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Ecrits suivis

Art de consommer - 23

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 04 Février 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

Une autre.

Elle avait rompu parce qu’il l’avait trompée, plusieurs fois.

Elle avait décidé de ne plus l’aimer, il ne méritait pas son amour.

Lui-même ne l’aimait pas, bien qu’il lui dise le contraire.

Il ne l’aimait pas suffisamment, en tout cas.

Ils avaient décidé de passer une soirée ensemble, à faire semblant. Elle avait accepté une invitation au restaurant.

Ce serait leur dernière soirée.

Ils avaient fait semblant au cours de la soirée que tout ce qui leur était arrivé ne leur était jamais arrivé. Ça leur avait fait du bien de retrouver la légèreté de leurs premières fois.

La réalité, c’est qu’ils n’avaient pas eu à faire semblant.

52.dimanche (III)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 02 Février 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

ce dimanche 15 janvier 2012

 

ce qui interroge, pour finir, c’est le triple mouvement de la langue vers elle-même, puis de la venue du réel, et, comme dans un dernier mouvement, de l’appropriation de la chose

je penche pour l’opinion que l’idée existe avant

je m’explique

on pourrait agir à la façon des phénoménologues et reconnaître que le je pense donc je suis ne tient que s’il y a de l’étant d’abord, de l’être, à quoi j’ajoute très modestement, que cette préexistence est un discours

écrire, se pencher sur cette page d’écriture n’est pas tout le langage, mais un chemin dans le discours

Art de consommer - 22

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 28 Janvier 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

« Une relation amoureuse, quand elle a lieu, c’est parce que l’autre a fait un choix ; et, curieusement, ce choix ne nous concerne pas. Il concerne l’autre : ses disponibilités, ses désirs, ses projets. »

Note 1 (feuillet 0) du carnet (D48) de Jeannot Reveiri.

 

Il était resté avec une fille pendant trois ans. C’était son record. Au bout de la deuxième année, elle n’arrêtait pas de lui dire qu’elle aimait le couple qu’ils formaient. Il la rendait heureuse. Elle lui rappelait qu’elle était bien aussi dans son boulot.

Il comprenait qu’elle voulait lui signifier qu’elle n’était pas comblée. Il n’était pas enthousiaste par l’idée d’avoir un enfant si vite.

En réalité, il n’était pas enthousiaste par l’idée d’avoir un enfant.

52.dimanche (II)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 26 Janvier 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

ce dimanche 8 janvier 2012

 

le réel s’adresse à soi par le discours

par exemple, ce morceau de jardin, si cher à Sartre, qui disparaît, happé par le regard de l’autre, me semble quand même une affaire de discours

ou plutôt, deux phénomènes qui s’adossent et se font exister réciproquement, réalité et langage

alors, ce morceau de ruelle, ici, est une ruelle qui n’existe pas pour elle seule, ni dans la continuité de l’inertie des pierres, mais comme ruelle dite, qui prend vie comme paysage, qui fait horizon vivant

de cette manière, décrire est une affaire morale, ou philosophique car le petit peu de réalité qui détoure la page, vient à la fleur du texte après un voyage inaugural dans le réel

Art de consommer - 21

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 21 Janvier 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

Une autre.

Sans doute, avant qu’il n’arrive, elle sortait les verres, les gâteaux apéritifs sur la table basse, le whisky qu’il appréciait, passait un coup de chiffon sur les meubles qu’elle n’avait peut-être pas dépoussiérés dimanche.

Dimanche était le jour du ménage, excepté quand il dormait chez elle samedi soir. Elle fractionnait alors le temps de ménage hebdomadaire. Parfois, lundi et mardi soir suffisaient.

Avant qu’il n’arrive, elle passait l’aspirateur, refaisait son lit, vidait la poubelle, se lavait les dents, vérifiait l’état de son rouge à lèvres et de son vernis à ongles.

Ça lui permettait de ne penser à rien. Elle était toute entière à ce qu’elle faisait.

Quand il sonnait à l’interphone, elle arrêtait tout. Le temps qu’il monte par l’ascenseur, elle rangeait ce qu’elle avait du déranger pour rendre plus attrayant son intérieur.