"Souffles" (in Liberté, Alger)
Nous sommes le peuple du partage. Le partage est l’essence, et le sens de la vie. On se partage le pays, son soleil, ses langues et son histoire. Du moins ce qu’il devrait être, ce qu’il fallait être ! Pour vivre ensemble, mais en différence, en multiplicité, en pluralité et en diversité, il faut que le partage soit une culture et un comportement. Afin que le partage prenne son goût, il faut accepter l’autre. S’accepter en présence de l’autre. On partage les souffles du corps, son feu et sa cendre, avec celle qu’on aime, afin de voir la vie autrement, belle et élevée. Les jours coulent dans le miel et dans la flamme. On partage le bonheur, même si le bonheur n’est qu’illusion, avec ceux frappés par le malheur. On partage le malheur, même si le malheur est une réalité, afin de vérifier la patience des autres, et la nôtre aussi. On partage le plaisir d’écrire avec le lecteur, afin de déguster la magie du mot et le spiritisme du verbe. Sans le partage, il n’existera ni l’envie de l’écriture, ni celle de la lecture.