Cette rive, Pierre Maubé (par Philippe Leuckx)
Cette rive, Pierre Maubé, Les Cahiers d'Illador, 2025, 82 p., 16 euros.

Le poète consacre "Cette rive" aux prestiges de l'amour. Dans des poèmes classiques, vivement rythmés, le poète vouvoie l'aimée, effet de distance, à l'aune de " cette rive" qui marque l'absence, le temps écoulé, l'autre temps, celui des effusions, sans doute.
Les vers, que l'usage de l'anaphore assez souvent fluidifie, sont là, écrits pour que cet amour fini, honoré, transposé, récrit, puisse durer encore en poésie.
Ici, on rend hommage aux beautés perdues, où il s'agit de "chercher son chemin", où, devenus "aveugles" les amants "suivent/ le chemin de l'étoile".
Alors, le soir "venant", la nuit, il faut recréer la magie pour que "la lumière" revienne "à travers nous".
Le lyrisme, convoqué comme on se soigne d'un baume, élève l'aimée au rang des divines créatures : "Soeur lointaine, dame d'eau, / dame d'herbe souple sous le vent, / dame de frissons magnétiques".
Alors, les mots, le secret, le soir, "l'heure complice des chats", tout nourrit une mélancolie précieuse, que quelques proses bien enrubannées, détissent, légères, enveloppantes : "le souvenir de vous" ensorcelle le poète jusqu'au silence, que viennent briser les dernières pages.
L'écriture souveraine, l'ampleur des aveux, et l'écho en son lecteur, lui font aborder cette rive - nommée littérature.
Philippe Leuckx
Pierre Maubé, né en 1962, est un poète français, auteur de douze recueils. Citons : « Sel du temps », « La peau de l’ours », « Soir venant ».
Rédacteur dans la belle revue ARPA.
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