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La Une CED

Je marche

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 16 Juin 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

(récit-poème marché/compté à voix haute)

 

Je marche dans la transparence

dans le vide de rien & de l’évanescence /

Dans le pas trotté des chevaux

où se débrident /

encore aphones /

les rênes de l’aube

Avec Lacan

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 12 Juin 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

J’ai évité de justesse d’intituler cette chronique « Jacques là quand ? », par un calembour digne de l’almanach Vermot, ou, pour être d’emblée dans le propos, digne de Jacques Lacan. Pour vous donner quelque idée de la passion de Lacan pour le calembour, je ne citerai que l’intitulé de deux de ses derniers séminaires de l’ancienne fac de droit : « Les non-dupes errent », « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile a mourre ». Dans le cas du second, nous sommes encore un certain nombre à nous demander comment le « déconstruire » (ça joue sur Unbewusste = inconscient chez Freud). C’est que parfois, ce goût du Maître pour le jeu de mots nous mettait sacrément dans l’embarras. Un souvenir précis : Lacan dit, lors d’une rencontre, « De préférer, somme toute, à la trique la bonace ». On prend des notes frénétiquement. « Eh ! comment tu écris bonace ? 2 ss ou c ? » « bonasse » (simple, sans malice, peu d’esprit) ou « bonace » (mer calme, par exemple dans un port) ? Un autre : Le séminaire de 75-76 s’intitulait le « Sinthome ». On a passé l’année à se demander, chaque fois qu’il prononçait le mot, s’il s’agissait du sinthome ou du symptôme.

Michel Foucault : l’« Aide au retournement salutaire »

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 10 Juin 2014. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

« C’était mai 1968 sauvé ». C’est en ces termes que Christian Revon, ancien religieux devenu avocat, qualifie M. Foucault lorsqu’il parle du personnage, de sa vie, de son action et de l’effet de sa pensée sur sa pratique professionnelle et sa vie quotidienne, dans le texte intitulé Michel Foucault vivant, publié dans l’ouvrage collectif que les éditions de l’Herne ont consacré au philosophe (1).

Hommage ! Reconnaissance ! Admiration ! Car C. Revon avoue avoir été fasciné par la personnalité de M. Foucault, par sa pensée et par-dessus tout par « la marge qu’il entretenait avec la norme et par sa capacité à l’action, sa volonté d’agir, sa liberté […], son homosexualité, sa volonté audacieuse de vivre sa vie sans concession, sans compromis ».

C’est en 1975 que C. Revon a lu Surveiller et punir (2). Cette lecture est intervenue dans un contexte bien particulier dans la trajectoire biographique de l’auteur. Sur le plan personnel, il vivait une situation de désarroi car il acceptait mal le fait d’avoir quitté l’univers religieux. Selon son témoignage, ce livre a « bousculé, inspiré, inquiété » sa vie personnelle notamment professionnelle. A cette époque, C. Revon faisait ses débuts dans la profession d’avocat.

Le pays du lieutenant Schreiber d'Andreï Makine

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 06 Juin 2014. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

Le pays du lieutenant Schreiber, Andreï Makine, éd. Grasset, janvier 2014, 220 pages, 17 €

La vie est une ronde, écrivait Schnitzler.


Cette fois, je vais oser le « Je ». Ce sera moins un compte-rendu que le récit des conditions d’une lecture.

Ce soir-là, Andréï Makine est l’invité de la librairie, juste en face de chez moi. Il présente son dernier roman, Le pays du lieutenant Schreiber. Je connais de lui Le testament français. Je l’ai acheté quand il est paru en 1995 et a reçu le prix Goncourt, le prix Médicis et le prix Goncourt des Lycéens.

Ce livre m’avait bouleversée. Je décide de venir à cette rencontre. J’arrive en avance, l’auteur est déjà là et parle à la libraire qui me connaît bien. Un homme très grand, beaucoup de prestance, une élégance discrète. La libraire me présente. Nous nous serrons la main et nous nous disons bonjour. Je suis d’emblée séduite par son accent qui me ramène au temps de ma jeunesse et des Chœurs de l’Armée Rouge et de l’enthousiasme de ma famille pour le communisme puis leur éloignement en 1956, lors de l’intervention russe en Hongrie, pays d’origine de ma mère, après laquelle nous recevrons une grande partie des jeunes de sa famille qui s’exileront. La rencontre s’arrêtera là.

Ecrire, c’est tuant !

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 05 Juin 2014. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Ecrire. Comme des milliers d’autres, ils en rêvent. Ecrire et pouvoir ne faire que ça. Pouvoir répondre à la question du pourquoi on écrit par cette réponse lapidaire de Beckett, « bon qu’à ça ». Ecrire. Oui mais quoi ? Et à quoi bon ? Des milliers de livres publiés chaque année. Et pour un publié, combien de recalés, de refusés… Et dans ceux qui arrivent dans les librairies, combien oubliés, inaperçus qui partent au pilon avant peu ?

Certains tentent aujourd’hui leur chance sur internet. Leur chance ! Pour mettre leurs phrases et leurs lignes en ligne, c’est d’une facilité ! Et puis… Et puis rien.

Rien parce qu’au delà de la pulsion il y a la chute. Parce qu’au delà du mirage il y a le sable, jusqu’au bout des horizons les plus improbables.