Protéiforme, polymorphe, sont les termes qui s’imposent d’emblée à la lecture de la nouvelle parution de Denis Donikian, « Ce livre fou de tous les extrêmes », écrit-il par ailleurs à propos de ce livre. Avant tout, c’est une écriture, des écritures pourrait-on dire, qu’on reconnaît aisément quand Donikian manie l’oxymore, la contradiction et surtout le paradoxe, ces constants va et vient comme pour ne pas se laisser enfermer dans une affirmation, quelle qu’elle soit. Ces figures de style, ces jeux de mots (il aurait écrit maux…) sont vraisemblablement la concrétude que vit chaque exilé, fût-il de la deuxième génération. Donikian est né en France, durant la seconde guerre mondiale de parents rescapés du génocide. S’il n’a pas connu l’exil, il en a, en revanche intériorisé les conditions par la double culture dont il est dépositaire.
Aphorismes, poèmes, textes littéraires, argumentaires bourrés de contradictions comme pour éveiller le lecteur assagi, l’électriser et le parachuter dans l’inconfort de questionnements qui disent essentiellement l’absurdité de vivre et le cadeau inestimable qu’offre pourtant la vie.