Jean et Jean-Pierre Giraudoux : le poème du Père et du Fils (36)

Vivant
Vous avez été bousculé ?
Surpris ?
Assailli
Doucement assailli
Caressé soudain
Par autre chose
Que par ces serpents
Prisonniers
Que sont
Les doigts
Ces ailes mutilées
Que sont les bras
Pris dans un mouvement
Qui n’était plus celui
De la terre
Mais celui des astres
Dans un roulis
Éternel
– Bref
Un beau voyage
*
« Toutes les présences célestes qui depuis hier soir t’ont escorté, et plaint, et soutenu, et de leurs ailes autour de toi ont fait une cathédrale, tu viens de les forcer l’une après l’autre à se voiler la face et à partir, et d’elles toutes il ne reste plus que moi, et tu m’obliges, pour me rendre visible, à prendre l’enveloppe
Du poème »
Vous croyez entendre
Ces phrases
Ou ces vers
(Vous ne savez au juste)
Depuis les arbres
Que vous vivez
Du regard
Mais vous vous trompez
Toutes les présences célestes
Sont là
Et vous êtes là aussi
Matthieu Gosztola
Jean et Jean-Pierre Giraudoux ; ces poèmes sont faits – principalement – de mots ayant trouvé (beau) domicile en leurs œuvres.
– Jean Giraudoux (1882-1944), Théâtre complet, préface de Jean-Pierre Giraudoux, édition publiée sous la direction de Jacques Body, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, 1987, XXXVII-1854 pages.
– Jean-Pierre Giraudoux (1919-2000), Un Théâtre, Paris, Grasset, 1977, 635 pages.
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