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Les Livres

Soleil blanc, Sabine du Faÿ (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 16 Septembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jeunesse

Soleil blanc, Sabine du Faÿ, Oskar Éditeur – Février 2024, 136 pages – 12,95 €

 

D’emblée, ce roman destiné aux adolescents affirme un caractère politique : la dédicace faite à « Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, juges antimafia assassinés » interpelle le regard, mais il est tout aussi important de souligner qu’à cette dédicace s’ajoute celle « à tous les enfants ».

Le sujet dont s’empare Sabine du Faÿ est parmi les plus délicats à aborder quand il s’agit de s’adresser à la jeunesse : la dépendance lancinante, avant qu’elle ne puisse devenir dévorante, à la drogue – le cannabis, quant au roman qui nous intéresse. Comment éviter, en effet, le piège du manichéisme ? Mais comme il s’agit d’une fiction, la différence se fera avec son personnage principal, Guillaume.

Dès les premiers chapitres, le talent de Sabine du Faÿ émerge à travers la dimension poétique qu’elle donne aux moindres éléments du quotidien. Qu’il s’agisse d’une atmosphère matinale ou d’un après-midi d’été brûlant, l’observation portée autour de soi nous fait entrer dans un tableau – une observation reliée directement à la curiosité d’un enfant.

Sylvie Le Bihan L’ami Louis (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 16 Septembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Sylvie Le Bihan L’ami Louis éd. Denoël 423 pp 22€50

 

Palimpseste pour Louis Guilloux

Voilà le dilemme.

Nous sommes tellement heureux de retrouver Louis Guilloux. L’écrivain du Sang Noir, du Jeu de patience, des Batailles perdues ou d’Herbe d’oubli entre autres Maison du Peuple ou Coco perdu.

Prix Renaudot, Prix de la littérature populiste, tant d’autres et celui de l’Académie Française. Se rend-on compte pour cet ami de Camus ce que le Grand Prix National des Lettres (1967) veut dire ? Comme le Nobel à Camus ? Se rend-on compte quand on sait que l’un naît à Alger d’une mère illettrée et d’une grand-mère sourde et muette, et l’autre, Guilloux, fils d’un cordonnier, le plus humble des cordonniers socialistes de Saint Brieuc ?

Nous sommes tellement heureux de retrouver Louis Guilloux.

Souches, Myriam Ouellette (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Lundi, 15 Septembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Québec

Souches, Myriam Ouellette, 230 p., 25 € (disponible à la Librairie du Québec à Paris), Edition: Le Cheval d’août

 

Souches raconte l’épreuve qu’a traversée l’auteure atteinte il y a quelques années d’une leucémie aiguë. D’abord, la vaine chimio qui vous dénude le crâne et « vous tue un peu pour vous sauver ». Puis l’obligatoire greffe de cellules souches, dont les chances de prendre sont de cinquante-cinquante et qui demandera deux ans avant que les médecins puissent prononcer leur verdict. Le récit se concentre sur cette attente interminable où la greffée vit en compagnie de sa mort prochaine, avec de nombreuses échappées dans sa généalogie familiale. L’éditeur a beau présenter le livre comme un roman, c’est un récit autobiographique où Myriam Ouellette ne semble pas s’être livrée au jeu de cache-cache de l’autofiction ; si elle a inventé, c’est dans les marges. Elle a rebaptisé certains des nombreux acteurs qui gravitent autour d’elle, notamment son frère, nommé ici Aaron. Il a été un blogueur politique et photographe québécois connu, jusqu’à sa mort en 2022. Aaron est le frère de Myriam dans l’Ancien Testament.

La Guerre des chambres dans ma maison, Hans Thill (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Septembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Langue allemande

La Guerre des chambres dans ma maison, Hans Thill, trad. allemand Habib Tengour, préf. Jean Portante, éd. APIC, coll. Poèmes du monde, 156 p., 2022

 

Poésie composite

Il y a des mystères que l’on traverse sans le savoir. Il y a des énigmes qui trouvent réponse. Entre ces deux états se tient la ligne poétique de Hans Thill. L’on y est à la fois saisi par la force du langage, son secret, sa profondeur, et une inquiétante étrangeté. Le monde décrit procède, pour le lecteur francophone, par fragments, touchant à l’étrange. Oui, par une espèce de baptême de la signification. Une matière « noire » du langage.

Malgré tout, même cette sorte de sfumato des signes ne perd pas le lecteur qui voit un travail quand même concentré sur la ville, qui ne traite pas comme souvent en poésie, des notions communes de descriptions bucoliques. Et même si la forêt a son importance par exemple, la focale du recueil c’est la cité, le monde urbain avec sa richesse, son étrangèreté.

Prophétesse, Daniel Payot (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Septembre 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Prophétesse, Daniel Payot, Les Lieux-Dits, coll. Les parallèles croisées, 2025, 134 p., 15 euros.

 

Que la parole philosophique soit prophétique, c'est une évidence puisqu'elle dénoue les tissages du réel, sonde les profondeurs, s'inscrit dans une approche du monde, épistémologique, anthropologique. Quand un philosophe passe en poésie, il sait pertinemment que sa parole a la densité pensante des "traces", "des passages".

Mais à quels prophètes, cette langue s'adresse-t-elle ? A quels "tu", "je", "nous" le poète confie-t-il ses perceptions ? Comment engrange-t-il, poème après poème, les reliefs de sa pensée, signant que l'inaccompli honore le vivant, le projette dans l'action, établit son parcours ?

Le poète philosophe sait que le temps, le regard, le vivre tirent qualité du silence, d'une parole non impérieuse, que le but est de s'insinuer dans "l'immémorable" des traces, des mémoires.