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Chroniques régulières

Souffles - Mémoricide ou autodafé à Alger !

Ecrit par Amin Zaoui , le Samedi, 23 Juin 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Aujourd’hui, le 7 juin 2012, je réveille  Mahmoud Bouayad et Jean Sénac de leur sommeil, de leur quiétude éternelle. Cinquante ans, jour pour jour, depuis l’incendie de la Bibliothèque universitaire d’Alger ! Ce jour du 7 juin 1962, à 12 heures 27 minutes, la prestigieuse  Bibliothèque universitaire d’Alger a été incendiée. Une opération de “purification culturelle” est déclenchée. L’OAS (Organisation de l’armée secrète) ne cherchait pas à jeter le pays dans un bain de sang, mais à mettre le feu dans les espaces du "livre", symbole de la lumière! De la politique de la terre brûlée à une autre semblable, jumelle, celle des livres brûlés. Il n’y a pas d’application de la politique de la terre brulée sans l’application, d’abord et avant tout, de celle pratiquée à l’encontre des bibliothèques brûlées. Cet acte criminel livresque et intellectuel est défini comme un "autodafé" ! Il existe une guerre féroce appelée “la guerre contre les bibliothèques”. Des guerres préméditées et programmées à l’avance mais souvent oubliées ou minimisées ! Qui parmi nous n’a pas lu quelques détails sur la destruction de la bibliothèque de Baghdad, Cité de Beyt el-Hikma, où les manuscrits furent noyés dans l'Euphrate et le Tigre, et l’eau des deux fleuves s’est métamorphosée, selon des historiens, en fluide  noire à cause de l’encre des millions d’ouvrages ? Qui parmi nous n’a pas lu quelques histoires sur les atrocités de l’incendie et de la dévastation de la bibliothèque d’Alexandrie ? L’histoire retient les actes abjects des Allemands avec la bibliothèque belge de Louvain en 1914, Milosevic avec les bibliothèques de la Bosnie… l’histoire c’est aussi un grand incendie de livres !

L'âme de Baudelaire ?

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Juin 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

La chose est étonnante. Charles Baudelaire, reconnu à peu près universellement comme le plus grand poète de langue française (dans tous les cas l'un des plus grands), n'est pas un personnage qui suscite une sympathie spontanée. Définitivement. Il n’exerce, hors la beauté sublime de ses vers, aucune séduction, y compris sur la foule de ses admirateurs les plus passionnés. Au contraire, toute une troupe de grands poètes et écrivains français attire notre compassion, notre fascination, notre amour, un culte parfois, souvent en dépit de personnalités discutables.

François Villon, mauvais garçon, voyou sorbonnard, ivrogne, voleur, probablement même assassin, sûrement pendu par décision de justice. Pas de problème, on l'aime éperdument !

Jean-Jacques Rousseau, ombrageux, mauvais père, menteur, on lui pardonne tout !

Arthur Rimbaud, cynique, hautain, déloyal, violent. On l'adore !

Victor Hugo, orgueilleux, coléreux, méprisant avec ses confrères. On le vénère !

John Steinbeck : De America (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 05 Juin 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

L'opinion la plus courante concernant John Steinbeck et son œuvre, et ce n’est innocent ni d’une conception inepte de la littérature ni d'un parti pris idéologique, est que le cadre du travail de Steinbeck, de son discours, serait en gros un regard « sur » l’Amérique. Et on en a tiré, à longueur d’études et de thèses à n’en plus finir, une vision parfaitement desséchée de ce trésor littéraire. Regard « sur » l’Amérique entend regard « sur » l’histoire de l’Amérique d’où coupure Histoire/sujet regardant : du coup, de papa Steinbeck, on attend une critique – tant qu’à faire "marxiste-léniniste" ne lésinons pas – de l’Histoire Yankee passée et présente ! Ben voyons. Il y a Steinbeck et il y a les USA donc tout est possible. Tout est possible oui, même l’aveuglement, même de passer les bornes. De se permettre un glissement de préposition s’érige en symptôme. Du « sur » au « de » c’est la frontière, rien que ça, entre idéalisme et matérialisme. Il n’y a pas de « ça-parle » de Steinbeck « sur » l’Amérique parce que l’enracinement symbolique est ce qui du réel intervient dans l’imaginaire. Du réel ou, il y en a qui disent de la « réalité ». On peut dire cela plus simplement (j’entends bien la rumeur de l’hystérie) : Le discours de John Steinbeck n’est pas « sur » l’Amérique mais « de » l’Amérique. L’Amérique n’est pas son propos mais son lieu, le socle émetteur de son écriture, sa source.

La mère Michel a lu (10) - Le dernier Contingent, Alain-Julien Rudefoucauld

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 15 Mai 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Le dernier contingent, Alain Julien Rudefoucauld, Éditions Tristram, 2012, roman, 501 pp., 24 €

www.Tristram.fr/ Tristram – BP 90110 – 32002 AUCH Cedex

 

DES MONDES SE REGARDENT, S’ÉLOIGNENT ET SOMBRENT

C’est entendu, le roman a fait parler de lui, et en bien. Le contraire eût été étonnant. Il a aussi obtenu un prix littéraire de renom, celui de France-Culture/Télérama. Voilà qui ne desservira pas son auteur, ni son éditeur, du moins La Mère Michel le leur souhaite bien haut.

 

Commençons par le volet aléas et désagréments. J’ai lu que plus de cinquante éditeurs avaient refusé le livre. Félicitons-les, ils ne se sont pas déjugés : pareils à eux-mêmes ils ont témoigné de la magnifique constance de leur pusillanimité et, comme souvent à travers leur regard commercial, leur myopie, leur goût du calibrage routinier, ont sous-estimé les capacités du lectorat et préjugé de ses réactions.

Souffles - La poésie et la pomme de terre !

Ecrit par Amin Zaoui , le Samedi, 05 Mai 2012. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

La poésie est faite pour faire rêver les lecteurs et les auditeurs. Le peuple qui ne rêve pas est un “amas” d’individus (ghachi), remorqué dans un wagon d’un train égaré et retardataire. Dont la destination est indéterminée. Inconnue. La pomme de terre (Lbatata), elle aussi, est faite pour faire rêver les Algériens. Le peuple qui ne cultive pas sa pomme de terre est un “peuple” sans pomme de terre ! C’est-à-dire sans rêve ! Cela dit, la pomme de terre et la poésie appartiennent génétiquement et génialement à la même famille, c’est-à-dire celle de l’art. Celui qui fait rêver debout ! Et le rêve est une forme de résistance ! Et le peuple qui rêve est un peuple en bonne santé ! Entre les Français et les Belges il y a eu toute une guerre intellectuellement féroce, et ça continue toujours, sur l’origine de celui qui fut le premier créateur des “frites”. Un Belge ou un Français ? Et les frites ne sont que de la pomme de terre ovale découpée en forme d’allumettes trempées dans de l’huile de tournesol ou d'arachide, bouillante ! Donc les frites, selon le dictionnaire français agréé par l’Académie française ou par l’Académie belge francophone, ne sont qu’une dérivée, parmi d’autres, de la pomme de terre. Plutôt une métamorphose !