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Les Livres

Textes retrouvés, Essais, portraits, articles, conférences, Jorge Luis Borges (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 28 Avril 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Gallimard, Anthologie

Textes retrouvés, Essais, portraits, articles, conférences, Jorge Luis Borges, Gallimard Du monde entier, décembre 2024, trad. espagnol (Argentine) Silvia Baron Supervielle, Gersende Camenen, 354 pages, 23,50 € Edition: Gallimard

 

Les nombreux et fervents amateurs de Borges savent tous que les deux volumes d’Œuvres complètes qui furent publiés à la Bibliothèque de la Pléiade ne méritaient pas leur titre. Ils furent le résultat d’une sélection opérée par Borges lui-même, trop heureux de « coudoyer » Montaigne dans la prestigieuse collection française.

Malgré sa cécité (ou à cause d’elle ?), Borges a beaucoup lu, conversé, écrit et dicté. Combien il est paradoxal que l’art si français de la conversation lettrée et familière ait connu cette reviviscence à l’autre bout du monde… Mais Borges déclarait que par une autre étrangeté, l’écrivain jugé comme le plus représentatif d’un pays – Shakespeare pour le Royaume-Uni, Dante pour l’Italie, Goethe pour l’Allemagne, … – était celui qui correspondait le moins à son caractère national.

David Bowie, L’homme qui venait d’ailleurs, Serge Féray (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 28 Avril 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, Le Mot et le Reste

David Bowie, L’homme qui venait d’ailleurs, Serge Féray, Le mot et le reste, février 25, 307 p. 24 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Peut-être eût-il fallu inverser titre et sous-titre de l’ouvrage, pour être au plus près de son contenu. Il ne s’agit pas ici d’une biographie sur la carrière musicale de David Jones, mais de montrer en quoi les différents types musicaux abordés par le musicien le prédisposaient à jouer dans L’homme qui venait d’ailleurs. Ceci étant, l’ouvrage n’omet pas pour autant la carrière musicale de David Bowie, détour indispensable pour la cohérence du texte.

Plus de trente pages sont consacrées à l’œuvre musicale de David Bowie, qui ont pour objet de montrer la surprenante diversité du chanteur. Sa fascination pour les masques – on pense bien évidemment à Ziggy Stardust « et l’éclair rouge et bleu qui déchire la nuit électrique » – l’ont conduit à privilégier différentes facettes de sa personnalité, laquelle est alors comme enfouie sous le mille feuilles de ses personnages. Bowie adolescent voulait faire du cinéma, et « Bowie a fait des films sur disques ». En effet, de nombreux albums sont des « concepts » conçus comme des œuvres, très souvent sombres quoi qu’on en dise.

La veine des étoiles phonétiques, Céline De-Saër (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 28 Avril 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

La veine des étoiles phonétiques, Céline De-Saër, Atelier de L’Agneau Editeur, 2024, 80 pages, 16 €

 

En choisissant pour titre de son premier recueil de poèmes « La veine des étoiles phonétiques », Céline De-Saër ouvre un chemin. A la source des mots, de leur son autant que de leur sens (l’oralité est ici primordiale), qu’elle plonge dans une nuit qui serait, comme l’écrit Péguy, l’état habituel et permanent. Un chemin qui est cheminement, à la découverte, pas à pas, de ce qui pourrait être un gisement ou une pulsation, selon la double acception de la veine du titre, relevant du domaine minier comme de la circulation du sang.

Gisement d’images, d’émotions au fil des pages, alternance de lutte et d’abandon de la part de la poète : les visions s’enchaînent, le sang bat trop vite aux tempes. Car il s’est produit un événement tragique, à l’origine, ainsi qu’on peut le supposer, de l’écriture du recueil, et qui apparaît explicitement par deux fois, dans toute sa violence et la netteté de sa description.

Kalmann, Joachim B. Schmidt (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Vendredi, 11 Avril 2025. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Kalmann, Joachim B. Schmidt, Folio Policier, janvier 2025, trad. allemand, Barbara Fontaine, 368 pages, 9,50 € Edition: Folio (Gallimard)

Tous les romans policiers ne se ressemblent pas, a fortiori tous les romans policiers nordiques. Celui qui nous intéresse se déroule en Islande dans la ville de Raufarhöfn à deux kilomètres du cercle polaire, il s’intitule Kalmann et a été écrit par un auteur suisse. S’il a pour personnage central un cœur simple, un homme d’une trentaine d’années qui fait penser par ses réparties à Forrest Gump, héros du film éponyme, il présente quelques différences. Kalmann Óðinsson a le chef couvert d’un chapeau de cowboy, il porte une étoile de shérif américain et possède, accroché à sa ceinture, un vieux Mauser. Cette tenue qui est le seul héritage de son père d’origine américaine qu’il n’a croisé qu’une seule fois, lui vaut le surnom de « shérif de Raufarhöfn ». Kalmann est l’un des derniers pêcheurs de requin de la région et quasiment l’un des derniers pêcheurs tout court parce qu’une loi sur les quotas de pêche a été imposée dans cette région de l’océan. Avec ses poissons notre pêcheur prépare du hàkarl, du requin mariné, dont il détient la recette de son grand-père et pour lequel il revendique être le second meilleur préparateur de ce mets après son grand-père. Kalmann a une autre passion, il est chasseur. Il prétend avoir vu un ours polaire et poursuit le renard. Particulièrement un renard bleu surnommé Schwarzkopf à cause de sa tête noire comme la tête de femme qui figure sur les flacons de shampoing du même nom.

Choix de poèmes, James Sacré (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 11 Avril 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Choix de poèmes, James Sacré, Éditions Unes, mars 2025, 128 pages, 10,40 €

 

Avec cette anthologie personnelle, le grand écrivain (né en 1939) que l’on sait se rend utile. Par ce choix chronologique, en effet, sobrement établi (110 pages) dans son œuvre immense, James Sacré fait mieux que nous parler : il se parle publiquement (et nous l’écoutons ainsi directement, nous avons comme part aux « gestes intérieurs d’écriture qui poussent en avant la masse des mots de (ses) poèmes », p.69). Ce serait alors ici le bienvenu autoportrait continué de sa vocation, s’il était assuré d’elle, mais non : si un monde natif l’avait enveloppé autrement (l’étage d’une petite épicerie plutôt qu’une ferme vendéenne – changeant ainsi du tout au tout son « étonnement fondamental »), il aurait été (écrit-il, p.51) un tout autre inspiré, et, peut-être même, tout autre chose qu’inspiré. Et la contingence de sa postérité lui semble bien valoir celle de sa source (« Une ritournelle anodine/ Hé, poème ! qu’elle disait, ho !/ Vaine parole humaine/ Dans l’informe bruit du temps », p.100).