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Les Livres

Un mot sans l’autre, Dialogue avec Philippe Bouret, Lili Frikh (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Un mot sans l’autre, Dialogue avec Philippe Bouret, Lili Frikh, Mars-A éditions, février 2024, 108 pages, 15 €

 

Brève présentation du livre au Gazette-café de Montpellier, ce samedi 11 mai 2024, 18 heures. Vingt personnes dans la petite salle rouge du fond. Dès les premiers mots, Lili Frikh bouleverse et inquiète, dans une impression d’Artaud et Simone Weil mêlés, comme se jaugeant l’un l’autre, ironiques et affectueux (!), depuis longtemps. Mais reprenons du début.

Lili Frikh, dès qu’on l’a aperçue une fois ou deux, fait tellement peur dans sa dégaine et sa conduite (une fine sorcière aux yeux jaunes, avec leur lumière à bout portant ; ou une bête amochée et timide – qui va visiblement parler, mais avec laquelle on ne va certes pas connaître le « plaisir du texte » !) qu’on préfère arriver après qu’elle se soit installée, pour ne pas voir comment et combien elle se dispose anormalement là – où que ce soit – à quel point elle débarque et s’établit de justesse, si pudiquement et farouchement devant les autres.

Ton frère, Minh Tran Huy (par Alix Lerman Enriquez)

Ecrit par Alix Lerman Enriquez , le Lundi, 10 Juin 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Robert Laffont

Ton frère, Minh Tran Huy, Robert Laffont, Coll. Les Affranchis, mars 2024, 166 pages, 17 € Edition: Robert Laffont

 

On se souvient avec émotion de son précédent livre, Un enfant sans histoire, publié en 2022, où l’écrivaine française d’origine vietnamienne évoque avec désarroi mais force et courage son parcours de combattante de mère d’un enfant autiste sévère. Malgré des soins incessants prodigués par son époux et elle-même, son fils Paul reste muré dans un mutisme effroyable dont il ne semble plus possible de le défaire.

Avec son dernier livre, Ton frère, elle renoue avec cette histoire douloureuse, mais elle le fait d’une manière originale en adressant une lettre pleine d’humanité et de poésie à Serge, le petit frère « neurotypique » de Paul. À Serge, l’enfant inespéré, elle lui parle avec pudeur de la difficulté de vivre au quotidien avec ce grand frère « un peu spécial », qui semble enfermé dans sa gangue de solitude et de terreur.

Du Sens, Exercices d’encouragement, Denis Guénoun (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Juin 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Du Sens, Exercices d’encouragement, Denis Guénoun, Éditions Manucius, 2023, 244 pages, 24 €

 

Du définir

Il faut consacrer son intelligence et sa capacité d’analyse à la lecture de ce livre que Denis Guénoun publiait chez Manucius il y a peu. Je dis cela posément, car ce recueil de conférences et d’articles s’adresse nettement à l’intellect. Oui, ce livre est mental, il agite et vise en soi davantage les conceptions et les concepts que le divertissement – même et surtout parce que cet ouvrage est bien écrit et sollicite notre ouverture d’esprit, la pénétration de la pensée –, en considérant que penser est une activité liée à l’émotion elle aussi, mais sans facilité, sans ce besoin de la communication de concerner les lecteurs.

La première femme, Jennifer Nansubuga Makumbi (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 06 Juin 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, Métailié

La première femme, Jennifer Nansubuga Makumbi, éd. Métailié, mars 2024, trad. anglais (Ouganda) Céline Schwaller, 544 pages, 23 € Edition: Métailié

« L’ethnobiographie constitue, à partir de l’informateur, une méthode de maïeutique sociale qui permet au sujet de se retrouver lui-même et qui lui donne la possibilité de porter témoignage sur son groupe, sa société, sa culture »

Jean Poirier et coll., 1983

La première femme est le deuxième roman de Jennifer Nansubuga Makumbi (écrivaine ougandaise née à Kampala, diplômée d’un Doctorat en création littéraire de l’Université de Lancaster, récompensée en 2018 du Prix de Littérature Windham-Campbell). Et c’est par la voix de la jeune Kirabo Nnamiiro que va se dérouler le continuum de la saga d’une vaste famille ougandaise, partagée entre croyances animistes et monothéismes. Le contexte est celui du post-colonialisme, sous l’ère dictatoriale et sanguinaire d’Idi Amin Dada (1925-2003). Jennifer Nansubuga Makumbi réveille les grands mythes de l’Afrique de l’Est, notamment ceux de l’Ouganda, indépendant en 1962, pays membre de l’Organisation de la coopération islamique.

Pronostic Vital Engagé, Jacques Cauda (par Philippe Pichon)

Ecrit par Philippe Pichon , le Jeudi, 06 Juin 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Pronostic Vital Engagé, Jacques Cauda, Sans Crispation Éditions, mars 2024, 130 pages, 16 €

 

Jacques Cauda, une madeleine de Rabelais sous un ciel triste qui pleure de joie

Une vie à l’écart, farouchement préservée sous pseudonyme, hors des circuits publicitaires, recluse presque ; une œuvre foisonnante, OObèse même, en marge, dure, folle d’ironie et d’angoisse, elliptique. Pas tout à fait tragique : une comilédie.

Le Surréalisme aurait pu revendiquer cet écrivain tranchant si Cauda était né avec lui à la littérature. En Caudalie, exit la raison, out le mensonge vrai, l’auteur instaure la dictature de ses rêves. Mais il ne joue pas avec les mots pour dérouter le bourgeois ‒ comme un(e) Brel(e). Quand d’autres faisaient leurs numéros, cultivant le scandale pour le plaisir et l’idéologie pour la coquetterie des manifestes (1), il se tenait en retrait et, sans se contraindre, pratiquait l’ascétisme carnassier.