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Les Livres

Oh, les filles !, Philippe Lacoche (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Décembre 2023. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Nouvelles

Oh, les filles !, Philippe Lacoche, éditions Héliopoles, octobre 2023, 176 pages, 17 €

 

Quel est ce fin renard pêcheur à la ligne illustré en première de couverture par Victoria Le Stunff, au bord de ce qui ressemble aux étangs de Commelles situés en Picardie, et qui paraît avec son air goguenard nous jeter un œil complice ? N’a-t-il pas l’allure de notre Marquis des Dessous chics alias Philippe Lacoche ou Ph. L., si admirateur de la gent féminine (filles, femmes, « héroïnes parfois ; seconds rôles, souvent ; simples profils… qu’importe ! ») et si féru de pêche à la ligne ?

Cette fois, le journaliste romancier et parolier, auteur d’une quarantaine de livres, nous invite à pousser la porte de nouvelles littéraires où ce sont bien les femmes qui tirent les ficelles des textes comme du destin des hommes qui les entourent. Se permettant d’emprunter ce titre, Oh, les filles !, à la célèbre chanson des Pingouins, œuvre d’Eddy Vartan et de Marty Robbins, immortalisée par le groupe

Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, Pierre Bost (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 04 Décembre 2023. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Gallimard

Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, Pierre Bost, Gallimard L’Imaginaire Poche, août 2016, 103 pages, 8 € Edition: Gallimard

 

L’adieu à l’écriture romanesque :

Lorsque ce roman de Pierre Bost fut publié par les Éditions Gallimard en 1945, cela faisait plus d’une dizaine d’années que l’écrivain n’avait pas écrit de roman et que depuis 1940, il se consacrait essentiellement à l’écriture de dialogues puis de scénarios pour le cinéma en collaboration à partir de 1943 avec Jean Aurenche. Pourtant il fut dans l’entre-deux guerres un romancier précoce – son premier roman, Hercule et mademoiselle, fut publié alors qu’il n’avait que vingt-trois ans – très apprécié de ses contemporains et fort remarqué de Gallimard dont il deviendra un lecteur de manuscrits. En écrivant Monsieur Ladmiral va bientôt mourir, Pierre Bost, à l’évidence, savait qu’il faisait ses adieux à la littérature et l’on ne peut lire cet ouvrage sans avoir en permanence à l’esprit qu’il s’agissait pour lui d’une sorte de petit testament littéraire, comme l’analyse et le souligne avec sagacité François Ouellet dans la revue littéraire Nuit blanche.

Matière des soirs, Philippe Leuckx (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Lundi, 04 Décembre 2023. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Matière des soirs, Philippe Leuckx, Éditions Le Coudrier, mars 2023, 70 pages, 18 € . Ecrivain(s): Philippe Leuckx Edition: Le Coudrier

De quoi est faite la « matière des soirs » ? À l’heure où le jour cède progressivement, mais si rapidement, la place à la nuit, à l’heure où les clartés finissantes, aussi belles que celles aperçues sur les photographies splendides de Philippe Colmant, persistent malgré elles dans ce puits qu’est l’horizon, le poète nous invite au partage de la mélancolie et de la solitude, dont ce moment singulier du crépuscule augmente l’intensité.

Qui suit-on ou que suit-on ? L’errement ou l’égarement du promeneur solitaire dans un milieu urbain, dans des perspectives de rues qui ont l’air tronquées : « les rues ne sont presque plus / des rubans de concorde » (p.19) ; « on a les mains trop grandes / pour ce si peu à cueillir / dans l’ombre » (p.20). Les pensées se dévident au rythme des circonvolutions du poète, qui ne semble entrevoir aucune quête en dernier lieu, si ce n’est celle, sans doute, de récolter un fond d’apaisement : « au loin une grive s’enivre / tout près l’enfant rêve / de vent léger » (p.17). Car il s’agit bien ici de pallier le manque : « Paysage grêlé de tombes et de visages / absents » (p.9) ; « Dans la maison / je cherche la présence / comme l’on monte les marches / pour trouver son rythme » (p.23).

Je voudrais leur demander pardon, mais ils ne sont plus là, Mikolaj Grynberg (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 01 Décembre 2023. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Actes Sud

Je voudrais leur demander pardon, mais ils ne sont plus là, Mikolaj Grynberg, Actes Sud, septembre 2023, trad. polonais, Margot Carlier, 175 pages, 19,50 € Edition: Actes Sud

 

Mikolaj Grynberg est l’auteur de plusieurs livres consacrés à l’héritage de la Shoah dans l’histoire polonaise et européenne, mais ils n’ont malheureusement pas été traduits en français. La traduction éditée par Actes Sud, de l’ouvrage intitulé Je voudrais leur demander pardon mais ils ne sont plus là, vient combler cette lacune. Le récit s’organise autour de témoignages confiés à l’auteur par des amis : ils ont tous en commun d’être juifs et relatent leurs expériences passées et présentes de leur vie en Pologne. Le mode d’expression générale employé est laconique, dénué de la moindre emphase. On pense parfois à la déposition à la barre d’un procès imaginaire d’une série de témoins. Chaque témoignage porte un titre, souvent très court, et ne dépasse jamais trois ou quatre pages. Ainsi, dans LE BAZAR, évoque-t-on la question d’être juif ou ne pas l’être. Après avoir passé en revue le poids des préjugés antisémites, l’impossibilité d’échapper à ses origines aux yeux des autres, l’auteur conclut avec une grande amertume : « Je pense que mieux vaut ne pas être juif. D’ailleurs, vous voyez bien que personne ne se presse pour le devenir. Non, il n’y a pas de file d’attente ».

Je t’aime jusqu’à la mort, Correspondance avec Jean Desbordes, 1925-1938, Jean Cocteau (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 01 Décembre 2023. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Je t’aime jusqu’à la mort, Correspondance avec Jean Desbordes, 1925-1938, Jean Cocteau, éditions Albin Michel, octobre 2023, 273 pages, 22,90 €

 

 

Sur une Correspondance

Lisez Je t’aime jusqu’à la mort, Correspondance de Cocteau avec Jean Desbordes, 1925-1938 ; ne lisez pas Le Glorieux et le Maudit d’Olivier Charneux, chroniqué dans cette revue il y a quelques mois ! Comme le souligne Marie-Jo Bonnet qui a rassemblé cette correspondance et qui la présente avec talent et érudition, la rencontre entre Cocteau et Desbordes a été autant érotique, au plein sens du mot, que littéraire. Le jeune homme de dix-neuf ans qui a écrit à Cocteau en 1925 pour lui exprimer son admiration après la parution du Grand Écart puis qui lui rend visite frappe l’auteur du Cap de Bonne-Espérance à la fois par sa beauté et par les textes qu’il lui soumet, que Cocteau contribuera plus tard à faire publier.