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Les Livres

Patchwork, Christian Ducos (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mercredi, 04 Décembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Patchwork, Christian Ducos, Le Pauvre Songe Éditions, octobre 2024, 64 pages, 12 €

 

« Qu’adviendrait-il d’un oiseau en vol si par malheur il venait à prendre conscience de son état d’oiseau ? Il est probable que son vol s’en ressentirait gravement, la fine mécanique des plumes n’aurait plus la même précision, la même spontanéité d’action, d’adaptation au vent, le surplomb du gouffre durant le vol probablement se teinterait d’une sensation jusqu’alors inconnue de vertige. Expulsé de l’impensé, de l’incalculé, contraint à la pénétration brutale dans l’atmosphère de la conscience de soi, comment l’oiseau pourrait-il survivre à pareille violence ? Que resterait-il alors de la légèreté du vol, de l’innocence de l’envol ? Mais en irait-il autrement si à la place du mot oiseau on trouvait le mot poète, saint ou savant ? Comment la légèreté d’être, l’innocence créatrice pourraient-elles sans disparaître supporter pareille chute dans l’image de soi ? » (p.29).

L’Escalier de la rue de Seine, Fouad El-Etr (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Atelier Contemporain

L’Escalier de la rue de Seine, Fouad El-Etr, L’Atelier Contemporain, juin 2024, 280 pages, 25 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Roman picaresque ou mémoires d’un aventurier et esthète, L’Escalier de la rue de Seine nous entraîne dans le sillage d’une revue, La Délirante, « du beau nom d’un voilier qui croisait au large de Porquerolles » ; comme un encouragement à rompre les amarres « pour aller à contre-courant en quête de l’Absolu ». Fouad El-Etr, son fondateur en 1967, signe là un livre inspiré.

Pour ce poète et traducteur, né à Alexandrie en 1942 dans une famille libanaise, tout a véritablement commencé un « soir d’octobre 1965 […] nous passions rue de Seine, je dis à mon amie qui était au volant : “Freine, mais freine donc !” La coccinelle pila net. Je venais d’apercevoir, beau à couper le souffle, un dessin très noir dans une vitrine ».

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour, Les Provinciales, 2023, 62 pages, 12 €

 

À qui s’étonnerait ou s’indignerait de trouver sur un site comme La Cause littéraire le compte rendu d’un ouvrage consacré à un peintre, il serait facile de répondre que Diderot et Baudelaire, pour ne citer qu’eux, ont de longue date donné ses lettres de noblesse à la critique d’art, fut-ce en parlant d’artistes dont le nom ne survit que grâce à des écrivains.

On a dit de Mark Rothko (1903-1970) qu’il voulait rendre visible la shekina, la présence de Dieu qui se tenait dans le Saint des Saints du Temple. Rothko avait d’ailleurs été surnommé « le peintre-rabbin ». Cependant, il en va de lui comme de la plupart des peintres contemporains : des doutes sont permis quant à l’importance de son « coefficient personnel ».

Le secret de la danseuse, Michèle Hayat (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 02 Décembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Le secret de la danseuse, Michèle Hayat, L’Archipel, Ecriture, mai 2024, 176 pages, 19 €

 

Après avoir exploré l’enfance de Louis Armstrong dans La Trompette de Satchmo (2020), Michèle Hayat nous entraîne cette fois-ci dans sa Tunisie des années 1950, avec une finesse narrative qui mêle souvenirs personnels, suspense et fiction, rythmée par l’esthétique fluide et sans compassion de la danse. C’est l’histoire d’une profonde amitié entre Pia, douze ans, et Delphine, une beauté diaphane pleine de mystère. Pia se sent invisible aux yeux de sa mère, une femme oisive et frustrée. Pour rompre la solitude de sa fille, son père décide de l’inscrire à un cours de danse classique. C’est là que Pia rencontre Delphine, une camarade qui semble avoir tout ce qui lui manque : beauté, intelligence, espièglerie et un don inné pour la danse. Delphine, derrière son image d’enfant prodige, a une personnalité qui intrigue. « Si je n’avais pas la passion de la danse, je me consacrerais à la botanique. Je parlerais aux fleurs, mes histoires n’auraient pas de fin, pour qu’elles m’écoutent sans jamais se faner ». La jeunesse a toujours eu « l’intuition du temps et de la beauté », qui s’échappe mais qui s’exprime dans la légèreté de la danse.

Blancs-seings, Silvia Majerska (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Décembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Blancs-seings, Silvia Majerska, Gallimard, octobre 2024, 68 pages, 12,90 €

 

Fleurs imaginaires

Ce petit livre, en volume, de Silvia Majerska, détient un pouvoir expressif qui en passe notamment par la nomination de certaines fleurs, arbres, une flore sans considération de noblesse, grâce aux titres en latin de chaque poème, même si ce latin-là est élégant, raffiné, beau à lire. De cela, l’on peut conclure que cette référence au latin appuie le penchant de l’écrivaine vers une expression directe et sans ombre, une essence. Sa langue s’appuie sur ces mots latins comme pour se tenir serrée sur la haute marche du langage. Que cela soit la rose (rosa), le souci (bellis) ou encore le trèfle (trifolium), l’imaginaire de la planche botanique fonctionne comme elle le fait durant l’enfance, émerveillement et mystère des cartes et autres tableaux.

VITIS