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La Une CED

Tombouctou, Tombouctou, Tombouctou !

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 10 Juillet 2012. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

Souffles ...

 

Ces jours-ci, elle est triste, Tombouctou ! Sous les cris Allah Akbar, les inquisiteurs fanatiques débarquent ! Ils démolissent la mémoire de l’âme. Cassent l’encrier humain ! Nous hommes de lettres, communauté de lecteurs, qui parmi nous, au moins une fois dans sa vie, n’a pas entendu parler de Tombouctou. Qui parmi nous n’a pas lu un petit quelque chose sur Tombouctou, la cité immortelle. Mémorial. Tatouage ! Je parle de notre Tombouctou qui n’a aucun rapport avec une autre “Tombouctou”, celle qui n’est que titre exotique d’un roman sur les chiens, j’aime les chiens, écrit par le célèbre écrivain américain Paul Auster, publié en 1999. Tombouctou, dans la mémoire universelle, est le carrefour des civilisations. Elles débarquaient sur le lieu enfourchant les dos des chameaux ou ceux des chevaux. Elle symbolise le plus grand centre des manuscrits qu’a connu l’histoire de l’humanité. Tous les alcoolivres du monde, des siècles successifs, ont rêvé de franchir les portes magiques de cette ville mystérieuse. Franchir les portes du savoir. Les savoirs ! Tombouctou est une ville ne ressemblant qu’à elle-même, qu’à son miroir ! Unique ! Les pieds dans le sable chaud et prophétique, Tombouctou dormait et se réveillait sur les secrets des trésors impérissables de l’humanité.

La fille aux tongs (2)

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 10 Juillet 2012. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Les tongs du peintre s’enrubannent. Fils d’Ariane.

 

La fille ignore de l’autre côté du triptyque, l’homme nu qui sans pied, joue au foot, en regardant le large, devant lui. Que de gens se croisent sur La Riviera, dans les salles du musée où je suis, de tableau en tableau ! J’ai envie de m’asseoir sur une large banquette de moleskine pour entrer dans la scène balnéaire. C’est bien elle, je reconnais l’étoffe rouge aux arabesques blanches. Pourquoi ne pas hanter toutes les œuvres du peintre dont j’aime le si joli nom des grands champs ? Un écran de cinéma, peut-être. Il y a tant de scènes de plage, de grève dans les films ; les amants s’y retrouvent à la nuit tombante, les héroïnes assassinées roulent dans le ressac.

La fille aux tongs (1)

Ecrit par Marie du Crest , le Dimanche, 08 Juillet 2012. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Les tongs du peintre s’enrubannent. Fils d’Ariane.

 

Les tableaux n’ont pas de titre. UNTITLED. La contemplation est libre. Je regarde toutes les filles du tableau. Elles aussi me regardent ; ou elles tournent le dos. Il y a la fille blonde au corps solide, aux poils pubiens blonds. Elle vient à moi dans un champ. Elle porte des tongs rouges, incongrues. La chaussure légère du trait de pinceau. Sandale antique en plastique. Seule parure, seul vêtement du corps. Son pied gauche est légèrement soulevé. Comment un peintre peut-il faire croire au mouvement sur la toile immobile ? Ces filles-là sont sculpturales, sportives. La fille aux cheveux noirs, de profil, me montre son téton gauche. Ses tongs noires, l’une abandonnée derrière son pied gauche et l’autre dessinant son pied droit. Elle avance dans le déséquilibre de son corps dans un décor végétal et minéral. Les tongs, nous les portons à la plage, les tongs que tous les gens pauvres de la planète portent.

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Portrait rouge - A propos de Roger Munier, Vision

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Juillet 2012. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

Vision, Roger Munier, Editions Arfuyen, 2012, 80 p. 8,50 €

 

Il n’est pas nécessaire [...] de regarder l’analyse comme un exercice en soi, long, fastidieux, détaillé, rationnel. Car l’analyse n’est pas forcément cette approche globale, cette saisie totale et absolue qu’elle se donne souvent pour but. L’analyse peut être courte, fulgurante, intuitive. Elle n’a pas besoin de porter sur l’ensemble d’une œuvre pour être déterminante. Elle peut s’accrocher immédiatement à un détail apparemment secondaire ; elle est parfois le fait d’une rencontre inspirée, surprenante.

Pierre Boulez

 

J’admire Vision, le dernier livre de Roger Munier, car son idée du vide me touche beaucoup. À cause de cette vie provinciale que je mène ici actuellement où un simple oiseau dans l’écho de la rue, ou le bruit régulier du réveil dans le silence ouaté de la maison, l’odeur de pêche mûre, signalent que quelque chose passe en soulignant que cela disparaît et fait place au vide, à l’éclipse.

Salut à André Malraux (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Samedi, 30 Juin 2012. , dans La Une CED, Les Chroniques

La lecture de Malraux n’est guère à la mode. Ce n’est pas à l’honneur des temps présents.

A priori on n’avait rien en commun, ni la génération, ni les choix politiques ultimes, ni le flou théorique qui semble surnager d’une vie, et d’une œuvre, uniques en leur genre. C’est-à-dire que, la reconnaissance de son lieu, il va s’agir de l’entendre en termes de salut symbolique, n’y participant pas idéologiquement. C’est de ne pas en être qu’on ne le jugera pas, mais qu’on fera signe ici, signe écrit, qu’on l’a reconnu tenir son discours dans ce lieu particulier et précieux de la jonction entre nature humaine et culture. Ce lieu qu’on nomme progrès, malgré les régressions particulières qu’il dissimule souvent, ou civilisation. Signe de reconnaissance donc à André Malraux.

Ecrivain français. 1901-1976. Bon. Mais qui Malraux ? Celui dont il se dit, avec insistance, qu’il était « engagé » ? L’engagement ça fait équivoque. C’est suspect, et à juste titre. On soupçonne « l’engagé » de ne s’engager qu’à trouver accueil à son symptôme. S’en-gager, ou se donner en gage de sa propre bonne volonté, comme signifiant destiné à se dédommager de l’angoisse de vivre, et de mourir ; et de sa culpabilité. S’engager dans la cage aux fauves ou s’enCager. Du moment que c’est avec du monde, ça fait sens, dans un quadrille universel, ou une escadrille « internationale ». Bonne conscience pas trop chère, les « affreux » en font autant, contre monnaie sonnante et trébuchante.