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La Une CED

Le pertuis, quelques propos sur "Consens à n'être rien", Marie de la Trinité

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 21 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers

 

"Consens à n'être rien" Carnets 1936-1942

de Marie de la Trinité, ed. Arfuyen, 2002, 15 euros

 

Comment écrire quelques mots sur ce livre, qui est dans ma bibliothèque depuis plusieurs années, et qui, à mon sens, est de la même importance pour la vie de l'esprit que les écrits de Maître Eckhart, pour la langue française. Il n'est pas inutile, d'ailleurs, que je parle de la langue française car, la question de la langue est très importante ici. En effet ces carnets sont en quelque sorte un livre de dialogue, en même temps qu'une interrogation intérieure. Car Marie de la Trinité est une mystique complexe et très particulière par la manière dont elle aborde le divin, puisqu'il lui prête parole, et la transmet avec une langue concise et nette. On peut dire qu'il est difficile de qualifier avec une grande science ces apophtegmes, dans la mesure où la femme, dans cette communication extatique, converse directement avec le divin et les puissances de verbe.

52.dimanche (Au lecteur et I)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 19 Janvier 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis, Création poétique

 

au lecteur. Dimanche 30 décembre 2012

 

puisque j’ai achevé cette longue série d’épitres du dimanche – commencée le dimanche 1er janvier 2012 –, laissez-moi le dernier plaisir d’écrire juste quelques lignes, saisies directement sur la page – et non pas avec un brouillon manuscrit –, pour vous dire que c’est la pratique d’écrire qui importe et qui est supérieure – à l’écrivain ici en l’occurrence

donc, art libéral pour un homme libre – selon l’ancienne terminologie

j’ai fait patiemment de chaque dimanche un lieu recueilli, dans un travail d’abnégation bien difficile au fur et à mesure que les semaines avançaient, mais qui me redonnait une espèce de sens intérieur, de guidage dans l’an qui s’écoulait

donc, le dimanche je voulais méditer, et faire partager mon impression affranchie, conduit simplement à me faire toucher par l’instant

Carnets d'un fou - XIX

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 15 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Le 8 janvier 2013

 

Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

 

Elles [les prostituées] ressemblent au critique littéraire d’aujourd’hui, qui, sous quelques rapports, peut leur être comparé, et qui arrive à une profonde insouciance des formules d’art : il a tant lu d’ouvrages, il en voit tant passer, il s’est tant accoutumé aux pages écrites, il a subi tant de dénouements, il a vu tant de drames, il a tant fait d’articles sans dire ce qu’il pensait, en trahissant si souvent la cause de l’art en faveur de ses amitiés et de ses inimitiés, qu’il arrive au dégoût de toute chose et continue néanmoins à juger.

Balzac, Splendeurs & misères des courtisanes, I

Pendant qu'il neige : le secret de la chronique

Ecrit par Kamel Daoud , le Lundi, 14 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« C'est comme un chien dans ma tête : il aboie et j'écris. Sauf que ce n'est pas si simple. Il me semble que c'est moi qui suis au bout de sa laisse, qu'il me promène parfois durant une demi-heure par jour, me laisse gambader dans son univers puis me ramène vers mon angle mort qui est ma vie de tous les jours. Je m'explique donc : c'est un chien immense, composé d'étoiles dans une obscure nuit qui lui sert de peau sans fond. Il aboie en Alphabet et j'écris. Parfois bien, parfois mal, quand il va trop vite et que ne me restent que des bouts de phrases. Il est grand, le chien noir qui m'enjambe pour aller boire, à l'autre bout du monde, son eau et revenir. C'est comme ça que je peux décrire les choses qui se passent dans ma tête. Car dehors, pour ceux qui me voient de dehors, il ne se passe rien. Je suis penché sur un gros cahier plein de ratures, devant un micro, en train de tabasser un clavier et j'écris sans cesse, sans cesse et toujours. Un scribe dans un journal où je suis payé au mois pour faire semblant d'être courageux.

André Kertész et Ludovic Degroote : le geste impossible du souvenir

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 11 Janvier 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

 

A l’occasion de la parution de Monologue de Ludovic Degroote aux éditions Champ Vallon, collection Recueil, octobre 2012, 97 pages, 11,50 €

 

Octobre 1977. Le photographe André Kertész perd sa femme Élisabeth, qu’il a rencontrée près de soixante ans auparavant. Il va faire l’utilisation du Polaroid SX-70, explorant « les possibilités intimistes offertes par ce procédé novateur, très éloigné de la pratique classique : petit format carré (8 x 8 cm), en couleurs, développement immédiat et production d’une vue unique, sans négatif », comme le soulignent Annie-Laure Wanaverbecq et Michel Frizot.

Parallèlement, il découvre dans une vitrine un buste en verre qui l’intrigue. Suite à trois mois d’hésitation, il l’achète.