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Les Livres

Pas de larmes, Caroline Tiné (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 29 Avril 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Albin Michel, En Vitrine, Cette semaine

Pas de larmes, Caroline Tiné, Albin Michel, mars 2025, 288 pages, 20,90 € Edition: Albin Michel

 

« Le dernier chant au Père, qui n’écoutait jamais de musique, serait cet hymne magnifique au martyre de Jésus. Victoire est songeuse, elle n’a jamais été initiée à l’art, la culture ou la musique par le Père. Comme si la guerre d’Algérie avait occulté tout autre centre d’intérêt. Mais elle avait pris l’habitude d’aller errer au Louvre pour s’imprégner d’une infinie beauté ».

Pas de larmes est le roman d’un père, le Père disparu et donc retrouvé, sa stature, son élégance, ses mots, son histoire tumultueuse, irriguent ce roman, qui est aussi celui d’une terre aimée, qu’il a fallu quitter : l’Algérie. Ce roman est aussi l’histoire de Victoire, la fille aînée et préférée du Père, qui sera chargée de ramener ses cendres sur cette terre, qu’il a tant aimée. Pas de larmes nous conduit ainsi sur les traces d’une famille, dont le destin s’est étiré, jusqu’à casser, une famille éloignée de la guerre, qui va submerger l’Algérie, et l’irriguer de nostalgie.

Quand s’arrêtent les larmes, Jean-Noël Pancrazi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 29 Avril 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Gallimard

Quand s’arrêtent les larmes, Jean-Noël Pancrazi, Gallimard, Coll. Blanche ? mars 2025, 128 pages, 17 € Edition: Gallimard

 

Fidèle comme Bianciotti et de Ceccatty à une littérature de compassion, le romancier des Quartiers d’hiver renouvelle ici, en une prose très composée, proustienne, le miracle des récits attentifs aux siens. Jadis, ce fut pour rendre hommage à « Madame Arnoul » ou à sa mère « Renée Camps » ou encore à son éditrice si tôt disparue. Aujourd’hui, c’est à Isabelle, sa sœur, soignée pour un cancer que tout un livre est consacré.

C’est l’occasion pour lui de restituer les moments passés durant l’enfance algérienne avant l’exil pour la France et la région de Perpignan.

Des pans d’un passé très riche en souvenirs qui se mêlent à un présent préoccupant, où la maladie tient la plus grande place.

Lui-même, plusieurs années plus tôt, a été gravement malade et hospitalisé à Cognacq-Jay.

Tonnerres de Bresk, Bruno Krebs (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 29 Avril 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Bandes Dessinées

Tonnerres de Bresk, Bruno Krebs, L’Atelier Contemporain, avril 2025, 832 p. 28 €

« Si tendre enfance, n’en garde évidemment aucune trace. Ma mère m’a conté l’épisode un jour, très naïvement. J’avais six mois, tout au plus. Au pied du manoir où je suis né, il y avait une grève. Avec mon père, on avait pris place dans cette pirogue – capitaine au long cours, mon oncle l’avait ramenée d’Afrique. Ma mère me tenait dans ses bras, quand la pirogue sur une vague esquissant menue embardée, elle m’aurait lâché. À cet âge-là, on ne flotte pas : j’ai plongé comme une pierre. Mon père avait heureusement des réflexes, le bras long et la poigne solide. Il m’a ramené sain et sauf – juste ébahi, me confia ma mère en gloussant. Lui-même n’en a conservé aucun souvenir. Quant à moi, si j’ai toujours à la fois béni, aimé et respecté les vagues, mère si maladroite lui ai toujours voué légitime défiance » (p.161).

Cet extraordinaire livre est au moins trois choses : d’abord (et comme son titre l’indique) c’est un unanime et perpétuel juron. Voilà ce qu’analyse surtout ce qui suit. Mais c’est aussi une immense foire aux revenants, comme on n’en avait jamais visitée ou ne l’avait crue possible. Enfin, c’est une universelle irrésistible déploration, un maelström d’inventives apocalypses – mais qui serait avec cela impeccable et joyeuse caravane de recettes d’existence de justesse (le genre de joie qu’on éprouve à miraculeusement survivre à l’enfer qu’on ne cesse de déclencher !).

Textes retrouvés, Essais, portraits, articles, conférences, Jorge Luis Borges (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 28 Avril 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Gallimard, Anthologie

Textes retrouvés, Essais, portraits, articles, conférences, Jorge Luis Borges, Gallimard Du monde entier, décembre 2024, trad. espagnol (Argentine) Silvia Baron Supervielle, Gersende Camenen, 354 pages, 23,50 € Edition: Gallimard

 

Les nombreux et fervents amateurs de Borges savent tous que les deux volumes d’Œuvres complètes qui furent publiés à la Bibliothèque de la Pléiade ne méritaient pas leur titre. Ils furent le résultat d’une sélection opérée par Borges lui-même, trop heureux de « coudoyer » Montaigne dans la prestigieuse collection française.

Malgré sa cécité (ou à cause d’elle ?), Borges a beaucoup lu, conversé, écrit et dicté. Combien il est paradoxal que l’art si français de la conversation lettrée et familière ait connu cette reviviscence à l’autre bout du monde… Mais Borges déclarait que par une autre étrangeté, l’écrivain jugé comme le plus représentatif d’un pays – Shakespeare pour le Royaume-Uni, Dante pour l’Italie, Goethe pour l’Allemagne, … – était celui qui correspondait le moins à son caractère national.

David Bowie, L’homme qui venait d’ailleurs, Serge Féray (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 28 Avril 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, Le Mot et le Reste

David Bowie, L’homme qui venait d’ailleurs, Serge Féray, Le mot et le reste, février 25, 307 p. 24 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Peut-être eût-il fallu inverser titre et sous-titre de l’ouvrage, pour être au plus près de son contenu. Il ne s’agit pas ici d’une biographie sur la carrière musicale de David Jones, mais de montrer en quoi les différents types musicaux abordés par le musicien le prédisposaient à jouer dans L’homme qui venait d’ailleurs. Ceci étant, l’ouvrage n’omet pas pour autant la carrière musicale de David Bowie, détour indispensable pour la cohérence du texte.

Plus de trente pages sont consacrées à l’œuvre musicale de David Bowie, qui ont pour objet de montrer la surprenante diversité du chanteur. Sa fascination pour les masques – on pense bien évidemment à Ziggy Stardust « et l’éclair rouge et bleu qui déchire la nuit électrique » – l’ont conduit à privilégier différentes facettes de sa personnalité, laquelle est alors comme enfouie sous le mille feuilles de ses personnages. Bowie adolescent voulait faire du cinéma, et « Bowie a fait des films sur disques ». En effet, de nombreux albums sont des « concepts » conçus comme des œuvres, très souvent sombres quoi qu’on en dise.