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Le soleil, la lune et les champs de blé, Temur Babluani (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays de l'Est, Roman, Le Cherche-Midi

Le soleil, la lune et les champs de blé, Temur Babluani, Editions du Cherche-Midi, Coll. Les Passe-Murailles, janvier 2024, trad. géorgien, Maïa Varsimashvili-Raphaël, 688 pages, 23,50 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Par comparaison à tel roman qu’on qualifie de fleuve, voici un roman maelstrom.

Le héros, narrateur de sa propre histoire, est le fils d’un modeste cordonnier exerçant son métier dans un quartier cosmopolite populaire de Tbilissi. Au début des années 70, alors que la Géorgie est encore une des républiques d’URSS, le jeune Djoudé Andronikachvili partage malgré des conditions de vie difficiles une jeunesse insouciante avec sa belle fiancée Manouchak, et son ami juif Haïm, qui lui voue une gratitude éternelle pour avoir pris le parti de la communauté ashkénaze, victime d’une grave offense, perpétrée lors d’une cérémonie de deuil par des membres d’un gang de voyous pratiquant racket, trafics en tous genres, intimidations et violences allant jusqu’au meurtre sous la protection notoire d’une police corrompue jusqu’à la moëlle.

Le Don (The Gift), Hilda Doolittle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 07 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Biographie, Récits, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Le Don (The Gift), Hilda Doolittle, dite H.D., éd. des femmes-Antoinette Fouque, 2024, trad. anglais (États-Unis) Claire Malroux, 168 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Scènes d’enfants

III

Dans Le Don, écrit en 1941, à nouveau l’histoire des États-Unis prend forme au sein des ressouvenances d’H.D. petite fille, constitutifs de sa chair même de descendante d’émigrants et de pionniers : « C’était la vie dans sa plénitude, une vie qui n’était pas destinée à sécher dans la mémoire comme la mousse pressée (…) ».

Le don, c’est le legs biologique et psychologique d’Hilda Doolittle, l’héritage du père astronome, la délicatesse de la mère musicienne, les litanies, les chants bibliques, les légendes de la parentèle et les lectures de contes de fées. À ces valeurs s’ajoutent celles de l’abolitionnisme, de l’idéal de liberté et de fraternité d’une famille éduquée. L’enchantement passe par la vision, par « le regard fasciné de ces enfants américains » bouleversés par une pièce de théâtre ambulant sur l’esclavage, regard venu de « leurs ancêtres visionnaires de l’Europe centrale et leurs aïeux de l’Angleterre élisabéthaine ».

Treize histoires (These Thirteen), William Faulkner (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 06 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Nouvelles, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

Treize histoires (These Thirteen), William Faulkner, Folio . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: Folio (Gallimard)

 

Lire quelques pages de Faulkner amène chaque fois à se demander pourquoi on lit d’autres auteurs. Faulkner a épuisé les possibilités de la fiction en prose, non par la sophistication du style ou des champs lexicaux rares, mais par un phénomène presque purement optique. Panoptique peut-on dire, tant son monde est le fruit d’un regard absolu, totalisant, sur les personnages et les lieux qu’ils peuplent. L’auteur regarde ce qu’il crée, il est spectateur des gens, des situations, et il en rend compte. Rien de ce qu’il invente ne lui appartient, il le met juste à la disposition du lecteur, qu’il investit du pouvoir – redoutable – de comprendre. On est aux antipodes de la fiction romanesque française, voire européenne où l’auteur raconte, explique, conclut. C’est là toute la « difficulté » de lire Faulkner : il faut prendre le temps pour comprendre, ne pas tendre en permanence vers le moment de conclure. Laisser vivre les personnages, les suivre, les voir, les écouter parler, sans chercher sans cesse où ils vont, ce qu’ils font, pourquoi ils le font. Le sens viendra à qui sait attendre pour entendre.

Riley tente l’impossible, Jeff Lindsay (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 06 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, Folio (Gallimard)

Riley tente l’impossible, Jeff Lindsay, Folio Policier, septembre 2023, trad. Julie Sibony, 480 pages, 9,70 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Par un vent très froid, se pressent autour de la toute nouvelle Nesselrode Plaza une petite troupe d’invités triés sur le volet. Nous sommes à Chicago encore surnommée « Windy City ». Parmi les personnes présentes se trouvent le maire, un sénateur, un amiral des garde-côtes et bien sûr Arthur Nesselrode, le milliardaire bienfaiteur à qui l’on doit la superbe mais énorme statue que l’on va dévoiler. Un dispositif de sécurité important a été déployé pour surveiller l’immense œuvre d’art réalisée par un artiste contemporain de renom, mais compte tenu de son poids, qui se chiffre en tonnes, il est bien peu probable que quelqu’un veuille s’en emparer. Et pourtant, alors que l’homme d’affaires prononce son discours, en moins de temps qu’il ne lui en faut pour déchiffrer un paragraphe, les attaches du socle de la statue explosent, des câbles sont tendus entre cette dernière et la masse d’un gigantesque hélicoptère Chinook qui s’élève dans le ciel avec à son bord l’amiral des garde-côtes, accompagné du bienfaiteur de la ville.

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 05 Mars 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, L'Iconoclaste

Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andrea, L’Iconoclaste, août 2023, roman, 581 pages, 22,50 € Edition: L'Iconoclaste

 

Ce n’est pas une histoire, c’est une transposition… Voir à côté, en dessous, au-dessus de la ligne de vue… Ce n’est pas pour rien que Mimo – de son vrai prénom Michelangelo – est petit, et que son nanisme l’oblige à lever les yeux pour voir le rendu des choses, du ciel, des hommes. Mimo est, depuis toujours, un sculpteur de génie et/mais un rustre, rustique, mal dégrossi comme les sculptures à leur origine, avant de rencontrer Viola.

Elle, qui depuis ses trois ans sait lire, et qui depuis, n’oublie rien de ce qu’elle a lu. C’est une enfant, une adolescente un peu sauvage, un peu cachée par sa famille de noble souche.

Viola, comme l’origine de son prénom, à la fois papillon, plante, instrument de musique.