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Les Livres

Un sol trop fertile, Cédric Le Penven (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 28 Août 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Un sol trop fertile, Cédric Le Penven, Editions Unes, 2021, 80 pages, 17 €

"j'ai acheté des outils pour sculpter du bois flotté

mon fils à l'école, ma femme au travail

je passe de pièce en pièce, dans le jardin, dans le bureau

je touche les gouges du bout des doigts

ça lancine et ça brûle

tant de colère contre la tristesse

ce paquet de linge gorgé d'eau qui colle et pèse à l'arrière de la nuque"(p.41)

 

La "résilience" s'entend au sens faible (malgré les coups reçus, le goût - et même la capacité - de santé demeure), ou au sens fort (plus un sort fait tomber notre vie, mieux on le surmonte). C'est comme vouloir faire rire le malheur, en bichonnant en retour quelques pieds-de-nez vers lui.

Le rire de Sade, Essai de sadothérapie joyeuse, Marie-Paule Farina (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 27 Août 2025. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, L'Harmattan

Le rire de Sade, Essai de sadothérapie joyeuse, Marie-Paule Farina, L’Harmattan 9 avril 2019, 260 pages, 27 euros . Ecrivain(s): Marie-Paule Farina Edition: L'Harmattan

 

« Le rire de Sade ».

Que voilà un titre déroutant, dérangeant ! Volontairement provocateur ?

Associer au rire ce personnage vilipendé, voué depuis plus de deux siècles aux gémonies, accusé (à juste titre ou non, preuves à l’appui ou non, on s’en fiche) de délits sexuels mineurs, ce romancier maudit, interdit, emprisonné, interné, dont les porte-étendards de morale se sont acharnés à pilonner et brûler les écrits, ce marquis présenté comme la personnification extrême du mal, du vice,  comme un individu tellement abominable qu’un terme désignant la pire monstruosité humaine a été forgé à partir de son nom… est-ce seulement imaginable ?

 

« L’irrésistible gaieté avec laquelle Sade raconte des « horreurs », qui en parle ? Qui en rit ? »

Petit traité du silence, Pascal Bataille (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 27 Août 2025. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres

Petit traité du silence, Pascal Bataille, Ed. Guy Trédaniel Avril 2025, 220 pages, 12,90 €


On devrait élever une statue au silence » (Thomas Carlyle). Le silence, souvent perçu négativement comme une sorte de « ghosting », reprend ses lettres de noblesse sous la plume de Pascal Bataille dans ce « Petit traité du silence à l'usage des gens bruyants ».

C'est dans la privation que l'on se rend compte de la valeur des choses. L'auteur a été victime de crises de surdité qui lui ont laissé des acouphènes, tintements de clochette, bourdonnements.... C'est dans ces bruits parasites permanents qu'il a pris conscience de la valeur vertueuse du silence. Le son met notre cerveau sous tension, les réseaux de neurones du système auditif sont les plus développés, même un bruit continuel modéré n’échappe pas à notre cerveau.

Le Mendiant aveugle et autres récits de colportage – Anonyme (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 26 Août 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Contes, Editions José Corti

Le Mendiant aveugle et autres récits de colportage – Anonyme Éditions José Corti – Septembre 2001 Traduction de l’anglais et postface : Françoise du Sorbier, 272 pages – 17 € Edition: Editions José Corti

 

Parce que leur origine a toujours été et demeurera inconnue, certaines histoires en deviennent d’autant plus fascinantes. On comprend surtout, à travers elles, combien elles sont les bases de notre littérature et combien même elles marquent la trace de sa progression. Tel est l’exemple que veut nous donner, à juste titre, Françoise du Sorbier qui a recueilli ces huit récits anglais, en plus du plaisir évident de les partager avec un lectorat francophone. Il s’avère que deux héros, au moins, nous sont familiers ici : Jack et son fameux haricot magique, ainsi que Tom Pouce, tous deux appartenant à des classiques destinés à l’enfance. Au contraire, les autres protagonistes nous sont quasiment inconnus, et c’est aussi en leur compagnie que les codes du conte dit merveilleux glissent vers une approche beaucoup plus moderne du récit.

La sélection de Françoise du Sorbier, en plus d’être chronologique, met en avant le dessin de ce glissement.

Le Royaume sans murailles, suivi de : L’aurore intranquille, Catherine Andrieu (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 26 Août 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Le Royaume sans murailles, suivi de : L’aurore intranquille, Catherine ANDRIEU, éd. Rafaël de Surtis [120 p.] – 17 €

Je suis née trouée, dit Catherine Andrieu, le laps fulgurant d’un souffle puisé dans une transfiguration chamanique du monde et l’alchimie d’un style, au cœur d’un Royaume sans murailles blotti tel une grotte au creux de la Terre, à l’écart du monde normatif, géode cosmique grandeur nature à même la paroi du vertige. « Je me suis levée avec la sève aux poignets », poursuit-elle, dressée à l’assaut du ciel sous l’arche végétale où le velours des fougères cervidées, entre autres -au milieu d’une faune sauvage qui n’a de sauvage qu’une liberté indomptable- peuple l’animale forêt de sa pensée. Par les interstices du feuillage, ceux de l’observation patiente, de la peur, du doute,  de la clairvoyance, elle s’y incarne par le sang de ses mots prenant racine « sur un sol (…) de sources invisibles » (arbre, clairière, « langue rauque des torrents », …), dans une osmose alchimique de sourcière, renversant la perspective, accouchant d’oiseaux en vol du Saint-Esprit sur les persiennes de sa chair, par le ventre de l’œil à l’écoute visionnaire (« des oiseaux carnivores sont nés dans mes cils »). Elle remue les globules de son encre dans le calice d’une immobilité figurative incorporant le total univers non domestiqué qui nous entoure.