Identification

Les Livres

Exister de vivre suivi de Bribes du dehors, Stéphane Juranics (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 26 Novembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Exister de vivre suivi de bribes du dehors, Stéphane Juranics, La Rumeur libre éditions, septembre 2025, 288 pages, 19 euros

 

Poète de la profondeur et ami du silence, doté d’un grand sens de l’observation, Stéphane Juranics, dans « Exister de vivre », affirme que « le seul sens de la vie est de chercher le sens de la vie ». Animé de cette quête, il se montre attentif à la beauté où qu’elle se trouve, là où elle se laisse cueillir. Nul besoin d’aller à l’autre bout du monde pour s’émerveiller du quotidien… Il suffit d’ouvrir son âme comme les volets d’une chambre, se laisser griser par « la houle des rideaux », par la rosée sur le corps de l’aimée, « humant l’éveil de la ville », par le « vertigineux miracle » d’un ciel étoilé.

Inlassablement, le poète « écoute ce qui ne s’entend pas », prenant ainsi « conscience de la vie jusqu'à ses moindres cellules », mais aussi, et c’est plus douloureux,  « jusqu'à ses moindres germinations de mort ».

Cette découverte s’accompagne parfois d’un sentiment de « terrifiante solitude », celle des « arbres que le vent rend seuls à jamais », mais elle est source d’inspiration, car « quelque chose nous appelle au-dehors et ne se pense qu'en nous ».

Livre plein pour maison vide (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 25 Novembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Laurent Mauvignier La maison vide éd de Minuit 744 pp 25 €

 

Un chef d’œuvre ! Oui. N’ayons pas peur du mot. Comme on le dit pour les Compagnons du Tour de France.

Laurent Mauvignier aura écrit, créé, modelé, sculpté, formé, dessiné, chantourné son chef d’œuvre.

Au moins quinze œuvres précèdent le chef d’œuvre comme autant d’étapes belles et puissantes, pas sublimes ! Loin d’eux, Ceux d’à côté, Tout mon amour, Seuls, Le lien, Dans la foule, Histoire de la nuit. La narration de quelques titres vaut déjà synopsis, non ? Ou voyage !

La maison vide n’est plus à défendre.

Le livre roule tout seul. Tout indique que les signaux de vente prouvent qu’il se lit de bouches lectrices à oreilles lectrices. Tout porte au Prix et c’est justice ! Tant ce livre est épais, balzacien, proustien, durassien (première époque), ou peut-être claudesimonien !

Trois éclipses, Etienne Allaix (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Mardi, 25 Novembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Trois éclipses, Etienne Allaix, Editions Rue Saint-Ambroise, collection « Suites », Mars 2025, 130 pages, ISBN 9782487294035, 14 euros.

 

Avec Trois éclipses, Étienne Allaix signe un triptyque original, constitué de trois nouvelles relativement étoffées (d’une trentaine ou quarantaine de pages chacune), qui ont en commun de mettre en scène des impostures.

La pièce inaugurale – et maitresse – du recueil est la nouvelle « Lynn » : guide touristique à Berlin, Lynn se perd lors d’une de ses visites avec son groupe, alors qu’elle est censée connaître la ville par cœur. Son égarement devient le moteur d’une fiction : pour sauver la face, elle invente les éléments de sa visite guidée. Et y prend un plaisir manifeste.

C’est de cette première imposture que découlent les deux autres nouvelles. Dans l’imagination fertile de Lynn prend vie le personnage de Sokine, peintre expressionniste raté du 19e siècle, qui connait lui aussi d’étranges moments d’« éclipse » de la raison. Puis celui de Rebecca, directrice de galerie d’art ayant acquis des toiles de Sokine, et qui s’éclipse elle aussi dans un ultime pied-de-nez au milieu berlinois de l’art contemporain.

Le Dinosaulyre, Guillaume Métayer suivi de l'Étymosaure (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Lundi, 24 Novembre 2025. , dans Les Livres, Ecriture, La Une CED

Le Dinosaulyre, Guillaume Métayer suivi de l'Étymosaure - Illustrations de Djohr - à partir de 7-8 ans - Les Belles Lettres, 96 pages, octobre 2025, 11 €

 

Livre en main, j'expliquais la catastrophe obscure ;

Qu'entre le Crétacé et le Paléocène,

Même si crocodile et tortue survécurent,

Sauropodes soudain ont dû quitter la scène :

 

"Un scoop sans journaliste, un drame sans sponsor.

L'extinction des Dinos, mais retiens ce prodige :

La fossilisation de ces titanosaures

Dont nos yeux dans le sol épousent le vertige.

Les Rues parallèles, Gérald Tenenbaum (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 24 Novembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les Rues parallèles, Gérald Tenenbaum, Cohen et Cohen, octobre 2025, 136 pages, 20 €.

 

On surprend en général les étudiants et les personnes qui n’ont guère réfléchi à ce qu’est la littérature (envisagée comme un champ spécifique de l’expérience humaine, voire comme une activité propre à l’humanité – la danse des abeilles est fascinante, mais aucune abeille n’a jamais dansé pour signaler un champ de fleur qui n’existerait pas) en leur disant qu’il est plus difficile de réussir une nouvelle qu’un roman. Ils voient dans cette affirmation une forme de paradoxe, ne s’arrêtant qu’à la quantité de temps et de travail requis (il est a priori plus long d’écrire un roman de cinq cents pages qu’une nouvelle de dix). Mais, même s’ils sont tous deux des représentants du genre narratif, roman et nouvelle obéissent à des lois différentes. Là où le roman peut se permettre de prendre son temps (faculté dont les romanciers abusent souvent) et de ne pas entrer dans le vif du sujet avant plusieurs dizaines de pages, ce qui constitue un bon moyen d’irriter les lecteurs, la nouvelle requiert dans son résultat rapidité, nerf et concentration. Ainsi s’explique en partie le fait que, si les maîtres du roman sont nombreux, ceux de la nouvelle se comptent sur les doigts de la main. On connaît la remarque de Claude Roy :