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La Une CED

Aucun signe particulier, Bernard Vargaftig

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 05 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

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Il est difficile parfois d’écrire sur une espèce littéraire qui n’est pas très pratiquée par celui qui écrit et, je dois dire, que le livre de Bernard Vargaftig se prête très bien à cet exercice. Ce livre de 2007, publié chez Obsidiane, réunit sept récits de l’enfance, et il va bien dans mon monde. Car, ces sept récits qui tissent entre eux des liens, et racontent une histoire, la biographie personnelle de l’auteur, petit garçon juif réfugié en Limousin durant la guerre, hanté par des identités nationales complexes, et poète qui regarde vers Homère, vers la langue grecque d’Homère, bousculé par des impressions de langage fortes et vives, ne sont pas simplement que romanesques.

Nécessité de lire la poésie contemporaine ... (5/5)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 05 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

Ou de l’importance des sites Internet la faisant exister

 

 

Est-ce qu’écrire, après avoir fait l’apprentissage du désapprendre fondamental qui est seul à même de permettre l’érection de la singularité d’une voix (ou de voix multiples, toute voix étant la réunion possible d’une multiplicité de voix), c’est aussi, ensuite, désapprendre le désapprentissage qui s’est révélé comme un apprentissage – puisque désapprendre se révèle aussi constructeur, bon an mal an, de figures et de schèmes ?

Aussi, écrire ne peut-il se concevoir, un désapprendre devant être suivi de mille autres, que comme une geste incessante ? La geste incessante du vivre, puisqu’écrire, c’est d’abord faire l’expérience du désir ? Et l’expérience du désir, est-ce toujours faire l’expérience de son insatisfaction ?

Escapades (2) - A serious man, Coen Bros

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 04 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières, Côté écrans

 

Une fois n’est pas coutume : le format télévision, même « grand écran plat », convient très bien à « A serious man » de Joel et Etan Coen. Je ne sais pas, sûrement le côté « journal intime » du film qui sied bien à mon salon. En tout cas, ce fut un vrai bonheur de revoir le dernier « Cbrothers ».

 

Il paraît que quelques Juifs se sont agacés devant ce film. Je comprends que certains, habitués au « culturellement correct », puissent s’offusquer devant une telle « déconstruction ». Une telle rupture avec le pathos traditionnel des films du genre « humour juif » a de quoi surprendre, déconcerter, voire irriter. Pas une trace de folklore juif américain du début à la fin. On est formé à Woody Allen, avec ses figures archétypiques et sympas : l’intello new-yorkais, l’écrivain qui se cherche, l’artiste égocentrique, le psychanalyste rongé d’angoisse, l’hypochondriaque agité, la mère abusive, le père paumé. Bref, la galerie de figures-types, qui font rire, qui attachent. Avec ce film des frères Coen, rien de ce genre.

A commencer par le choix des acteurs. Pas un visage connu, pas un visage séduisant.

Art de consommer - 18

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 04 Janvier 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

Jeannot s’interrompt pour répondre à un doigt levé.


Il fallait, dans la séduction, faire preuve de tact, c’est-à-dire ne montrer aucune marque de désir, car le désir s’exprime, chez les hommes, avec une certaine agressivité. L’agressivité fait fuir.


Il organisait, chez lui, des soirées où il « enseignait l’art de l’approche, puisque c’est le seul art avec les filles. Ce sont elles qui cherchent ensuite à ce que les choses durent ». On s’y précipitait. Ce n’étaient, sur quatre rangées, (on s’asseyait par terre), que garçons boutonneux à lunettes, aux vêtements mal assortis, aux chaussures à bouts ronds, aux montres mémorisant tous les fuseaux horaires et chronométrant au millième de secondes près. Ses amis ne venaient jamais, ils avaient autre chose à faire. Il faisait payer l’entrée dix euros. Il ne distribuait aucun flyer. Le bouche-à-oreille fonctionnait à merveille.

Parfois, une fille venait, visiblement mécontente. Se tenait debout, bras croisés, dans un coin, et Jeannot ne la quittait, pendant toute la durée de son intervention, pas un instant du regard. Il ne la regardait dans les yeux que quelques fois, à des moments qu’il choisissait en fonction des mots qu’il prononçait, se contentant le reste du temps de la garder dans son champ de vision.

Nécessité de lire la poésie contemporaine ... (4/5)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 17 Décembre 2012. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

Ou de l’importance des sites Internet la faisant exister

 

 

La poésie contemporaine ne présente pas le quotidien tel qu’il peut survenir tout au long de la vie humaine avec ses thèmes invariables mais la jonction profonde entre l’homme et celui-ci (ou plutôt la dénaturation de cette jonction qui est seule jonction possible, autrement dit une anti-jonction qui est seule jonction possiblement exprimée en accord avec une sincérité profonde de l’homme plongé au sein de l’Histoire – de tout homme en somme – et ne se tenant pas dans une posture d’aveuglement), au travers de ses interrogations, de ses inquiétudes, de sa quête angoissée de sens, lesquelles trouvent la forme d’une interrogation constante sur la langue et la forme, la langue et la forme devenant véritablement cette interrogation, son cours, ses méandres, ses frémissements, cette interrogation qui se poursuit inlassablement, cherchant à se figer sous une posture qui lui permettrait d’être dans la vérité d’une apparition : d’une apparition, c’est-à-dire d’un apparaître qui soit constant et structuré.