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La Une CED

Raymond Chandler, Los Angeles

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 16 Juillet 2013. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières

Si vous passez un jour par Santa Monica sur le chemin de L.A. International, vous vous retrouverez sûrement à regarder l'endroit en vous demandant pourquoi, alors que vous n'êtes jamais venu là auparavant, il vous semble si familier. Et puis vous comprendrez : c'est là que Philip Marlowe prend son bateau-taxi dans "Farewell, My Lovely" (Adieu ma jolie). Votre sensation de « déjà vu » vient du fait que vous avez vraiment déjà vu ce lieu, à travers le regard de Raymond Chandler.

Aucun écrivain n'a évoqué autant la Californie urbaine du Sud que Raymond Chandler. Ce qui est paradoxal, parce que Chandler, en même temps qu'il créait un lieu durable de mythe et de nostalgie, haïssait L.A. On peut légitimement se demander comment un homme qui disait hautement son désamour de cette ville a pu avec génie, s'identifier à elle au point de contribuer largement à sa légende. A leur légende à tous deux, car si L.A. a « fait » Chandler, Chandler a une belle part dans l'image mythique de L.A. Pas seulement par les déambulations désabusées de Philip Marlowe dans ses rues, mais aussi par les myriades d'« héritiers » de Marlowe, plus ou moins déguisés mais toujours reconnaissables. Dans cette ville qui se renouvelle constamment, sans jamais changer vraiment, Chandler a créé un genre étonnamment adaptable qui continue d'évoluer.

Le Groupe des Huit, Judith Louise Thibault

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 16 Juillet 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Documents

Le groupe des huit, Judith Louise Thibault, anthologie poésie, éditions du Noroît Le Taillis Pré

L’entreprise éditoriale de Judith Louise Thibault constitue un défi d’écriture des plus périlleux. Plus précisément un double défi, donc un double péril.

D’abord l’aventure de l’anthologie, avec ce qu’elle suppose de recherches minutieuses et surtout de choix, éminemment subjectifs, par définition contestables. Les choix de Judith sont ici constitués de 8 rencontres que la vie lui a offertes, à travers sa pratique de professeur de français au collège John-Abbott, où elle a rencontré en particulier deux des « 8 » : David Solway et Peter Van Toorn, qui lui ont servi » de « guides » vers les autres. Ainsi est né un « groupe », une « famille » de 8 poètes, dont le seul lien réel est…Judith Louise Thibault ! Plus exactement la passion de Judith pour ces ciseleurs de la langue anglaise, tous étincelants, tous différents.


Stéphanie BOLSTER, profondément inscrite dans la modernité, sans cesse capable de jongler avec les registres de langue, du lyrisme au parler des rues. Femme jusqu’au bout des doigts, jusqu’au bout des mots, jusqu’à l’extrémité du sens (The Alice poems)

52.dimanche (XXV)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 13 Juillet 2013. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis

 

l’absence

c’est parmi mes lectures de cette semaine que j’ai trouvé le thème de la lettre d’aujourd’hui

d’ailleurs, il y a longtemps que je suis intéressé par la théologie négative, c’est-à-dire, par la complexité aristotélicienne de la chose créée, comme cette fameuse statue sortie du bloc de marbre qui doit sa forme à ce qu’il lui a été retiré

donc, l’absence

dans un sens large, ce qui manque, ce qui manque par exemple dans la crise d’angoisse ou dans le surcroît émotif de l’alacrité

dans un sens strict, la chose qui est négative, l’énigme de vivre, la mort

Entretien avec Bénédicte Heim

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 10 Juillet 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

« Vivre, aimer, créer sont au présent. Et il n’y a rien d’autre ».

 

Matthieu Gosztola : Une voix, des voix. Une polyphonie. La maison du livre : maison de personnes tenues ensemble ?

 

Bénédicte Heim : Il n’y a pas de maison, ni du livre ni autrement. La maison, c’est la clôture, l’enfermement sans horizon, l’asphyxie. Donc pas de maison mais un foyer, ouvert, et des voix, oui, qui, depuis ce centre-là, fusent, se croisent, se percutent, s’éprouvent, se répondent, se façonnent mutuellement. Ce sont des personnes, en effet, ou plutôt des personnes en devenir, des voix qui s’essayent, se cognent les unes aux autres et tentent, au travers de la confrontation, du heurt à l’altérité, de se dégager, de se distinguer, d’accéder à l’état de personne entière, inaliénable.

A propos d'une image photographique - Le feu de Bernard Faucon

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 09 Juillet 2013. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

 

À propos d’une image photographique Le Feu de Bernard Faucon, tirage cibachrome, 31x31, appartenant au FRAC Limousin

 

Le Feu ou Les Troubles de la représentation

 

Il y a plusieurs semaines que j’ai acquis le catalogue d’une exposition de photographie, remontant à l’été 1986, dont une photo en particulier m’a impressionné. En l’occurrence une photo de la série Le Feu de Bernard Faucon, photographe que je connais depuis très longtemps par l’intermédiaire d’une série d’images qui mettaient en scène des enfants et des petits mannequins de vitrine. J’ai suivi Bernard Faucon un peu plus loin dans son travail quand il photographiait des chambres où brûlaient des feux déjà, qui, si je ne me trompe, avaient été publiées par les éditions William Blake.