend pas quand on écoute sa musique) et si l’on associe plus spontanément le jazz au bleu, ce n’est pas un hasard !

Le rose n’est pas que la couleur des princesses, c’est surtout une couleur relaxante. Elle est parfois utilisée dans les écoles pour apaiser les enfants hyperactifs, dans les prisons et les hôpitaux psychiatriques. « Le rose réduit le rythme cardiaque, la pression sanguine et les pulsations. C’est une couleur tranquillisante qui sape votre énergie et réduit votre agressivité » d’après Alexander Schauss. Les enfants font des dessins plus positifs quand ils sont dans un univers rose. Alors pourquoi dans l’histoire des genres, le bleu est associé aux garçons et le rose aux filles ? L’auteur ne l’explique pas dans l’ouvrage. Dommage ! D’ailleurs, à quelle époque le rose est-il devenu féminin ? Car si le bleu est aujourd’hui très consensuel, Michel Pastoureau nous explique dans Le petit livre des couleurs qu’il ne l’a pas toujours été. C’est seulement au XVIIIème siècle que le bleu est devenu la couleur préférée en Europe. Dans la Rome antique, le bleu était le symbole des barbares et les yeux bleus, signe de mauvaise vertu pour les femmes… Quel revirement ! Le bleu est un petit malin ! Ce qui est en tout cas prouvé scientifiquement est que le bleu favorise l’intuition. Méfiez-vous aussi des restaurants qui décorent leurs tables de nappes à carreaux rouges, c’est pour ouvrir votre appétit et vous tenter de prendre un dessert !

Tous les animaux n’ont pas la même perception des couleurs, celle de l’Homme se rapprocherait de celle de la musaraigne et de l’écureuil. Les nouveaux nés n’ont d’ailleurs pas non plus la même perception des couleurs, avant 6 mois, leur champ visuel est très limité. Ainsi, même si la science arrive à mettre en évidence certaines généralités, il n’en reste pas moins que les couleurs restent avant tout une expérience personnelle et qu’il faut suivre son instinct.

Ce que l’on retient au final de l’étonnant pouvoir des couleurs est que l’influence des couleurs, bien que scientifiquement prouvée, est aujourd’hui encore largement sous-estimée. L’auteur s’appuie sur de nombreuses études scientifiques pour prouver l’influence des couleurs sur le comportement, notre odorat, nos papilles gustatives, nos actes d’achat etc. Mais, on n’arrive pas à savoir si c’est instinctif ou culturel. Si vous voulez en savoir plus sur la symbolique ou l’histoire des couleurs, je vous recommande aussi Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau.

 

Marjorie Rafécas-Poeydomenge

 

Pour aller plus loin :

www.pourpre.com pour les appellations de couleurs

Se soigner par les couleurs, J-M Weis (Editions du Rocher)

Le langage secret des couleurs, C. Agrapat (éditions Granger)

Pour le plaisir des yeux :

Les Couleurs, vues par Philippe Model (éditions Chêne)

Pour les amateurs d’astrologie :

Home astrology, Paul Wade (Editions Hamly), pour associer les couleurs à son signe astrologique.

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A propos du rédacteur

Marjorie Rafécas-Poeydomenge

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Passionnée de philosophie et des sciences humaines, l'auteur publie régulièrement des articles sur son blog Philing Good, l'anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade). Quelques années auparavant, elle a également participé à l'aventure des cafés philo, de Socrate & co, le magazine (hélas disparu) de l'actualité vue par les philosophes et du Vilain petit canard. Elle est l'auteur de l'ouvrage "Descartes n'était pas Vierge".