Écrire un livre, c'est sans doute agencer un portrait, ajuster une vision, laisser quelques traces de vie.
Sampiero, dans ce livre très architecturé, s'adonne au plaisir d'écrire LA VIE, celle d'un village, celle d'un ami Yves, celle de tous les "gens de la fenêtre" qu'il décrit comme des présences familières, importantes, d'un passé qu'il s'agit de rameuter.
Les poèmes en prose coulent ici comme fontaines de sens : le portrait de l'ami, voisin, serviable, au plus près d'une nature de jardins et de chevreuils, résonne comme la vie pauvre à sauvegarder en dépit de tout, du temps qui ronge, de la solitude à soigner.
Proche à mon sens des univers de Dhôtel l'admirable et du remarquable Bouysse, Dominique Sampiero réussit le miracle de donner vie au peu qui brille dans la nasse des choses recueillies, "l'âme des flaques, qui, en un seul regard, capturent les averses, les nuages, les merles".