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La Une CED

Propos sur Poèmes d'août de Maria Ângela Alvim

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 09 Avril 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

Quelques propos sur les Poèmes d’août, Maria Ângela Alvim, ed. Arfuyen, coll. Ombre, 2000, 14 €

 

Hymne aux choses abstraites

 

Comment expliquer le choix de livrer quelques mots sur ce livre paru en 2000 aux éditions Arfuyen, de la poétesse Maria Ângela Alvim, sinon, comme si l’idée des anges de la grâce – chère au cœur de Jean Tauler – pouvait s’appliquer au monde des livres. Car, je ne sais plus depuis quand ni pourquoi ce livre est dans ma bibliothèque, ni pourquoi encore une fois, je l’ai sorti du rayonnage, sinon par une vive nécessité – qu’expliquerait peut-être la mystique rhénane. Je dis « encore » mais il faudrait dire « à nouveau ». Comme quelque chose de non concret, de diffus, qu’il faut recommencer. Juste cette musique qui va l’amble de la musique des poèmes, tout à fait baignés de la lumière crépusculaire du suicide de Maria Ângela en 1959 à l’âge de trente-trois ans.

La maison de Salvatore

, le Mardi, 09 Avril 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

A Venise, toutes les maisons sont numérotées. Comme les Vénitiens ambitionnent, à juste titre, de se distinguer du monde entier, la numérotation qu’ils ont adoptée est incompréhensible pour les non-initiés. Et pas seulement pour eux, les autochtones s’y perdent aussi, il paraît que même les facteurs ne s’y retrouvent pas.

Toutes sont numérotées, sauf une qui s’élève dans la Calle del Forno (1).

C’est une petite rue qui doit son nom au four à pain qui s’y trouvait jadis ; elle est située dans le Sestier Dorsoduro, celui qui est au sud de Venise, au-delà du Grand Canal, et qui englobe l’île de la Giudecca. La Calle del Forno débouche sur le Campo San Margherita (2). Quant à l’unique maison vénitienne dont la façade est demeurée vierge de tout numéro, elle est très ancienne, inhabitée et sa décoration intérieure n’a jamais été achevée. Pourquoi ? C’est une vieille histoire qui remonte au 16è siècle.

La chair du théâtre - Mettre en scène Perplexe de Marius von Mayenburg

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 06 Avril 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers

 

Peu de gens en vérité lisent du théâtre, cette lecture semble réservée à des pratiques scolaires puis universitaires. Musset a écrit, un peu par dépit, des pièces « dans un fauteuil », destinées selon lui à la lecture. La postérité lui donna tort. Le théâtre est texte et chair. Et c’est justement cette confrontation intellectuelle et sensible qui fait sa grandeur, son essence. Le théâtre contemporain pose souvent de manière aigüe le passage de l’un à l’autre. Que pourra être l’incarnation de ce texte sur un plateau ? Comment jouer ça ?

Perplexe est une œuvre dont la réalisation scénique est affaire de théâtre. Les personnages sont des comédiens en devenir. La pièce a été d’abord créée en Allemagne par l’auteur. Il s’appuyait sur un principe particulier, à savoir celui de donner aux personnages les noms véritables de ses comédiens : Eva, Judith, Robert et Sebastian. Les prénoms du réel et de la fiction théâtrale se superposent. G. Chavassieux, lors de la création française, reprend ce système. Jeanne et François ; Antoine et Sophie, sont bien les membres du collectif ILDI ! ELDI. Toutefois la traduction apporte quelque chose de différent à la version originale, un éloignement de la germanité avec ces prénoms français.

52.dimanche (XII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 06 Avril 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

dimanche 18 mars 2012

 

épaisseur et transparence

1. opacité

oui, car écrire, en un sens, manque toujours son but, par son métier même qui est de faire valoir le réel

elle épaissit, par exemple, le moment de silence devant la fenêtre et le soleil de huit heures qui brille faiblement sur la ruelle humide

elle, l’écriture, rend épaisse cette ruelle, tout en la faisant exister, et me permet de déduire la beauté de ce moment, qui n’a de sens que par le destin complexe d’une phrase

Plein écran (2) - La grande bouffe, Marco Ferreri

Ecrit par Sophie Galabru , le Mercredi, 03 Avril 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Côté écrans

Inscrit au titre de grand classique du cinéma français, ce film de Marco Ferreri séduit d’autant plus qu’il réunit quatre des plus grands acteurs du XXe siècle ; Michel Piccoli – Les choses de la vie, Vincent François Paul et les autres, Milou en mai – Marcello Mastroianni – Huit et demi, La dolce vita, Divorce à l’italienne –, Ugo Tognazzi – La tragédie d’un homme ridicule, La cage aux folles, L’amour à la ville Philippe Noiret – Le vieux fusil, Le juge et l’assassin, La vie et rien d’autre.

Le film n’a pas la prétention des grandes histoires : pas d’action principale, ni d’intrigue, ni de suspens : ces quatre amis se réunissent le temps weekend, ou plus si la jouissance de la mort l’exige, afin de se délecter sans limite de tout ce que la vie peut réserver de meilleur : sexe, amitié, luxe, rencontres impromptues, et surtout grande bouffe. L’idée n’est pas de jouir mais de mourir : s’empiffrer plus que déguster, mourir plus que bien vivre, se séparer plus que se réunir. C’est toute la problématique d’un film qu’on pourrait dire vouloir simplement choquer. Comment la vie dans son excès conduit à la mort ? Comment le trop plein du jouir n’est que l’autre versant du mourir ? Pourquoi vie et mort n’ont pas de frontière ? En quoi la surconsommation contemporaine, capitaliste, occidentale semble accompagner voire porter ce plaisir nihiliste et mortifère ? Ce qui choque n’est-ce pas davantage que le plaisir puisse dissimuler l’envie de mourir ? Que le plaisir ne soit pas la fin mais le moyen d’une fin plus ultime : la mort ?