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Les Livres

Crever la nuit, Philippe Colmant (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 03 Juin 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Crever la nuit, Philippe Colmant, Editions Le Coudrier – Mars 2025 Illustrations : Philippe Colmant. 68 pages – 18 € Edition: Le Coudrier

 

Le titre de ce recueil, aussitôt lu, nous projette vers un double sens auquel le contenu ne déroge pas. L’insomnie du poète le force à désirer « crever la nuit », à désirer une faille au sein d’une obscurité trop dense, trop longue, à désirer apercevoir, au sein même de sa prison, un trait de lumière. Car la douleur exprimée ici est si aiguë que le poète pourrait bien être près de « mourir » au cours de cette nuit.

L’être aimé n’est plus présent dans ces murs. Le sommeil est introuvable. A l’image de ces feuilles éclairées par un lampadaire, que nous montre la couverture, on a l’illusion de voir et d’entendre des insectes bourdonner autour de l’esprit du poète, assailli par un essaim d’intranquillité. L’environnement, observé, écouté, se dresse devant lui comme un reflet. « Une brise discrète pleure quelque étoile écrasée. (…) au loin, dans les campagnes, la cécité guette, ratisse large. Les labours neufs s’éteignent dans leurs lignes. Les champs en grains cèdent de leur opulence aux rongeurs impénitents. » (p. 8)

Personne dis-tu, Marc Dugardin (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 03 Juin 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Personne dis-tu, Marc Dugardin préface de Anouk Delcourt, Rougerie, avril 2025, 64 p. 12 €

 

Marc Dugardin (né en 1946) est un poète (belge) discret et juste ; le poète des présences délicates et des (expressives et merveilleuses) lacunes de la vie. Par exemple, aux étoiles (belles, mais lointaines et figées), il préfère les nuages, et peut, d'une formule, en dire tout : "flottants/ indéterminés/ précis comme les trous/ d'un rêve dans la mémoire" (Table simple, p.64), et, s'ils passent et se dissipent, ils le font penser à ces autres passants - les humains, qui, eux, ont un regard, et, au contraire des nuages, savent qu'ils passent et que nous passons, et sont, eux, nos vrais "miroirs", que nous négligeons. Dugardin est un poète de la présence (parfois terrible) des autres, et de l'absence (parfois sublime) du sens : on comprend mal, parfois, ses formules elliptiques, mais ce qu'il saisit du monde nous saisit aussitôt ! Quand il parle de "la mer/ violemment/ en paix avec elle-même", on ne sait pas trop où on est, mais on y est directement.

Rendez-vous au parc, les amis !, Magnus Weightman (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 02 Juin 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

Rendez-vous au parc, les amis !, Magnus Weightman, 23,5 x 32,5 cm, 40 p., éd. La Martinière jeunesse, 2025, 14,90 € Edition: La Martinière Jeunesse

 

La cité idéale

 

Magnus Weightman, d'origine anglaise et norvégienne, vit aujourd'hui à Rotterdam. Architecte et urbaniste, il a connu un succès international avec son premier album, Bienvenue, Castor ! Son nouvel album, Rendez-vous au parc, les amis ! convoque 16 personnages principaux (dont un bébé dans un landau), qui sont des animaux anthropomorphisés : souris, écureuils, élan, tatous, autruche, etc. Cette joyeuse compagnie se rend dans le grand parc de la ville, lieu de détente, de rencontre et de loisir. Un jeu de « cherche-et-trouve » est proposé par l’auteur. Ce bestiaire habillé est peuplé de chats et de chiens citadins circulant à moto, d’un jardinier ; l’on y croise des familles de poules en voiture, d’écureuils et de pingouins. Au sein de cette cité idéale, les herbivores musardent avec les carnivores…

Les Cavales, 2, Hervé Micolet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Juin 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Les Cavales, 2, Hervé Micolet, éd. La rumeur libre, 236 p., 2025, 20 €

 

Je résumerais l’essentiel du dernier recueil d’Hervé Micolet, tentative profuse et audacieuse, par le terme de plain-chant. Car, ce n’est pas un rhapsode qui écrit, mais un musicien qui compte avec exactitude le rythme voulu du poème, d’un chant à une voix. Les poèmes sont donc résolument tournés vers des formes anciennes ou archaïques. On est davantage à la Renaissance ou l’Antiquité que dans une écriture post-moderne (à moins que cette tentative signifie justement une post-modernité). J’admire le travail dont ce livre fait l’objet, lequel conserve une cohérence et une continuité où l’on devine un labeur important, un travail où chaque strophe pourrait s’apparenter à un neume. Cette « partition » est tournée vers un ailleurs, un autre temps (et l’on sait que l’œuvre d’art met en danger le temps). En bref, c’est une langue voluptueuse et recherchée.

Voyage oublié (Viaje olvidado), Silvina Ocampo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 28 Mai 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Nouvelles, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Voyage oublié (Viaje olvidado), Silvina Ocampo, 136 p., trad. Anne Picard, éd. Des femmes-Antoinette Fouque, avril 2025, 14 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Maisons de l’enfance


Silvina Ocampo, née à Buenos Aires en 1903, décédée en 1993, fut mariée à Adolfo Bioy Casares (1914-1999, écrivain argentin d’origine béarnaise) et l’amie de Jorge Luis Borges. Poétesse et romancière, elle a publié sept recueils de nouvelles, traduit une vingtaine d’œuvres ; de plus, elle a suivi à Paris l’enseignement de Giorgio de Chirico et de Fernand Léger. Elle est considérée comme la plus grande figure poétique de l’Amérique du Sud. Silvina Ocampo signe ici son premier livre de fiction. Par ailleurs, quatre autres récits sont publiés par les éditions des femmes, également traduits par Anne Picard.