Identification

La Une Livres

Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire, carnets de cavale 18 octobre 2009-8 mars 2010, Brigitte Brami (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 25 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Récits, Unicité

Car le feu qui me brûle est celui qui m’éclaire, carnets de cavale 18 octobre 2009-8 mars 2010, Brigitte Brami, éditions unicité , 2022, 87 p. 13 euros Edition: Unicité

 

Une erreur, un malentendu, un dysfonctionnement de la machine bureaucratique peut faire basculer dans un autre monde où l’irrationnel se loge dans le rationnel, où une logique parallèle à la logique ordinaire et différente d’elle se met en place sans que rien ne semble devoir l’arrêter.

Condamnée à 18 mois de prison dont 10 avec sursis, Brigitte Brami est libérée au bout de 5 mois mais doit se présenter à nouveau devant la justice en raison d’une nouvelle plainte de la partie civile. Convocation perdue, égarée, jamais envoyée, nul ne le saura jamais. Quoi qu’il en soit, elle est absente à l’audience et se retrouve poursuivie, sous le coup d’un mandat d’arrêt avec inscription au fichier central des personnes recherchées. Dans l’attente de l’appel qu’elle a interjeté, elle devient une fugitive. Commence alors pour elle une cavale de cinq mois dans Paris.

À peine sortie des murs de la prison*, la vie à l’air libre pour elle se referme soudain et devient une nouvelle prison. Une prison à ciel ouvert. Comme si le dehors devenait le dedans.

Éclair & Tonnerre ou l’histoire de deux petites fées intrépides (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 22 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Grasset, Jeunesse

Éclair & Tonnerre ou l’histoire de deux petites fées intrépides, HAN Kang, JIN Tae ram, éd. Grasset-Jeunesse, 40 p., 2025, 16,50 € Edition: Grasset

 

Les fées s’ennuient

L’histoire de cet album jeunesse débute avec l’histoire de deux petites fées intrépides qui s’ennuient. Le texte provient de Han Kang, née en 1970 à Gwangju en Corée du sud, fille de l’écrivain Han Sung-won, prix Nobel de Littérature 2024, la première femme à écrire en hangeul. Ses œuvres explorent des problématiques historiques. Deux de ses romans, Bébé Bouddha et La Végétarienne (en réaction à la colonisation japonaise) ont été adaptés au cinéma.

Les petites princesses, Éclair et Tonnerre, maîtresses des nuages, veulent quitter leur royaume céleste. Comme dans tous les contes de fées, il leur faut accomplir une prouesse pour se libérer, afin de découvrir « le monde d’en bas ». Une fois lancées dans la stratosphère, les nuages noirs et les éclairs ont le fracas du son du tambour Boum, boum, boum ! Cracaboum !. Et voilà Éclair et Tonnerre parties pour une grande aventure au-dessus de la terre.

Cette rive, Pierre Maubé (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 22 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions

Cette rive, Pierre Maubé, Les Cahiers d'Illador, 2025, 82 p., 16 euros.

 

Le poète consacre "Cette rive" aux prestiges de l'amour. Dans des poèmes classiques, vivement rythmés, le poète vouvoie l'aimée, effet de distance, à l'aune de " cette rive" qui marque l'absence, le temps écoulé, l'autre temps, celui des effusions, sans doute.

Les vers, que l'usage de l'anaphore assez souvent fluidifie, sont là, écrits pour que cet amour fini, honoré, transposé, récrit, puisse durer encore en poésie.

Ici, on rend hommage aux beautés perdues, où il s'agit de "chercher son chemin", où, devenus "aveugles" les amants "suivent/ le chemin de l'étoile".

Alors, le soir "venant", la nuit, il faut recréer la magie pour que "la lumière" revienne "à travers nous".

Une désarmée des morts, Jean-Michel Devésa (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 21 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Le Temps des Cerises

Une désarmée des morts – Jean-Michel Devésa – Le temps des cerises – 250 p. – 18 euros – 2025 . Ecrivain(s): Jean-Michel Devésa Edition: Le Temps des Cerises

 

« Les hommes s’étaient persuadés qu’ils incarnaient la force et le savoir transmis depuis plus de quinze générations, le vin c’était une civilisation et ils en étaient les gardiens, ceux-là plastronnaient dans leur virilité, hôte en zinc au dos, ou sur les remorques et les engins, au cuvier autour des pressoirs, et reléguaient aux sécateurs les saisonniers, Ibères Gitans Maghrébins, avec la marmaille et leur compagnes et fiancées. »

 

Une désarmée des morts est le roman d’un domaine viticole, Barrouille, une ancienne chartreuse du Médoc, cette terre subtile du vin de Bordeaux, bercée par la Gironde et l’océan si proches. Une désarmée des morts est aussi le roman de Maurice qui a repris le domaine viticole avec sa mère Hortense, et de Véronique, une fille de la nuit tarifée bordelaise qu’il épouse.

Un rêve américain (An American Dream, 1966), Norman Mailer (par Leon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 20 Août 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Grasset

Un rêve américain (An American Dream, 1966), Norman Mailer, Cahiers Rouges Grasset, trad. américain, Pierre Alien, 336 pages, 10,40 € Edition: Grasset

 

Un rêve américain, sous la plume de Mailer, est évidemment un effroyable cauchemar. La violence du propos n’a d’égale que celle de l’écriture, conçue comme une lapidation avec des mots, une logorrhée brutale et morbide. Mailer érige dans ce roman un monument à la gloire de sa propre œuvre, faite de bruit et de fureur, mais il déploie aussi une machine de guerre contre son pays hypocrite qui masque sa violence originelle dans les oripeaux de la liberté et de la réussite. La lecture de cet ouvrage aujourd’hui résonne d’une puissante évocation prophétique de l’Amérique de Donald Trump, furieusement individualiste et libertarienne.

Rojack, le héros du roman, est l’incarnation de cette Amérique : Mailer crée un personnage ambivalent, intelligent et brutal, prototype des contradictions d’une Amérique écartelée entre son vernis de respectabilité et ses pulsions les plus sombres. Il navigue entre culpabilité et autojustification, baigne dans l’hypocrisie morale et l’obsession du pouvoir sous toutes ses formes.