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Les Livres

Seaside, Didier Ben Loulou (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 26 Juin 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, La Table Ronde, Israël

Seaside de Didier Ben Loulou, éd. La table ronde, 84 p., 2025, 28 € . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou Edition: La Table Ronde

 

Les frontières et la mer

Le nouvel ouvrage photographique de Didier Ben Loulou vient de paraître. Photographe franco-israélien, né en 1958 à Paris, auteur de monographies et de livres d’artistes, Didier Ben Loulou expose régulièrement, et ses œuvres font partie de certaines collections publiques. Après des études de photographie et d’histoire de l’art, il s’installe en Israël en 1981 où il fera l’expérience du kibboutz à Ma’agan Michael. Durant les deux Intifada (1991 et 2008), il se consacre comme photographe à Jérusalem, pierre d’angle de son travail. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs en 1995, il obtient une bourse du Fiacre (ministère de la Culture) en 1997. Il arpente les lieux méditerranéens, de Marseille à Jaffa, en passant par l’Italie, la Grèce et le Maghreb. L’auteur capte des fragments de paysages, reconstituant des sortes de carnets de voyage. Son avant-dernier livre en 2023 s’intitulait Judée.

La chatte, Colette (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 25 Juin 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Livre de Poche, En Vitrine, Cette semaine

La chatte, Colette, Le livre de poche . Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

Chez Colette (3)

 

« Mon petit ours à grosses joues…

Fine-fine-fine chatte…

Mon pigeon bleu…

Démon couleur de perle…»

 

« Me-rrouin ». « R…rrouin… ».

Colette possède l’art du mot juste pour toucher nos sens. Elle nous fait entendre Saha, surgie de la végétation sous la main d’Alain, « comme si elle naissait à son appel. » Car Saha a boudé toute la soirée.

Là, inaltérant, Jacques Guigou (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 25 Juin 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Là, inaltérant, Jacques Guigou, l'Harmattan, février 2025, 64 pages, 10 €

 

"Parti de nuit

visage vent du large

le pélerin de l'inaltérant

trouve son viatique

dans chaque coquille" (p.46)

 

La recherche de l'inaltérable est un sentiment plutôt religieux (car quelque chose d'immuable nous semble avoir plus de chances de nous sauver une fois pour toutes), mais ce sentiment est étranger à l'auteur : notre "pélerin" est athée.

De l’ombre, Saïd Sayagh (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 24 Juin 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

De l’ombre, Saïd Sayagh, préf. Marc Wetzel, éd. bilingue français/arabe, éd. Mars-A, coll. Poésie sur tous les fronts, 94 p., 2025, 20 €

Il alla s’asseoir, dans le fauteuil, en face de la croisée, et il regarda la pièce où les rayons épars de la lampe perdaient, en se fondant dans la sombreur des coins, l’orange de leurs lueurs, [...]

Joris-Karl Huysmans, En ménage

Sombreur

De l’ombre est le recueil de Saïd Sayagh, dicté par téléphone à son épouse depuis son lit d’hôpital. Agrégé d’arabe, Saïd Sayagh, enseignant en poste à Montpellier, poète, calligraphe, romancier, a traduit de l’arabe Mahmoud Darwish, Salah Al Hamdani, Michel Eckhart-Elial, notamment. Si l’écrit permet une distance salvatrice, Saïd Sayagh est pris entre le Français, le Berbère, l’Arabe classique et l’Hébreu. Dans sa préface, Marc Wetzel note : « Les poèmes ici réunis, malgré leur sereine unité (d’expérience et de scansion), gardent quelque chose d’une anxiété centrale, car - lors de cette longue période de suspens de toute vitalité - la consolation de mourir n’a pas été trouvée ».

N’est pas là, Jean Marc Sourdillon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 24 Juin 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

N’est pas là, Jean Marc Sourdillon, éd. Gallimard, 95 p., 2025, 16 €

 

La déploration

Ce qui est constitutif dans ce recueil de poèmes de Jean Marc Sourdillon, c’est la relation entre une entité vivante et une entité morte, absente. Donc entre le poète et ceux dont il déplore la mort. Entre écrire et disparaître. Car en définitive, les absents forment des sortes de trouées, sortes d’espaces troués, de clignotements pour le poète. De syncopes. De moments alternatifs. Vide et plein, temps passé, temps présent et temps à venir. Tout cela parce que notre destin humain en passe par la déploration, consubstantielle au goût de vivre. L’absent est indispensable à cette écriture.

Par ta manière de t’adresser à lui, tu ouvres une brèche dans ton présent,

où tu ne vois rien, une béance où seule habite la voix.

N’est pas là a besoin de cette voix pour être là.

N’est pas là a besoin de toi pour t’apparaître

même si tu ne veux pas ou que tu n’as pas le temps pour ça.