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La Lucarne, Jean Meckert (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Joelle Losfeld

La Lucarne, Jean Meckert, éditions Joëlle Losfeld, avril 2024, 246 pages, 16,70 € Edition: Joelle Losfeld

 

L’homme défait de Jean Meckert

Jean Meckert est cet auteur aux multiples vies dont cette dernière que les éditions Joëlle Losfeld ressuscitent livre après livre. Le neuvième à paraître sur une série de dix !

Connu sous le pseudo de Jean Amila, Meckert est mort en 1995. La Lucarne est un livre sombre, moins que Les Coups qui nous avaient tous saisis à leur re-sortie en 1993 grâce à Jean-Jacques Pauvert.

La Lucarne est écrite juste après-guerre et narre le juste avant. C’est, si l’on peut le dire ainsi, un livre plus idéalogique qu’idéologique. Nonobstant le climax de guerres sourdes qui sourdent, de nations qui se toisent, de ligues d’extrêmes droites triomphantes et de nazisme endémique, Édouard Gallois, le personnage central, enchante la paix, l’universel, bref le grandiose, l’iconoclaste. Le dérogeant dérange.

Le village secret, Susanna Harutyunyan (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 04 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays de l'Est, Roman

Le village secret, Susanna Harutyunyan, Les Argonautes Éditeur, février 2024, trad. arménien, Nazik Melik Hacopian-Thierry, 218 pages, 22 €

 

C’est à un voyage hors du temps que nous sommes conviés à la lecture de ce texte, hors du temps puisqu’aucune date précise n’est donnée, mais daté cependant quand il a comme toile de fond, tout juste évoquée, le génocide de 1915 ou encore l’ère soviétique.

Un voyage hors du temps parce que Susanna Harutyunyan « conjugue les souffrances du peuple arménien avec la poésie de ses légendes ».

Le village secret est donc situé en Arménie, aux confins des montagnes, secret parce qu’il n’est connu de personne « à l’extérieur », secret parce que s’y réfugient ceux qui ont par miracle échappé aux tueries.

La Lumière vacillante, Nino Haratischwili (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 18 Octobre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Roman, Gallimard

La Lumière vacillante, Nino Haratischwili, Gallimard, Coll. du monde entier, septembre 2024, trad. allemand, Barbara Fontaine, 720 pages, 27,50 € Edition: Gallimard

 

Voici un roman fleuve qui n’est certainement pas un long fleuve tranquille.

Après La Huitième vie, une fresque de 1200 pages présentée dans notre magazine en octobre 2021, Nino Haratischwili récidive avec ce carrousel romanesque de plus de 700 pages, servi comme le précédent ouvrage par la remarquable traduction de Barbara Fontaine.

Le prétexte, ou le sous-texte, ou le texte-cadre, est une exposition posthume, à Bruxelles, en 2019, des photos réalisées tout au long de sa vie par la célèbre photographe géorgienne Dina, l’un des personnages de premier plan de ce roman à l’écriture prolifique. Parmi les visiteurs se retrouvent Keto, la narratrice, Ira et Nene, les trois amies indéfectibles, depuis l’école primaire, de la défunte artiste dont l’absence hante, lancinante, la mémoire des protagonistes.

Récits de la guerre de Sécession (Tales of the Civil War), Ambrose Bierce (par Leon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 17 Octobre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Nouvelles, Pocket, En Vitrine, Cette semaine

Récits de la guerre de Sécession (Tales of the Civil War), Ambrose Bierce, Pocket bilingue, trad. américain, Dominique Lescanne, 139 pages Edition: Pocket

 

Par toutes sortes de ruissellements, directs ou indirects, la Guerre Civile américaine a été, est encore, la nourriture première d’une part essentielle de la littérature du pays. Très au-delà de sa place comme thématique principale de romans, nouvelles ou poèmes, elle irrigue comme un sous-sol humide une myriade d’ouvrages éminents.

On pense d’abord, bien sûr, à la littérature sudiste, littéralement rivée à la mémoire de la plus horrible guerre de l’Histoire des USA. Faulkner, Stephen Crane, Foote, Mitchell, Fast, Lent, Gibbons, Doctorow, James Lee Burke et bien d’autres, ont fait de cet événement la matrice de leur œuvre. Du côté des vainqueurs, les écrivains nordistes ne sont pas en reste : Louisa May Alcott, Laird Hunt, William Styron, Ron Rash et, le premier de tous, celui qui vécut l’effroyable cauchemar de l’Amérique, dont le carnage de Shiloh, Ambrose Bierce.

Tchaïkovski et le mannequin d’or, Jean-Maurice de Montremy (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 16 Octobre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Tchaïkovski et le mannequin d’or, Jean-Maurice de Montremy, éditions Le Condottière, septembre 2024, 236 pages, 19 €

« Cet été 1984, je logeais dans une chambre dont les fenêtres donnaient sur le rio del Val, par lequel on accède au palazzo, presque un rio privatif. On la nomme chambre aux Livres, car il s’y trouve une magnifique bibliothèque. J’appris bientôt – ce récit le montrera – que cette chambre avait été celle d’un hôte de marque, voici presque un siècle ».

Nous sommes à Venise en juin 1893 où séjourne clandestinement Piotr Ilitch Tchaïkovski, ce roman flamboyant en est le récit romanesque. À Venise au Palazzo Merhi, propriété de l’étrange médecin Basil Bartovitch Barparoz, il va tenter de se guérir d’un amour impossible, tout en travaillant à un projet d’opéra-ballet, Le mannequin d’or. Le roman de Jean-Maurice de Montremy se nourrit d’archives découvertes dans une malle aux mille secrets, contenant des histoires, des lettres, des papiers plus ou moins froissés qu’une main experte dérobait dans les corbeilles à papier pour le seul plaisir de Barparoz, il se nourrit aussi du journal du compositeur : « Au palazzo, tout le monde lit tout le monde ; tout le monde se cache mais montre qu’il se cache… ».