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La Une Livres

Papa, Fumiko Hayashi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Japon

Papa, Fumiko Hayashi, Editions du Canoë, juin 2024, trad. japonais, René de Ceccatty, 128 pages, 12 €

 

L’auteure de Vagabonde a l’art de raconter de petites choses sans y toucher, en conservant candeur, gentillesse et légèreté.

L’histoire se déroule à Tokyo. Le papa est rentré de guerre, après la défaite. Ken-chan, qui a deux frères et sœurs, relate la vie quotidienne, assez chiche, on manque de tout et le papa ne retrouve pas d’emblée du travail. Mais cette vie est pleine de rencontres, d’amitiés, de petites visites en famille.

Comme chez Ozu, l’existence est auréolée de beauté et de bonté. L’enfant narrateur a le don de « s’émerveiller de tout » et le lecteur participe de ce bonheur. En vingt chapitres, la romancière réussit à nous plonger dans l’atmosphère de ces années d’après-guerre, avec les restrictions, les bouffées d’espérance, les familles réunies enfin, après tant d’années de conflit. Dans une langue économe, poétique, qui relaie les pensées d’un enfant, l’écrivaine japonaise nous fait partager les soucis d’une famille ordinaire : la maladie de la mère, la quête du travail par le père, les tâches ménagères que les enfants aussi assument.

Le Vicomte de Bragelonne, Alexandre Dumas en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, En Vitrine, La Pléiade Gallimard, Cette semaine

Le Vicomte de Bragelonne, Alexandre Dumas, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade n°669, Edition Jean-Yves Tadié, novembre 2023, 2112 pages, 69 € . Ecrivain(s): Alexandre Dumas Edition: La Pléiade Gallimard

 

« Alexandre Dumas est un romancier du temps individuel aussi bien que du temps historique. À mesure qu’il avance en âge, il peint le vieillissement de ses personnages, “vingt ans après”, “dix ans plus tard”, les titres et sous-titres le disent. Vieillir, c’est avoir un passé. Peu à peu, le romancier de l’avenir et du présent devient celui du passé. Et de la mémoire » (Jean-Yves Tadié, Préface).

« Quant au cardinal, il se contenta d’effleurer de ses lèvres flétries un bouillon servi dans une tasse d’or. Le ministre tout puissant qui avait pris à la reine mère sa régence, au roi sa royauté, n’avait pu prendre à la nature un bon estomac ».

« Sur le canal aux eaux d’un vert opaque, bordé de margelles de marbre, où le temps avait déjà semé ses taches noires et des touffes d’herbes moussues, glissait majestueusement une longue barque plate, pavoisée aux armes d’Angleterre, surmontée d’un dais et tapissée de longues étoffes damassées qui traînaient leurs franges dans l’eau ».

Autre matin, suivi de Le monde du singulier, Gérard Pfister (par Marie-Hélène Prouteau)

Ecrit par Marie-Hélène Prouteau , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Autre matin, suivi de Le monde du singulier, Gérard Pfister, éditions Le Silence qui roule, mars 2024, 96 pages, 15 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister

 

Gérard Pfister est à la fois éditeur des éditions Arfuyen et traducteur. Il est aussi l’auteur d’une œuvre poétique importante, publiée, pour l’essentiel, aux éditions Arfuyen mais également aux éditions Lieux-dits, Lettres vives. Ce recueil écrit entre 1990 et 1993 au Lac Noir dans les Vosges est publié par les éditions Le Silence qui roule créées et animées par Marie Alloy, qui est peintre et graveuse. C’est elle qui a réalisé la peinture de couverture, « Reverdir », en parfaite résonance avec le titre qui fait sens vers une sorte de promesse.

Autre matin s’ouvre sur un exergue citant L’Âge de la lune du poète Leonardo Sinisgalli que les éditions Arfuyen ont été les premières à publier. Le recueil se présente en cinq parties, composées sous la forme régulière de distiques brefs. L’écriture poétique de Gérard Pfister emporte le lecteur sur le chemin d’une aube spirituelle, arrimée à une vision de la nature débarrassée de toute contingence. Une aube d’avril, singulière par son indétermination :

Les Régicides, Robert Harris (par Jean-Jacques Bretou)

, le Mardi, 11 Juin 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Belfond

Edition: Belfond

 

En 1660, un navire anglais rejoint les côtes de la Nouvelle Angleterre. Il débarque à Boston son lot de passagers, avec parmi eux le colonel Edward Whalley et son gendre le colonel William Goffe. Ces derniers sont en fuite, recherchés pour avoir signé onze ans plus tôt la condamnation à mort du roi d’Angleterre Charles 1er suite à sa défaite contre les républicains. En effet en 1649, Oliver Cromwell, à la tête des révoltés de la New Model Army, vainqueur de la royauté après avoir fait décapiter le roi, s’est hissé à la tête du Commonwealth. En 1558, Cromwell meurt et son fils lui succède, mais le régime s’écroule avec le retour de la monarchie. En 1660, le roi Charles II monte sur le trône. Les « régicides » sont alors recherchés.

Quand les Impressionnistes s’exposaient, Laurent Manœuvre (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, L'Atelier Contemporain

Quand les Impressionnistes s’exposaient, Laurent Manœuvre, L’Atelier Contemporain, Histoire de l’art, avril 2024, 256 pages, 28 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Dans le cadre des célébrations liées aux cent cinquante ans de l’impressionnisme, du moins de la naissance du mouvement en tant qu’il est nommé, outre que diverses expositions sont organisées, L’Atelier contemporain propose, sous la plume de Laurent Manœuvre, une riche et documentée histoire des huit expositions organisées entre 1874 et 1886 par les protagonistes eux-mêmes du mouvement. Au passage, l’auteur se montre fidèle à cette proclamation émise dans ce qui pourrait être une longue introduction à l’analyse des huit expositions en question : « Réduire les multiples facettes de l’impressionnisme à quelques phares (pour reprendre le mot de Baudelaire), et à la seule peinture, trahit l’histoire de ce mouvement » ; il est donc question, dans Quand les Impressionnistes s’exposaient, de peinture, mais aussi de gravure, d’estampe voire de sculpture – et même de quelques dessins destinés à illustrer l’éphémère L’Impressionnisme, journal d’art.